La gueule de bois

Pour Geoffroy Roux de Bézieux, la facture s’élève à un milliard
((Photo AFP)

La nuit de lundi à aujourd’hui a été relativement calme, malgré de nombreux incendies de voitures et de mobilier urbain. Le pays est sonné. Il faut penser à la reconstruction.

DEPUIS LA FIN de la semaine dernière, le gouvernement a pris des dispositions draconiennes en termes de sécurité qui ont empêché nombre d’incidents. L’opinion est choquée par la haine des casseurs contre les élus, devenus leur première cible. Un premier bilan des émeutes a été dressé par Geoffroy Roux de Bézieux, chef du patronat, à un milliard d’euros. Un effort financier supplémentaire à fournir, alors que la dette de la France dépasse les 3 000 milliards.

Les élus divisés.

Tous les secteurs de la production sont affectés, tourisme (avec de multiples annulations de réservation et une image dégradée du pays à l’étranger), restauration, centres commerciaux saccagés, crainte de la population de rencontrer des casseurs sur le chemin de leur travail. Les élus tentent vaguement de réagir dans l’unité, mais ils sont en réalité divisés, dès lors que la suggestion, exprimée par l’extrême droite, d’instaurer l’état d’urgence n’a pas été retenue par l’exécutif qui a tout de même réussi à contenir l’explosion de violence. La droite a manifesté publiquement son soutien au maire de l’Haÿ-les-Roses, dont maison a été attaquée à la voiture-bêlier, mais il s’agissait d’une réunion purement LR.

Un été qui sera chaud.

La présence des forces de l’ordre dans les zones à risque de durer tout l’été. Les réseaux sociaux, principal instrument du désordre, continuent en effet à diffuser des messages de haine. Une polémique sur le rôle des parents de mineurs est née, qui complique le débat. La droite estime que les parents doivent empêcher leurs enfants de sortir la nuit, d’autres voix plus compatissantes indique que les mêmes parents, souvent à la tête de foyers pauvres, n’ont pas le temps oo l’énergie requise pour raisonner leur progéniture.

Une révolte contre rien ni personne.

Nous assistons donc à un déferlement de violence sans objectif particulier, en dehors de la destruction  et du chômage. C’est une sorte d’épidémie comparable au Covid, avec des conséquences comparables sur l’économie du pays et son équilibre social. Le gouvernement met en place un système de chômage technique qui devrait permettre à certains salariés et certaines entreprises de franchir le cap. La France insoumise confirme son rôle pervers en refusant de condamner les émeutes. On ne change pas une vision perdante.

L’extrême droite, grande gagnante.

Il sera toujours temps de régler les comptes à la faveur des élections européennes et, plus tard, aux élections présidentielle et législative. Le parti le mieux placé est le Rassemblement national  gagnera les européennes, ce qui le placera en bonne posture pour la présidentielle. Sa philosophie n’a pas changé, qui demeure le tout-répressif et une lutte acharnée contre l’immigration. Attitude peu logique, car les émeutiers, certes issus de l’immigration, sont nés français. On ne peut pas les expulser, d’autant moins qu’ils sont des justiciables comme autres.

La guerre des cagnottes.

Dans cette mélasse peu glorieuse, une cagnotte a été organisée qui a réuni 237 000 euros pour la mère de Nahel. Un geste généreux à ne pas comparer avec la cagnotte voulue par l’extrême droite et qui a rassemblé un million trois cent mille euros pour le compte du policier meurtrier. C’est un scandale qui a soulevé la colère de la Première ministre, Elisabeth Borne, qui estime que ce n’est pas de cette manière que l’on combat la crise, et s’apprête à demander à la justice de considérer que cette cagnotte est illégale.

L’effondrement des institutions.

Ce qui est hallucinant depuis le début de la crise, c’est l’effondrement rapide des institutions : la police est privée de son aura, elle ne fait pas peur aux émeutiers ; la justice est considérée comme une justice de riches ; les élus sont bafoués, vilipendés, attaqués. La famille, première cellule d’un grand corps malade, a explosé et les parents sont devenus des enfants auxquels ils obéissent ; la réalité alternative a pris le dessus sur la vérité. Dire que la tâche du gouvernement est immense, c’est prononcer une évidence. Dire qu’elle est insurmontable est une lâcheté prouvée sans cesse par l’acharnement de l’exécutif.

RICHARD LISCIA

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