Annecy : actes et mots

Des fleurs sur les lieux du crime
(Photo AFP)

L’attaque au couteau qui, à Annecy, a fait cinq blessés graves dont trois enfants en bas-âge,  a consterné et épouvanté les Français. Jamais un acte de ce genre n’a eu lieu à Annnecy et la persistance de l’assassin à trouver ses petites victimes a fait monter l’horreur d’un cran.

LA RÉACTION des pouvoirs publics a été immédiate. Il n’a fallu que quatre minutes à la police alertée par des passants pour trouver et maîtriser le criminel. La Première ministre, Élisabeth Borne, s’est rendue sur les lieux du crime aussitôt après avoir été informée. Emmanuel et Brigitte Macron seront dans la ville éprouvée aujourd’hui. Il est certes regrettable que des policiers, dans la confusion, aient tiré et blessé un homme âgé. Regrettable que, dans tous les camps politiques, on ait essayé de récupérer l’affaire pour la mettre au service de certains projets d’immigration. Regrettable qu’un expert en la matière ait dit que des enfants sont ciblés pour la première fois en France, ce qui est totalement faux.

Un chrétien de Syrie.

Mais, dans l’ensemble, les Français ont su garder leur dignité. Dès qu’on a pu dresser le profil de l’assassin de 31 ans, chrétien de Syrie (il a crié qu’il agissait au nom de Jésus-Christ), qui a passé une dizaine d’années en Suède et auquel les autorités de ce pays ont refusé un visa permanent, on a compris qu’il ne s’agit pas de terrorisme islamiste. Que la nouveauté de ce crime si particulier l’extrait du classement traditionnel des actes de violence. Qu’Abdelhamid n’a aucun passé de violence ou psychiatrique. Que son geste odieux doit faire un peu plus réfléchir sur ceux des immigrés dont les pays d’accueil négligent le sort.

Terroriste quand même.

Il n’est pas question pour autant de relativiser ses crimes. Le sentiment national est qu’un pas a été franchi dans la violence et que si le mot terrorisme ne convient pas, c’est dommage, car blesser des bébés au couteau est bel et bien un acte terroriste. Bien qu’il soit trop tôt pour se lancer dans des conjectures, l’assassin est d’autant plus coupable que rien, ni son état d’esprit, ni un passé tranquille, ne peut expliquer la crise qui l’a rapidement conduit à une sorte de danse infernale.  Hommage aux policiers, pompiers et secouristes dont la vitese de réaction a été exemplaire. Mais surtout à cet homme qui a tenté, à plusieurs reprises, d’écarter Abdelhamid, en utilisant son sac à dos pour le frapper.

Dignité dans l’épreuve.

On est confondu par tant d’héroïsme comme on est concerné par ceux, notamment des élus, qui ont très vite politisé l’affaire avant même de consacrer aux victimes le moment de compassion qu’elles méritaient. Constatons simplement qu’écartés entre le meilleur et le pire, les Français ont pour la plupart choisi le meilleur. Ce qui n’apporte aucun soulagement aux victimes et à leurs familles. Mais la dignité dans l’épreuve est le signe que la nation est plus forte qu’on ne le dit.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Annecy : actes et mots

  1. Jean Vilanova dit :

    « L’homme est un loup pour l’homme »… cette formule du philosophe anglais Thomas Hobbes est erronée. Car l’homme n’est pas un loup mais tout autre chose ; une créature se parant plus souvent qu’à son tour du masque de l’avilissement, du meurtre et de l’épouvante. Jeune, j’ai passé beaucoup de temps à lire et parfois à m’acoquiner de la pensée de Rousseau pour qui, si l’on fait court, l’homme est naturellement enclin à la bonté, son malheur provenant de la société qui le corrompt, bla bla bla. Musicien médiocre dont il ne reste plus la moindre note, moraliste sans morale personnelle et, pour couronner le tout, philosophe benêt, Rousseau est de ceux qui ont contribué à éteindre les Lumières et conduit à la Terreur de 1793 où une bande de bourgeois psychopathes (Robespierre et consort dont le doublement mal nommé Saint-Just, tous adulés aujourd’hui par les bourgeois incultes de LFI) a pu conduire le peuple à applaudir à ses meurtres. Les Lumières, la Raison, la Civilisation, appelons cela comme l’on veut, mais quel vernis fragile ! Le pays de Beethoven et de Kant n’a-t-il pas accouché du nazisme ? Et celui de Borodine cet homme d’exception du communisme ? Combien d’Olympes de Gouges, de Galilée, de Mozart rapportés au nombre de petits sadiques de cours de récréation, d’assassins dégénérés, de meurtriers de masse ? Et maintenant, voilà qu’un ovni tout droit sorti de nos pires cauchemars s’en vient poignarder des enfants dans un jardin. Peut-on faire pire ? Je n’en sais rien. Et le simple fait de n’en savoir rien est en soi dramatique. L’infamie, individuelle ou collective ne connaît pas de limite. Voilà l’une des leçons de l’Histoire. Quant au loup, laissons-le en paix dans ses forêts. Il mérite bien mieux que la comparaison osée à laquelle s’essaie Thomas Hobbes.

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