Répression, cycle infernal

Darmanin jamais gêné par une tâche accablante
(Photo AFP)

L’été n’a pas apaisé  les relations entre une police débordée et mécontente et des émeutiers inlassables. La mort de Mohamed Bendriss, dans la nuit du 2 au 3 juillet à Marseille, fait l’objet d’une enquête où sont interrogés des policiers du GIGN.

LE MINISTRE de l’Intérieur s’est toujours rangé du côté de la police, mais cette fois, il tente d’adopter une attitude neutre. Ce qui ne va pas sans que les policiers expriment leur mauvaise humeur et se font porter pâles sous la forme d’arrêts-maladie vivement critiqués par le gouvernement. L’affaire Bendriss est l’une des conséquences très négatives des émeutes décenchées par la mort de Nahel, tué d’un coup de feu par un policier alors qu’il refusait d’arrêter la voiture qu’il conduisait (sans permis). On voit clairement que, en ce mois d’août propice à toutes les trêves, les relations entre la police et le pouvoir sont en train de se détériorer, tandis qu’augmente le nombre des actes de violence.

Facteurs permanents de la crise.

La veuve de M. Bendriss réaffirme avec vigueur son innocence. Elle explique qu’il s’est rangé des voitures depuis qu’il a eu un enfant, elle souligne qu’elle est de nouveau enceinte, ce qui suffirait-il, selon elle, à garantir la bonne conduite de son époux, apparemment tué par un lanceur de flashball. De toute évidence, le GIGN  a pris le parti de la victime qui, quoi qu’il ait pu faire, ne méritait pas la peine de mort. Dans l’opinion, le trouble vient d’une crise dont les facteurs permanents nous garantissent que de nouveaux litiges entre policiers et manifestants se produiront de nouveau.

Pillard pillé.

Cinq policiers ont été interpellés, trois ont été mis en examen. Pour le moment, les moyens dont dispose la justice ne suffisent pas à condamner les policiers. Les videos semblent montrer que Mohamed Bendriss a couru après un pillard, non pour le remettre à la police mais pour lui voler son butin !  La scène de la mise à mort de la victime n’a pas été filmée. Allez vous faire une opinion, dans de telles conditions.

Des compliments aux reproches.

Il demeure que les forces de l’ordre doivent garder leur sang-froid même si la tension est très forte. Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il suffit d’appliquer ce principe : pour les policiers nerveux, il est inapplicable. La solution réside dans l’abolition de certains armes utilisées pour la répression des émeutes. Mais attention ! Il ne s’agit pas pour autant de laisser s’embraser les cités. Le fait est qu’il n’y a pas de méthode de retour au calme qui ne risque d’enflammer les esprits et les corps ; qu’il est impossible de reprocher aux policiers leurs erreurs de comportement quand ils sont eux-mêmes blessés dans des combats sauvages ; qu’on ne peut tout à la fois les remercier de nous protéger et leur reprocher d’y aller trop fort.

Ordre et désordre.

Des hommes, des femmes et des partis politiques sont confits dazns leurs certitudes : pour le RN, il faut traiter les voyous sans état d’âme. Pour LFI, « la police tue » et, bien entendu, c’est le gouvernement qui est responsable de l’insécurité des villes. Il ne fait aucun doute que la paix civile est très difficile à gérer, mais c’est le propre du gouvernement de trouver les moyens équilibrés pour assurer l’ordre sans tuer les auteurs du désordre. Enfin, une question lancinante demeure : que faisait le GIGN sur le lieu d’une émeute qui ne concerne pas sa compétence ? Son métier, c’est justement d’empêcher les excès de la répression. En l’occurrence, il l’a aggravée.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Répression, cycle infernal

  1. TAPAS92 dit :

    Ce n’est pas le rôle du GIGN, du RAID ou de la BRI que d’aller régler les problèmes de ce que l’on appelle « émeutes ». Surtout quand celles-ci sont prévues, programmées comme c’est le cas ici et ailleurs. On fait appel à eux par carence policière. On fait appel à eux pour faire de la communication. Et par obligation (et discipline), ils font le job. En se décrédibilisant. En se mettant à la faute. Bientôt, on fera appel à eux pour régler la circulation au carrefour de l’Étoile à Paris. On connaît la chose en médecine quand le SAMU se déplace pour faire des certificats de décès dans des EHPAD ou pour discuter avec un jeune en « crise d’ado » et que les parents n’arrivent pas à canaliser …

  2. Matthieu dit :

    Alors vous mélangez tout ! C’est le RAID qui est en cause et non pas le GIGN.
    Réponse
    Je suis désolé de la confusion, restée inaperçue le jour de la parution. Et je prie les lecteurs de bien vouloir m’excuser. Ce qui ne change rien à mon propos qui portait sur un cas d’excès de brutalité des forces de l’ordre, qu’elles soient de la police ou de la gendarmerie.
    R. L.

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