Sahel : la manière forte

Macron avec Mohmed Bazoum en juin dernier. Le président du Niger a été victime d’un coup d’État.
(Photo AFP)

Depuis longtemps, la France subit les conséquences d’une crise au Sahel qui la contraigent à durcir le ton. Les partisans de la diplomatie douce voudraient que notre pays fasse profil bas.

DEPUIS que l’opération Serval a empêché la prise du Mali par les djihadistes, il est de bon ton d’accuser la France de « maladresse » ou d’avoir des desseins « colonialistes ». Il n’y a rien de pire qu’une analyse aussi injuste, qui remplace le minimum de gratitude que les populations du Sahel auraient dû exprimer. On  connaît les mécanismes introduits par la milice russe Wagner en Afrique francophone. Il s’agit de discréditer la France pour mieux la remplacer. Les jeunes qui se livrent à des émeutes à Bamako, au Niger ou au Burkina n’essaient pas de se souvenir des sacrifices consentis par nos soldats (plus de 50 ont péri dans les combats). Ils croient mettre au jour des projets méphistophéliens.

Ingratitude.

Il se peut que le président de la République ait commis des erreurs dans la conduite des affaires africaines. Il se peut qu’il ait été condescendant. Mais c’est la France qui recueille les retombées de l’ingratitude. C’est le gouvernement malien qui l’a appelée au secours et elle n’a ménagé ni les moyens ni les vies de nos soldats. Je veux bien que nous vivons dans un monde cynique, cela ne nous empêche pas d’avoir les yeux ouverts. De toute façon, si nous avions tenté de pactiser avec le diable, les critiques eussent été deux fois plus violentes.

Un ultimatum.

On ne raie pas la présence française en Afrique d’un trait de plume. Nous y avons des intérêts et des citoyens français aujourd’hui en danger et que notre armée protègera et rapatriera si les émeutiers ne reviennent pas à la raison. C’est une priorité absolue dont les gazelles de la diplomatie aux yeux doux semblent se moquer. Il est plus aisé de commenter que de gouverner, n’est-ce pas ? Voilà pourquoi, sans trémolos dans la voix, le chef de l’État a prononcé des paroles qui ressemblent fort à un ultimatum : si l’armée malienne n’arrête pas de se livrer à des putsches; elle trouvera l’armée française sur son chemin.

Poutine a peur.

On mesure la dégradation des relations internationales déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par les Russes, mais aussi l’ambition qui anime Vladimir Poutine, lequel court certes à sa perte, justement parce qu’il a commis l’erreur de compter sur nos faiblesses. Il prend tout effort de recherche de la paix pour une incapapcité congénitale à entrer en guerre. Voilà qu’aujourd’hui, à chaque livraison d’armes sophistiquées aux Ukrainiens, nous nous demandons avec angoisse si nous n’allons pas trop loin. Mais il n’est pas prouvé qu’un canon César de trop entraînerait une guerre nucléaire. Il n’y a personne de plus lâche que le macho de Moscou : il a peur, comme n’importe lequel de ses sujets, d’être vitrifié.

Un projet anti-institutionnel.

Tout un camp existe en France qui réunit des torchons et des serviettes, prêts à oublier l’Afrique et les Français qui y vivent. De Le Pen à Mélenchon, tous d’eux se réclamant d’un gaullisme qu’ils ne cessent pourtant de vomir, les assaillants professionnels d’une France qui compte nous font une leçon de poutinisme. Le gouvernement a interdit les émissions russes de propagande anti-française, mais les forces nationales de la contestation systématique ont pris le relais. Poutine ne manque pas d’amis dont la présence dans le camp du cynisme s’explique uniquement par le projet de destruction de nos institutions.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Sahel : la manière forte

  1. Laurent Liscia dit :

    Relents de cinquième colonne aux extrêmes. Mais qu’ils continuent ainsi à montrer leurs couleurs, on en a au moins le coeur net. Notons aussi la mauvaise foi hallucinante des nouveaux maîtres du Niger, qui accusent la France d’ingérence tout en brandissant des bannières russes. Le machiavélisme de la milice Wagner n’a pas de limites. Du coup, les problèmes entre Poutine et Prigojine ressemblent fort a une rebellion en enfer. Ou a du gangsterisme de bas étage.

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