Une opposition divisée

Mélenchon agacé par ses partenaires
(Photo AFP)

Le jour d’une nouvelle (et peut-être dernière) journée de mobilisation générale, un constat doit être fait : les déboires de l’exécutif n’apportent aucun stimulant à la gauche. La Nupes, coalition de LFI, du PS, du PC et des Verts, est très divisée sur la marche à venir.

DEPUIS sa création, la Nupes est affaiblie par la domination que tente d’exercer Jean-Luc Mélenchon à chaque occasion. Le voilà qui, lassé d’être décrié par ses partenaires, songe à haute voix à mettre un terme à la coalition et affronter seul les européennes de 2024 et les rendez-vous électoraux suivants. Loin de répondre à ce défi, les autres membres de la Nupes y voient plutôt une façon de prolonger l’hégémonie de LFI au sein de la gauche. Personne ne leur demande d’aller séparément aux échéances électorales, mais au fond, ils estiment que M. Mélenchon attire les suffrages. Naïvement, ils voudraient qu’il leur rende le service de les soutenir sans en tirer le moindre avantage.

Retour à la social-démocratie.

Le PS aurait tout à gagner si son leader actuel, Olivier Faure, consentait à un rapprochement avec les « dissidents » socialistes, incarnés principalement par l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve. M. Faure a été assez gagné par le hubris mélenchoniste pour oublier ses racines sociales-démocrates. D’autres membres du PS peuvent le menacer d’isolement s’il ne change pas de stratégie. Les écologistes, quant à eux, n’ont besoin de personne pour gagner les élections européennes. Ils peuvent donc s’accommoder d’une campagne électorale où ils seraient seuls et travailleraient pour eux-mêmes. Quant au PC, il refuse de se mélenchoniser, sans voir que son héraut, Fabien Roussel, avec son combat contre le végétarianisme, n’a fait que sonner un coup de ripolin au PCF et mérite donc de poursuivre seul, lui aussi, les campagnes électorales.

Chacun veut rester maître de son destin.

La gauche n’est donc pas préparée à s’unir, en dépit de l’existence de la Nupes, qui, bientôt, ne comptera que LFI. Ce n’est vraiment dramatique que pour le socialistes. Mais le phénomène d’éclatement auquel nous assistons de la Nupes n’est pas anodin. Il indique qu’il n’y a pas d’alternative pour la gauche, qui a eu tout le temps d’essayer l’expérience du rassemblement pour constater un an plus tard que chaque parti préfère rester maître de son destin.

Le Pen, seule alternative ?

De sorte que, face à la majorité, il n’y a guère que le Rassemblement national qui fasse des progrès et se voit d’ailleurs à l’Élysée. Il est curieux que cette évolution n’émeuve pas les démocrates du pays, dirigeants ou électeurs. Il existe une convergence de toutes les malédictions contre le président de la République, mais personne ne semble se dire que, en 2027, Marine Le Pen sera la seule perspective s’il n’y a pas un candidat crédible de la gauche, ou un candidat du centre droit. L’extrême gauche a limité ses attaques contre le pouvoir en place quand elle a compris qu’elle travaillait indirectement pour le triomphe de l’extrême droite. Mais la violence contre Macron est dans l’ADN de LFI. C’est plus fort qu’elle : elle trouverait plus de satisfaction dans l’interruption du mandat présidentiel que de devancer le RN à l’élection de 2027.

Bataille perdue.

Enfin, la gauche ne peut pas continuer à faire de la réforme des retraites le combat d’une vie. Cette bataille, elle l’a déjà perdue parce que la loi a été promulguée et que les premiers décrets d’application sont perdus. La mobilisation faiblit, les vacances d’été arrivent. Les sondages montrent que les Français sont toujours contre la réforme mais qu’ils ne croient pas qu’elle sera abrogée. Le combat prendra fin avec la fin des derniers combattants.

RICHARD LISCIA

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