Trump en fin de course

Trump au pouvoir, c’est la fin de l’Ukraine
(Photo AFP)

Inculpé pour la quatrième fois, pour un acte frauduleux d’une gravité extrême, l’ancien président des États-Unis, Donald Trump, pourrait rapidement se retrouver dans une situation judiciaire qui lui interdirait moralement, sinon constitutionnellement, de présenter sa candidature à un deuxième mandat.

LES MEDIAS français ont redécouvert un épisode de la vie politique de Trump qui est d’autant plus accablant que la procureure générale de Géorgie entend le traîner devant un grand jury l’année prochaine, c’est-à-dire en pleine campagne électorale. Trump, en effet, a perdu la Géorgie en 2020, défaite qui a signé la victoire de Joe Biden. Avant que les résultats du Collège électoral fussent annoncés, il a appelé au téléphone le secrétaire d’État de Géorgie et lui a tout simplement demandé 11 790 suffrages. Son interlocuteur, républicain bon teint, lui a répondu qu’il ne les avait pas. Joe Biden, ou plutôt un membre démocrate du Collège électoral, venir de recueillir 11789 voix de plus que Trump, ce qui explique la précision de la requête adressée par Trump.

Trump reste le meilleur candidat.

La conversation a été enregistrée, de sorte que le monde entier a su aussitôt à quelle action frauduleuse Trump venait  de se livrer. Qu’aujourd’hui les médias roulent de gros yeux et expriment leur effarement face à la chutzpah de Trump est seulement une manière de réchauffer le plat. Comme le sac du Capitole, inspiré par Trump et qui a donné lieu à de sévères condamnations, il y a longtemps que les crimes de l’ancien président et son culot insondable sont répertoriés. En Europe, il auraité été déjà condamné et enfermé, ce qui aurait réglé le problème une fois pour toutes. À l’heure qu’il est, Trump est le meilleur candidat républicain (il écrase dans les sondages ses deux concurrents les plus proches) et seulement 55 % des électeurs américains lui sont hostiles, contre 45 % qui lui préfèreraient Joe Biden.

Un trésor de guerre.

On n’en est pa encore là et la machine judiciaire, hydre à plusieurs têtes, risque d’être mise en défaut, à cause du nombre d’avocats dont Trump dispose et de son trésor de guerre généreusement abondé par ses fans. La crise américaine est donc aigüe. Trump doté d’un second mandat, c’est la fin de l’Ukraine, complètement dépendante des États-Unis pour sa défense, c’est un rappochement possible avec Moscou et la Corée du Nord, et un élargissement des responsabilités européennes vis-à-vis de l’Ukraine. Le problème, c’est que, en Amérique, tout peut arriver, qu’un président criminel peut être élu, qu’il peut être mis en prison et gouverner et qu’il peut réduire en cendres les relations avec ses alliés d’un trait de plume s’il a une majorité au Congrès.

Nous ne sommes que des spectateurs. 

Si Biden l’avait souhaité, le parti démocrate aurait pu choisir un ou une candidat (e) plus jeune et plus fort(e). On en revient au constat permanent : nous sommes tous concernés par les élections aux États-Unis, y compris les Ukrainiens qui voteraient la reconduction de Joe Biden. Mais la dérive permanente de Trump, les fraudes auxquelles il s’est livré, cette sorte de candeur qui émaille ses mouvements les plus malsains font que nous sommes de simples spectateurs, incapables de décider de notre propre sort sous le prétexte que celui des citoyens américains a des conséquences immédiates sur notre destin.

Quand les républicains se réveilleront.

