L’Europe des 33

Macron à Bratislava avec le président tchèque
(Photo AFP)

À Bratislava, Emmanuel Macron, jusqu’à présent hostile à un élargissement de l’Europe, a envisagé une Union en cercles concentriques qui s’ouvrirait à quelques pays demandeurs d’adhésion. L’élargissement de l’UE ne sera pas une tâche facile. 

L’AGRESSION de l’Ukraine par la Russie a augmenté l’appétit d’Europe, seul système capable d’éloigner l’envahisseur. La prudence qui, naguère, recommandait aux États-membres d’achever l’intégration des plus récents adhérents avant de permettre à d’autres candidats de négocier, n’est plus de mise : le cas de l’Ukraine doit être examiné d’urgence : la Moldavie fournit des efforts importants pour acquérir les critères permettant  l’adhésion; la Turquie, toujours agitée, tempête tout en réclamant un statut qui l’autoriserait à avoir un pied dans l’Europe et un autre en dehors. Il y a tout un travail à accomplir pour mettre un peu d’ordre et de justice dans un climat tendu.

Trois cercles concentriques.

On voit bien ce qui est en jeu : une zone euro, noyau dur de l’intégration, une zone Union et une troisième zone avec des pays qui auraient un contrat de transition et parmi lesquels il y aurait l’Ukraine. Si la gouvernance est l’art de saisir les occasions historiques quand elles apparaissent, Macron est l’homme de la situation : il craignait un  élargissement trop rapide,  la guerre en Ukraine l’oblige, comme tous ses partenaires, à examiner le cas de quelques pays européens dans l’urgence.

Tour de Babel.

Nous ne pouvons pas signer des contrats avec des nations qui n’observent, à l’heure qu’il est, aucun des critères de Maastricht. Il en va de la signification même du mouvement d’intégration. Nous avons déjà montré que l’Europe, tour de Babel, se construit malgré la multiplicité des langues, des religions, des ethnies. Et nous-mêmes Français, devons retrouver la discipline d’avant Covid si nous voulons jouer un rôle utile dans l’élargissement.

OTAN, une arrière-pensée.

La plupart des pays européens jouent l’intégration dans l’Union, mais ne sont pas mécontents de bénéficier du parapluie américain. Il ne faut pas que l’espoir européen épouvante les Russes qui, déjà, se croient menacés par l’Occident dans son ensemble. Poutine ne se rend pas compte que, s’il renonçait à son illibéralisme, les Russes bénéficiant d’un accord avec l’UE, son pays serait heureux. L’avantage de l’Europe unie,  c’est qu’elle conquiert less cœurs, pas les territoires, qu’elle séduit, sans brutaliser personne, qu’elle attache sans user de la force.

Méfions-nous des « bonnes idées ».

Macron a raison de changer d’avis quand le monde est secoué par des crises sans précédent. C’est la marque de la flexibilité de son esprit et, de ce point de vue, Poutine devrait l’imiter au lieu de s’enfermer dans une doctrine largement périmée. Il suffit de comprendre que l’intégration européennee est une bonne chose, quoi qu’en pensent les Britanniques qui souffrent pourtant de l’avoir quittée. Comme la Russie, mais d’une autre manière, l’Angleterre aura été, et reste, l’exception qui confirme la règle. À côté de ce pouvoir vertigineux de l’espoir communautaire, les « bonnes idées », par exemple, quitter l’Union pour durcir la politique d’immigration nationale, c’est bel et bien jeter le bébé avec l’eau du bain.

RICHARD LISCIA

 

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