Le premier mort de la crise

Poubelles incendiées à Marseille
(Photo AFP)

Un pompier de 24 ans est mort en luttant contre l’incendie de plusieurs voitures dans un parking souterrain de la Seine-Saint-Denis. On ne peut que déplorer le décès d’un homme qui a fait le sacrifice de sa vie pour protéger ses concitoyens. Cependant, l’intensité des émeutes et en régression pour la troisième nuit consécutive.

LA MOBILISATION remarquable des forces de l’ordre et la lassitude des émeutiers, les appels à la responsabilité des parents, l’absurdité d’un mouvement que rien n’explique sont peut-être à l’origine du recul du chaos. Il ne manquera pas pour autant de laisser des traces visibles. Le mal est fait. En pleine saison, la France n’est plus une destination touristique privilégiée. Les dégâts sont colossaux, devront être évalués et indemnisés, pour la plupart, par les compagnies d’assurances.

Pas d’état d’urgence.

En revanche, les efforts des partis d’opposition pour instrumentaliser la crise sont restés inopérants, y compris la polémique au sujet de l’instauration d’un état d’urgence rendu moins nécessaire par le recul de la violence.  Le gouvernement, qu’il soit remanié ou non, a du pain sur la planche. L’effort devrait être soutenu dans la mesure où il s’est formé une sorte de consensus entre les partis pour dénoncer les émeutes et la responsabilité des élus dont les jugements comportaient des nuances coupables sur qui sont les innocents et qui les bourreaux.

Le rôle des réseaux sociaux.

Il n’est pas convenable de reprocher au gouvernement actuel une politique laxiste. La crise des banlieues dure depuis 40 ans et a déclenché des sommets de violence, alors que les gouvernements successifs n’ont cessé d’investir dans des quartiers où existent, qu’on le sache, des écoles, des commissariats, des hôpitaux et des pharmacies. Les mineurs qui se sont jetés avec enthousiasme et gaieté dans le brasier des banlieues ne reflètent que la situation telle que leur âge la ressent. Sans compter les réseaux sociaux, grands instigateurs d’une haine qui, en y regardant de plus près, est sans objet.

La tâche du gouvernement.

Sur le plan politique, la gestion de la crise par l’exécutif le rend digne d’amorcer une tâche, certes longue et dure, mais dont l’utilité est primordiale. On peut toujours penser qu’un autre président ou qu’un autre Premier ministre seraient plus indiqués pour mener jusqu’à son terme cet effort prioritaire, mais cela signifierait qu’il faudrait attendre la fin du mandat d’Emmanuel Macron. Aucun d’entre nous ne peut rester dans l’expectative, quand des maires sont attaqués, que des pompiers meurent dans les flammes, quand la vie du pays est arrêtée.

Faire une société inclusive.

Nous ne sommes pas au bout de nos peines, mais au moins avons-nous l’espoir qu’une accalmie, qu’on espère durable, permette aux institutions de redresser assez vite le pays. Les émeutiers ont démontré une chose, à savoir que toute la sollicitude que les quartiers dits sensibles ont obtenue est restée insuffisante. À nous de leur prouver que la société française, loin de créer des marginaux, est inclusive. Il ne faut pas que la grande querelle sur l’immigration obère l’effort attendu du pays. Les émeutiers, vu leur âge, sont français depuis leur naissance. Nous sommes leurs concitoyens et, à ce titre, nous devons trouver ce qui nous rapprochera d’eux.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à Le premier mort de la crise

  1. Jean Vilanova dit :

    Il y aurait tant de choses à dire… des pillards décérébrés auxquels s’agrègent quelques criminels en herbe ou déjà en activité, un pouvoir tétanisé depuis 40 ans qui croit acheter la paix sociale dans les banlieues à coup de milliards (100 milliards en 30 ans dont il reste quoi à part le saccage des structures par ceux censés en bénéficier ?), un argent que l’on aurait sans doute utilisé à meilleur escient au profit des campagnes désertifiées où les gens se saignent pour travailler ou trouver un médecin. Malheureux Nahel, quelle injure à sa mémoire ! Et d’aucuns, à gauche, dans quels abîmes de la pensée se vautrent-ils ? Par exemple lorsque l’on émet l’idée d’un possible lien entre pauvreté et pillages. Les pauvres sont-ils des pilleurs en puissance ? Est-ce ainsi qu’ils sont perçus du côté d’une partie de la Nupes ? C’est ignoble. Et puisqu’il est question de la Nupes, un mot sur Mélenchon et ses perroquets dont on ne sait plus si, vis-à-vis d’eux, il faut ressentir de la pitié ou de la rage. Mais rassurons-nous, comme le disait hier soir à la télévision Luc Ferry, reprenant les propos d’un maire de ses connaissances, le calme va bientôt revenir. Ce sont les dealers, tout à leur commerce en ce moment flageolant qui vont s’en charger. Qu’est-il arrivé au pays de Pascal et du général De Gaulle ?

    • marie josephe jo dzula dit :

      Ce qui arrive à notre pays ? C’est peut-être l’abandon d’idées comme la fraternité, la tolérance, la liberté de penser face à une société mondialisée, normative, consommatrice, une certaine aliénation à la pensée unique et ça depuis 40 ans.
      Un lien entre pauvreté et pillage ?
      On sait qu’il n’y a pas de lien entre immigration et violence (écouter l’émission infrarouge)

    • Laurent Liscia dit :

      Stupéfiant à quel point je suis toujours d’accord avec Jean Vilanova. La mort de Nahel et celle de ce brave, courageux pompier me pèsent terriblement. Comme le dit M. Vilanova, ce sont eux qu’on oublie. Et comme tu le dis si bien, Richard, il faut trouver les moyens du rapprochement. Mais comment ? Autant que Pascal et De Gaulle, c’est peut-être Molière qu’il nous faut. Une bonne représentation de Tartufe pour se désiller les yeux?

  2. jean-hugues Gasser dit :

    Tartufe est bien choisi pou l’hypocrisie.Le jansénisme est moins de saison que le je m’en foutisme. Pour De Gaulle, inutile de lui tendre la perche.E t « cachez ce sein que je ne saurais voir » n’est pas de saison non plus.Molière est un maître peintre du ridicule, de l’excès,c’est un médecin de la société.

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