Quand les électeurs américains, les médias, le parti républicain se rendront-ils compte qu’ils sont à la fois la risée et l’épouvantail de leurs alliés et qu’un consensus est nésessaire entre républicains et démocrates pour éliminer Trump de la course à la présidence et l’abandonner à une justice avide de lui rappeler le droit ? L’Amérique à ce don de pousser une crise en l’alimentant avec tous les ingrédients possibles, politiques, juridiques, fiscaux et autres. Trump est un violeur, un subversif, un homme prêt à acheter des suffrages et à obtenir un pouvoir illégitime. Il doit être vaincu par la société américaine.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Trump en fin de course

  1. Jean Vilanova dit :

    La fatigue démocratique mine aujourd’hui l’Occident, Etats-Unis en tête. Notre monde, celui des nations libres, semble avoir perdu sa boussole. Bercé depuis tant de décennies dans le confort, il s’ennuie, notre monde, et d’un ennui minéral ! Les grands débats d’idées n’intéressent plus personne. Les confrontations du type Péguy contre Jaurès ou l’Europe des Nations du général de Gaulle contre celle, fédéraliste, de Jean Monnet ? C’est trop fatiguant. On leur préfère mille fois la pensée molle et les idées étiques des philosophes et sociologues de salon et autres brasseurs de vent qui pérorent sans fin à la télévision devant des journalistes au sourire niais. Ah oui, il arrive que l’on s’insurge, car il le faut bien. Par exemple, après l’élection de Trump en 2016, un écrivain américain bien en cours dans notre pays (Douglas Kennedy) n’a-t-il pas déclaré qu’il s’agissait du plus grand choc de sa vie ? Et alors ? Et après ? « What else ? » comme le dit la publicité… Dîtes-donc, M. Kennedy, nous ne sommes plus dans une cour de récréation à pleurnicher devant le chenapan qui a chipé le sac de billes… Comment en est-on arrivé là ? Comment s’en sortir ? On argumente. On explique. On ouvre des perspectives autres que celle de l’indignation stérile et de la communication, pardon, de la « com » qui nous conduit au reniement du sens critique et de l’intelligence. Une « com » qui nous tue à petit feu. Alors j’en reviens à l’ennui minéral. Nos sociétés ont hélas choisi le pire pour s’en extraire : l’encanaillement auprès de brutes, de voyous, de bonimenteurs, aux Etats-Unis comme ailleurs. Une plongée vers l’abîme.

  2. Laurent Liscia dit :

    1. En l’état, les républicains ne se réveillent pas. Au contraire, ils s’enfoncent dans le cauchemar puisqu’ils sont convaincus que les problèmes de Trump sont le résultat d’une chasse aux sorcières. Caitlyn Jenner (l’ancien décathlonien Bruce devenu Caitlyn, et père d’une partie des Kardashian, qui font partie de la maladie américaine) n’a-t-elle pas déclaré qu’elle n’avait jamais eu autant honte des Etats-Unis qu’à l’annonce de cette quatrième inculpation?
    2. Trump est totalement dépourvu de morale, donc ni la moralité ni la constitution ne dicteront son choix. En revanche, s’il est en plein milieu d’une démarche juridique, il pourrait ne pas obtenir un report de processus. Ses avocats sont nombreux certes. Ils ne sont pas bien futés, et se sont révélés incompétents … Pensons à ce brave Rudy Giuliani, qui est devenu une espèce de caricature gigotante.
    3. Ce qui va se passer : il n’y aura pas d’autre inculpation, la crispation républicaine va se relâcher dans les trois mois, d’autres candidats plus solides que Chris Christie se déclareront et recupèreront forcément une partie du financement de la campagne à droite. Il nous reste quand même quinze mois jusqu’à l’élection, une éternité en politique. Ce qui ajoute au suspense, c’est la fragilité (surtout physique) de Biden. Notons quand même que malgré son faible taux d’approbation, sa politique économique a plus ou moins réussi, puisque nous avons évité la récession mondiale. Les Américains seront sensibles à cet argument, plus qu’a tout autre. Quant à la masse des indécis, de ces gens qui ne semblent pas capables de se faire une idée sur le sort de la démocratie jusqu’au moment où ils contemplent leur bulletin, ils ne voteront JAMAIS pour un criminel. Ce n’est pas tant la main dans le sac qui les dérange, c’est qu’on ait attrapé le délinquant. « On l’aime bien ce Trump, et son franc-parler – mais là, il fait trop de remous. »

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