Une majorité est possible

Mélenchon en action
(Photo AFP)

À droite comme à gauche, les partis de l’opposition s’efforcent de coaguler une coalition qui affaiblirait Emmanuel Macron. De nombreux socialistes tentent de quitter la Nupes, dominée par la France insoumise, et de former avec les Républicains et Renaissance un rassemblement visant à la majorité absolue. Où qu’ils se tournent, ils recontrent des difficultés.

JEAN-LUC MÉLENCHON n’est victime que de sa propre stratégie : lui et ses affidés passent leur temps utile à attaquer frontalement le président de la République, ce qui revient, chaque fois, à affaiblir l’exécutif mais ne profite guère à son parti et à ses ambitions. La Nupes, rassemblement de LFI, d’une partie du PS, d’écologistes et du Parti communiste, exerce une domination trop forte dont beaucoup des socialistes et pas des moindres souhaitent s’affranchir.

Du PS à LR.

La force de la Nupes a été de créer un bloc anti-gouvernemental ; sa faiblesse vient de ce que Mélenchon agace, énerve et exaspère. L’exécutif souffre certes de n’avoir pas la majorité absolue, mais il se situe à une quarantaine de voix du seuil, ce qui, sur le papier en tout cas, n’est pas inaccessible. Il suffirait que LR, conscient de sa défaite en 2022, consente à rallier la majorité, ou, à l’inverse, que les socialistes anti-LFI arrivent à forger avec Renaissance, Horizons et le MoDem, un texte fondateur susceptible d’être appliqué. La lenteur ou l’absence de ce processus vient de ce que les ambitions des uns et des autres ne convergent pas. LR veut se venger de la déroute d’Anne Hidalgo à la présidentielle de l’an dernier ; Renaissance veut protéger Emmanuel Macron dont d’autres souhaitent la perte ; Mélenchon, lui, veut tirer un avantage du chaos pour lequel il ne cesse de militer.

Un échec démocratique.

LFI est l’obstacle majeur à toute négociation ; Marine Le Pen est la bénéficiaire de l’immobilisme parlementaire ; ceux qui ont dénoncé avec des trémolos dans la voix « l’autoritarisme » du gouvernement sont les premiers responsables d’un échec démocratique. À n’en pas douter, la recherche d’une majorité parlementaire passe par deux sacrifices exigés de l’extrême gauche et de la droite LR : franchir le cap de la réforme des retraites que ni Liot ni les mobilisations ni les dénonciations n’ont empêché d’exister et que LFI soit remisée là où est sa place, le verbe haut, l’action nulle.

Plaies ouvertes.

Un affaiblissement de la Nupes, une nouvelle majorité ne garantiraient en rien des jours tranquilles. L’affaiblissement de l’extrême gauche et la fragilité de la coalition au pouvoir n’effaceront pas en un jour les plaies ouvertes laissées par une réforme des retraites que réprouvent deux Français sur trois.  Mais l’autorité d’un chef d’État se mesure parfois aux couleuvres qu’il fait avaler au peuple : ce fut le cas quand la peine de mort fut abolie par une société dont la majorité populaire réclamait son maintien. La réforme est désagréable pour deux tiers de nos concitoyens, mais presque autant pensent elle est indispensable. Sa mise en œuvre, qui ne saurait tarder, précèdera d’autres réformes nécessaires.

Macron, enterré trop vite.

Dans l’évolution actuelle des rapports de force, la volonté d’Emmanuel Macron de mettre les quatre ans qui lui restent au service des réformes est le point cardinal de la recherche d’une majorité absolue. On a peut-être enterré un peu vite un président qui a su se battre contre l’adversité avec les moyens que lui offraient la Constitution et a même été capable de laisser Liot faire son numéro alors que l’article 40 interdit la mise aux voix d’une loi adoptée et promulguée.

RICHARD LISCIA

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