Immeuble détruit et en flammes
(Photo AFP)
Une explosion, due vraisemblablement à une fuite de gaz, a détruit deux immeubles du Vè arrondissement de Paris hier après-midi, faisant 35 blessés dont six en urgence absolue et un disparu. Le promptitude des policiers, des secours sanitaires, et des pompiers a été remarquable.
D’HABITUDE, des Français haîssent les policiers, empêchent les pompiers d’intervenir sur les lieux des sinistres, et ne se gênent guère pour entraver le travail des infirmières et des médecins. Ces catégories professionnelles sont celles qui se plaignent le plus du manque de moyens, d’un financement insuffisant et des violences commises sur les lieux d’intervention. Hier, l’urgence a déclenché le déchaînement de toutes les bonnes volontés, ce qui montre qu’il y a loin entre la parole et les actes. Quand ils sont mis au défi par l’adversité, pompiers, flics et médecins n’écoutent que leur courage.
Une réaction unitaire.
Ce qui veut dire qu’ils ne faut pas croire nos concitoyens sur parole et que leur sens des responsabilités dicte leurs actes. Certes, l’explosion a eu lieu à Paris, en pleine après-midi, près de l’hôpital du Val-de-Grâce, donc dans un quartier où les secours de toutes sortes pullulent. Un hameau en flammes au fond de la Creuse n’aurait pas bénéficié de ce privilège. Mais la réaction ultra-rapide, décisive, unitaire des services, leur coordination, leur détermination à empêcher une réplique du sinistre est applicable à chaque lieu-dit du pays. D’une seul coup, pompiers, policiers et soignants ont oublié leurs revendications et le marasme de leurs professions.
Ils nous ont évité le pire.
C’est le moment, pour les Français, de prendre conscience de cette particularité nationale. Plus le service public souffre, plus il trouve les ressources pour éteindre l’incendie et protéger les rescapés. Une politique vermoulue, responsable de beaucoup de dégâts, n’empêche pas une réaction vigoureuse, coordonnée et efficace. Il ne s’agit pas d’oublier les souffrances des victimes directes de l’incendie et de ceux qui ont perdu leur toit, il s’agit d’admettre que l’affaire aurait pu être encore plus grave. On nous reprochera peut-être d’exposer notre optimisme dans un moment de deuil national. Mais que n’aurait-on pas dit si les secours n’avaient pas été à la hauteur des conséquences graves de l’explosion ?
Civisme français.
A contrario, le pouvoir politique ne vaudrait rien sans le civisme de nos concitoyens, enfants gâtés perclus de caprices qui, tantôt s’en prennent aux pompiers et aux flics et tantôt courent les embrasser pour leur sacrifice. Aujourd’hui, c’est le moment de les remercier et de les décorer. Cette relation agitée avec le service public exprime beaucoup de naïveté et témoigne d’un comportement infantile qui permet de voir pompiers, soignants et flics alternativement en héros et en gêneurs. Héroïsme d’un jour, héroïsme toujours. Ils n’ont pas changé, c’est nous qui cédons à la versatilité.
Un pacte solide.
Ils sont là et ils nous rappellent que la société française, au-delà de tous les grognements partisans, est protégée jour et nuit et contre tous les maux possibles et imaginables. Il y a un pacte entre ces professionnels et le reste de la population, un pacte qui a déjoué les effets du poison démagogique et du discours sinistre. Un pacte que les pires actes contre des pompiers ou des soignants à la tâche n’ont pas réussi à rompre. Nous sommes tellement riches de discours trompeurs, tellement assiégés par des credo contraires, tellement sollicités pour élire des représentants qui ne mettent jamais les mains dans le cambouis. Rejoignons le réel : soutenons ces héros du quotidien.
RICHARD LISCIA
On applaudit le service public – comme toujours. Des metiers difficiles et peu reconnus.