Le bluff de Poutine

Poutine ne respecte aucune ligne rouge
(Photo AFP)

La  destruction de la centrale nucléaire de Zaporijia n’a pas (encore) eu lieu pendant la nuit écoulée, en dépit de la promesse répétée de Vladimir Poutine, qui, désormais, passe le plus clair de son temps à communiquer.

AVEC son infantilisme mêlé de cynisme, Poutine a accusé les Ukrainiens du projet. Personne n’est dupe, mais cette astuce lui permet de faire des discours dont la cohérence artificielle convient à son opinion publique. L’Ukraine n’a aucun besoin de la destruction de la centrale ; c’est  elle qui en subirait les effets radioactifs. Elle a déjà procédé à des mouvements de population à des distributions d’iode.

Politique de la terre brûlée.

Poutine n’a pas renoncé à sa menace. Tandis que l’AIEA demande un accès plus large à la centrale et que Volodymyr Zelensky multiplie les appels à l’Occident, l’Europe est sous la menace d’un nouveau Tchernobyl. Cet épisode particulier de la guerre confirme la politique de la terre brûlée pratiquée par le Kremlin et elle augmente les tensions sur le front qui ne tourne pas à l’avantage des Russes.

Un interlocuteur monstrueux.

Objectivement, l’affaire devrait augmenter l’aide des États-Unis aux Ukrainiens. Mais les Américains continuent à respecter ces « lignes rouges » que Poutine, lui, ignore. Le sommet de Vilnius, dans quelques jours devrait rapprocher les points de vue occidental et ukrainien. Ce n’est pas le moment de baisser les bras. Les Russes ont effacé depuis longtemps les lignes rouges, en multipliant les provocations, en se vengeant de leurs revers militaires et en assassinant tous les jours des femmes et des enfants. L’arrivée en Biélorussie d’armes atomiques constitue déjà un précédent, le franchissement d’un camp, qui a été accueilli par l’apathie des Américains et des Européens. Il est curieux que nous entretenions des lignes de communication avec un interlocuteur monstrueux.

Un train de mesures.

Il faut raisonner en s’appuyant sur deux éléments de raisonnement qui font la doctrine de Poutine : premièrement, la riposte à une provocation russe ne déclenchera pas forcément une escalade ; et deuxièmement, il faut faire comprendre à Poutine que chacun de ses actes illégaux sera rétribué comme il se doit. Les Occidentaux ont multiplié les sanctions, mais avec un effet modeste. Il leur faut maintenant prendre un train de mesures qui étoufferaient au moins partiellement l’économie russe.

Sommet à Vilnius.

La Russie, en effet, ne pâtit guère des sanctions. Le mois de juillet s’est traduit par une grande transhumance vers les plages et lieux de plaisir. Prigojine est arrivé à deux cents kilomètres de Moscou sans que le peuple russe ait réagi. Un schéma où la Russie serait une sorte de paradis qui accroîtraît la popularité de Poutine et l’Ukraine un enfer ne serait rien d’autre qu’une recette pour la défaite. J’imagine que ce que j’écris là est déjà dans les têtes de MM. Biden, Macron et Scholtz, encore trop attachés à la diplomatie du XIXè siècle. Ils doivent en tirer les conclusions au sommet de Vilnius dans quelques jours.

Mais oui, Vladimir, nous sommes l’OTAN.

Poutine est un ennemi coriace, hystérysé par des déboires dont il est le seul artisan. Il regrette sûrement d’être bridé par l’interdiction d’utiliser l’arme nucléaire. Il faut faire peser sur lui la menace de représailles de la même nature. L’envoi en Biélorussie d’armes nucléaires tactiques que seuls les Russes peuvent utiliser ne doit pas être considérée comme symbolique, et pourtant, il n’y a eu aucune riposte comparable dans l’autre camp. C’est bien que Poutine, pour le moment, ait épargné Zaporijia. La preuve du bluff a été donnée au monde. Peut-être est-il temps de donner une sorte d’aval aux obsessions de Poutine : oui, en face de lui, c’est l’OTAN.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Le bluff de Poutine

  1. Jean Vilanova dit :

    Le rêve impéraliste de la « Grande Russie » de domination de l’Europe et pourquoi pas du monde entier traverse les âges. Il habite l’esprit éclairé de Catherine II comme celui de certains des grands génies de la littérature comme Tolstoï et plus encore Dostoïevski chez qui il prend une dimension christique. On le retrouve à partir du XXème siècle dans les crimes communistes jusqu’à aujourd’hui chez Poutine. N’est-ce pas là que se niche la tragédie du peuple russe, dans ce continuum entre les pages sublimes de Dostoïevski et l’esprit contrefait de Poutine et de ceux qui l‘ont précédé ? Ce pays ne ressemble à nul autre. Il ne cultive pas l’ambigüité et la patience de la Chine, il méprise l’angélisme des nations européennes et leur mode de vie alors même que sa nomenklatura en jouit sans vergogne. Pour exister, la Russie s’invente des ennemis mais quelle personne saine d’esprit caresserait aujourd’hui le rêve de la menacer ou de l’envahir ? La « Grande Russie » ne l’est que par sa superficie informe, ridiculement étalée sur la carte du monde. Car infliger depuis si longtemps partout autour de soi la souffrance et la mort n’a d’autre grandeur que celle du mal.

    • Hedan Mireille dit :

      Vous semblez bien connaître la Russie et son histoire…
      Etes-vous sûr de ce que vous avancez ou bien ce n’est que votre opinion ?
      Calmez votre déception : superficie informe… seriez-vous envieux de n’habiter qu’un pays plus petit mais ayant, comment appelez-vous cela ? Une forme ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
      Vous me faites rire, c’est déjà ça.

      Réponse
      Psychologie de pacotille. Êtes-vous à la solde de Moscou ? Continuez à rire, vous rirez bien quand les Russes débouleront sur l’Europe de l’Ouest. Et ne perdez pas de temps à m’écrire Je n’ai pas le temps pour des crétineries.
      R. L.

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