Ce qui va changer

Borne sacrifiée à l’intérêt général ?
(Photo AFP)

La Première ministre, Élisabeth Borne, dispose de quelques atouts : elle a affronté une rue en folie avec sang-froid, elle a franchi le cap de la réforme des retraites et elle s’apprête à conclure un accord sur l’immigration avec le concours de la droite. Et pourtant, elle devra partir.

NUL ostracisme chez Emmanuel Macron qui ne peut rendre utiles les dernières années de son second et dernier mandat s’il ne change pas de Premier ministre et quelques autres ministres qui ne se sont guère exposés en ces temps très troublés. Mme Borne ne manque jamais d’énoncer le travail parlementaire qui a été accompli sous sa houlette. Et il est vrai que son cahier des charges est plein. Son départ, toutefois, ne serait ni un coup à gauche ni un coup à droite. Ce serait le point de départ d’une action gouvernementale capable de poursuivre les réformes.

Le contenu du mandat.

Il s’agit tout à la fois d’achever la réforme des retraites avec un coup d’envoi en septembre ; d’adopter une loi sur l’immigration avec Mme Borne ou sans elle ; de commencer à réduire la dette et le déficit budgétaire. Il s’agit de donner un contenu à ce qu’il reste du second et dernier mandat d’Emmanuel Macron. Et de préparer une succession qui excite beaucoup de personnalités politiques, mais où il n’y a qu’un seul emploi. La mise à l’écart de Marine Le Pen est la tâche la plus difficile à accomplir. Elle occupe le devant de la scène, renforcée à la fois par les attaques de la France insoumise contre le pouvoir et l’apathie de la droite classique. Elle bénéficie d’une cote de popularité qu’elle n’a jamais atteinte auparavant. C’est une créature qui associerait son  destin à celui des Français.

Une manipulation de l’électorat.

Personne n’a honte, désormais, de voter Le Pen : ce n’est plus un épouvantail ; ni son côté pro-russe et son peu d’enthousiasme pour l’Europe ne sont dénoncés avec assez de vigueur. Pour le pays, elle est pire qu’une hypothèse, c’est une fatalité. Elle représente donc le seuil qu’il ne faut pas franchir. De quelle façon ? En laissant les démocrates faire leur travail de sape, en continuant à défendre la République et les principes dans lesquels elle ne se reconnaît pas,  en convainquant l’électorat qu’il prendrait une responsabilité historique s’il lui remettait les clés du pouvoir. Tous les précédents de succès fascistes ou néo-fascistes montrent que c’est grâce à la manipulation du peuple qu’un ou une populiste sont élus.

Un pays encore fringant.

Emmanuel Macron, tel qu’il est aujourd’hui, sonné et couvert de cicatrices, est encore très utile pour empêcher une expérience qui risque d’être irréversible. La gauche étant structurellement minoritaire, il n’existe de salut que dans un nouveau gouvernement de droite qui associerait la macronie aux Républicains. Ils ne le méritent guère dès lors que, par souci d’indépendance, mais au mépris de l’intérêt général, ils ont en quelque sorte trahi leurs électeurs. Ceux-ci doivent respecter leurs propres responsabilités. Les troubles de ces dernières années n’ont pas entamé la viabilité du pays. Il est encore fringant. Il a juste besoin de connaître la direction du vent.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Ce qui va changer

  1. Doriel Pebin dit :

    Bonjour, effectivement les LR sont totalement déboussolés et hors sol. Malgré tout, la seule solution pour contre-carrer le fameux « on ne l’a pas encore essayé » pour Le Pen et le RN est que les démocrates et les Européens se regroupent et argumentent enfin contre l’incompétence du RN et des populistes (pourtant largement démontrée lorsqu’ils arrivent au pouvoir). La retraite à 60 ans et la faute aux immigrés ne font pas une politique. Il serait temps que cette tromperie soit dénoncée car je préfère me faire opérer par un professionnel compétent que « pour essayer ».

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