Marine en pleine forme
(Photo AFP)
Un seul parti politique a tiré avantage de la crise sociale : le Rassemblement national. Les sondages en effet montrent qu’il gagnera les élections européennes et que Marine Le Pen sera élue présidente de la République.
C’EST la première fois que Marine Le Pen est susceptible de l’emporter dans la course à l’Élysée. Certes, de l’eau coulera sous les ponts d’ici là, et un candidat macroniste ou d’ailleurs pourrait se dégager du lot. Mais les émeutes ont créé un élément d’insécurité supplémentaire et Mme Le Pen a, sur l’immigration, des idées qui pourraient favoriser sa candidature. Deux autres partis sont responsables de son ascension : la France insoumise qui, par ses propos violents, incitent la population à soutenir la cheffe du RN. Et la politique incohérente des Républicains qui refusent toute forme de coalition avec la macronie.
Les médias ne sont pas innocents.
Les médias, qui continuent à critiquer par le menu l’action gouvernementale, ne sont pas innocents. Ils ne rappellent jamais que leurs assauts contre Emmanuel Macron n’offrent qu’une alternative, la victoire de Le Pen à la présidentielle de 2027. Après, il sera toujours temps de trouver un nouvel os à ronger, les inévitables erreurs de Marine Le Pen. Il sera trop tard pour protéger les institutions, pour le retour à la stabilité et pour un programme politique assurant les équilibres fondamentaux. C’est même ahurissant : depuis 2017, médias et partis n’ont qu’une cible, Emmanuel Macron. Il gagné la pésidentielle de 2022, puis celle de 2027, écartant du pouvoir Mme Le Pen. On lui reprochait d’être président, on lui reproche aujourd’hui de ne pas l’être en 2027 afin d’écraser la cheffe du RN. Descartes doit se retourner dans sa tombe.
Un appel au statu quo.
Les sondages sur les élections européennes indiquent que la France insoumise reste à l’étiage des 10% dans le meilleur des cas, quand la coalition autour de Renaissance arrive à 25 % et le RN à 24 %. On remarquera la constance de l’électorat, dont la répartition des choix n’a pas changé. C’est un appel au statu quo et à la stabilité déguisé en adhésion aux thèses du RN. Emmanuel Macron aurait été le seul à pouvoir battre Le Pen, mais il ne peut pas se présenter une troisième fois. Le choix du candidat de la macronie est donc crucial de ce point de vue.
Le temps d’empêcher la catastrophe.
En revanche, le président en exercice peut contribuer à la victoire du candidat qui aura émergé pendant l’année électorale. Il ne se prive pas d’énoncer des vérités sur la réalité du paysage politique. S’il n’est pas entendu, c’est par manque de crédibilité, par hostilité et par son statut de has been. Entretemps, nous avons collectivement trois bonnes années de préparatifs, une plage suffisante pour empêcher une catastrophe sur les plans européen, économique et financier.
Un abîme sous nos pieds.
Il serait d’ailleurs logique que la macronie corrige la trajectoire financière en commençant à réduire la dette (elle s’y attelle déjà) et en respectant les critères de Maastricht. Il suffit de songer au souhait de Marine Le Pen d’adopter la retraite à soixante ans pour comprendre l’abîme qu’elle ouvrira sous les pieds du pays. Tout ce que n’a pas dit la presse, si enthousiaste pour critiquer le pouvoir, nous avons encore le temps de le dire et de sonner l’alarme. Il n’y pas de raison que le pays tombe dans un néo-fascisme, fût-il soft. Nous sommes comme tout le monde, nous sommes déçus par nos élus, mais souvenons-nous que la démocratie est le sytème le plus mauvais à l’exception de tous les autres. Enfin, les Français ne peuvent pas accepter un gouvernement qui aurait de coupables affinités avec la Russie. Il en va de l’honneur de la France et même du sens qu’ont nos vies.
RICHARD LISCIA
L’arrivée de Marine Le Pen à l’Elysée semble effectivement inéluctable. Fervent gaulliste et sur ce point, je n’ai que mépris pour la plupart de ceux, à LR et ailleurs qui se réclament encore de ce grand homme, cette perspective n’a, pour moi, rien de réjouissant. Le RN, probablement incompétent en tout ou presque finira de couler notre pays. Je ne pense pas qu’une alliance molle Renaissance/LR en d’autres termes entre politiciens usés et sans idées changera grand chose. Le mouvement est lancé, depuis longtemps. Rien ne semble pouvoir l’arrêter. On met déjà en place les premières tables au bal des hypocrites et l’on entend déjà les cris d’orfraies des « leaders » (si l’on peut dire) de droite, de centre, de gauche, vrais responsables de cette Bérézina. Mais qui pour s’étonner ? Combien de décennies de mépris envers « les gens qui ne sont rien » ? Combien de renoncements du type « notre maison brûle mais nous regardons ailleurs », l’un des rares propos à peu près intelligents venus non pas à l’esprit, mais à la bouche de Chirac à propos du réchauffement climatique mais que l’on pourrait appliquer aussi à notre quotidien, celui des banlieues notamment ? Et que penser – merci Mitterrand ! – sinon avec quelque dégoût de l’installation, à une certaine époque, du FN au centre du jeu afin de semer la confusion ? Que dire de cet impensable camouflet infligé à la démocratie, j’évoque ici le référendum de 2005 sur la Constitution européenne ? Pour ma part, bien qu’ayant voté oui, j’avais été outré de voir avec quelle arrogance, droite et gauche confondues (Sarkozy et Hollande) avaient foulé au pied le résultat de la consultation. Et pour un gaulliste d’âme et de coeur, un référendum, cela veut dire quelque chose, croyez-moi !… Enfin, parlons d’aujourd’hui et du dernier scandale en date, tout chaud, celui propre au Fond Marianne. N’offre-t-il pas matière à alimenter, lui aussi, le réservoir de voix pour le RN ? Que fait le président ? Ah oui, il paraît qu’il était, il y a peu, en pleine crise des banlieues à un concert d’Elton John et hier sur les routes du tour de France. Personnellement, je m’en fiche, mais ne prête-t-il pas ainsi le flanc à une critique facile, d’une efficacité redoutable ? Je suis en colère.