Poutine : écocide

Zelensky doit en finir
(Photo AFP)

La plus récente des idées du Kremlin pour échapper à la déroute consiste à avoir fait sauter un barrage et inondé une bonne partie du sud-est de l’Ukraine. Vladimir a ainsi ajouté à ses nombreux crimes celui de la destruction de l’environnement.

CE FAISANT, il s’est dressé contre le reste du monde. Il n’est plus seulement l’ennemi de Volodomyr Zelensky, il est devenu le dictateur qui détruit la terre et l’eau, qui tue des civils, qui arrête l’avancée des forces ukrainiennes en noyant leurs chars. C’est un fait de guerre remarquable qui souligne toutefois que Poutine est le plus cynique et le plus immoral des hommes. Peu importe qu’il ait coupé l’eau de la Crimée occupée. Il sacrifierait jusqu’au dernier Criméen pourvu que les Ukrainiens ne puissent pas la reconquérir. L’Occident tremble à l’idée d’un recours des Russes à l’arme atomique, il a trouvé un moyen comparable pour assurer sa victoire.

Les pires épreuves.

Il se trompe encore. Sa défense a atteint un sommet de lâcheté, de barbarie, de haine gratuite. Le monde, occupé à réduire les facteurs de réchauffement climatique, le considère maintenant comme son ennemi. Une guerre longue ? Quand les eaux se seront retirées dans quelques jours, les Ukrainiens lanceront une offensive impitoyable, à la mesure des crimes commis par Poutine, qui ne trouvera pas un seul avocat. Les Occidentaux n’ont pas d’autre choix que de soutenir, encore et toujours, les Ukrainiens lâchement agressés et soumis par la haine de Poutine aux pires épreuves.

Après le feu, l’eau.

Avec lui, il n’y a rien à négocier. Il se sent libre de détruire l’environnement dans un quart de l’Ukraine et de tuer des gens qui soutiennent son action. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Les voilà barbotant dans la boue, voguant sur des embarcations fragiles, cherchant à survivre là où Poutine a créé un enfer. Un terrain plus sec pour permettre aux chars de progresser, voilà ce qu’espérait Zelensky. À la place du feu, le maître du Kremlin lui a infligé l’eau. La cruauté calculée de Poutine (la haine inspire l’imagination) doit recevoir une juste rétribution. Zelensky ne saurait retenir ses coups quand il en reçoit de si dévastateurs.

Guerre et analyses.

Jusqu’à présent, la moindre des attaques ukrainiennes précédait d’immondes bombardements contre des civils et des hôpitaux. Maintenant, c’est Poutine qui a commis le premier une provocation sans précédent. Il en recevra très vite l’accusé de réception. Zelensky, si surveillé par ses alliés quand il doit défendre sa patrie, n’est nullement obligé, désormais, de respecter des règles fumeuses qui, en général, correspondent au souhait américain de ne pas élargir le conflit au reste de l’Europe. Le plus étrange, c’est que, à la faveur de la guerre, on a développé des raisonnements, une forme de juridiction dont le premier soin de Poutine est surtout de ne pas en tenir compte. Le plus difficile pour le président ukrainien, c’est de se hisser au niveau du cynisme de l’ennemi. Mais il n’a pas le choix : il doit le faire.

RICHARD LISCIA