La menace et sa crédibilité

Le président du Nigéria avec le couple présidentiel français en juin dernier
(Photo AFP)

Qui a vraiment envie de s’attaquer au Niger ? Aucun pays africain ou occidental. Ce qui décrédibilise l’ultimatum lancé aux putschistes nigériens par le Nigéria, l’État le plus puissant de la région.

UN CONSENSUS tardif pour la solution négociée a donc émergé au moment précis où les militaires nigériens refusent toute concession dans le cadre de la négociation. On aurait pu faire l’économie de ce parcours d’alambic si, d’emblée, on avait adopté la solution diplomatique. Maintenant les généraux nigériens se voient pousser des ailes : plus ils discutent, moins ils semblent désireux de rentrer dans le rang.

Le danger russe.

Américains (très intéressés par l’évolution du Niger où ils maintiennent quelque 1 500 hommes) et Européens se sont lancés dans une voie qu’ils ont affaiblie en tournant casaque. Leurs allers-retours entre les voies de la violence et celles de la conversation n’ont réussi qu’à durcir leurs interlocuteurs qui encouragent la jeunesse de leur pays à diffamer la France et à réclamer un rôle pour la Russie, celle de Poutine; qui n’intervient sur un sol étranger que pour y pratiquer la politique de la destruction. Sans compter la Chine qui, pour le moment, se contente d’observer la crise, mais n’entend pas perdre les atouts qu’elle a acquis en Afrique francophone.

La guerre n’est pas exclue.

Il n’y a pas de place pour l’ironie ou l’humour. Le passé colonial de la France a créé chez les peuples africains un ressentiment que nos efforts et nos sacrifices pour les protéger du terrorisme n’ont pas suffi et nos rapports avec eux se sont détériorés. Il est vrai qu’une intervention militaire, d’où qu’elle vienne, aurait réduit ces relations à néant. Mais, s’il n’y avait pas eu cet ultimatum à la fois logique, compte tenu de la nature du coup d’État, et absurde du point de vue réaliste, la discussion aurait peut-être eu une chance. Le risque existe d’ailleurs que les putschistes voient midi à leur porte et traitent leurs interlocuteurs avec assez de mépris pour que la guerre, aussi effrayante qu’elle soit, finisse par avoir lieu.

Il fallait aller vite.

Il n’est pas facile de réunir dans le même consensus des Africains, des Européens et des Américains d’autant que la déstabilisation de cette région du continent est avancée.  Il est difficile de soutenir une option susceptible de se traduire par un bain de sang dans une population dont le comportemlent détestable n’est que le produit de la désinformation. Dans ce genre de conflit, où coexistent tant d’intérêts différents et contradictoires, la vitesse était l’ingrédient nécessaire. Il fallait ne pas laisser huit jours aux putschistes; il fallait qu’ils n’aient pas temps de respirer. Alors on aurait pu les sortir du palais présidentiel sans coup férir. C’est trop tard.

Des années pour trouver la sagesse.

Est-ce à dire que les options les plus dangereuses doivent être retenues ? Non. Mais les armées de type mexicain n’ont jamais su protéger leurs frontières, et mettent leurs fusils au service des coups d’État. La vraie question est : les pays d’Afrique ont-ils besoin d’une armée, symbole de leur souveraineté mais instrument de leur révolte ? Il faudra des années pour guérir les Africains de leurs manies mortelles et anachroniques. Des années pour refouler la Russie et la Chine. Des années pour renforcer les systèmes démocratiques pour qu’ils ne soient pas à la merci d’un adjudant-chef de carrière capable, en certaines circontances, de tenir la dragée haute au pouvoir politique et aux grandes puissances.

RICHARD LISCIA 

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