La Nupes part en quenouille

Mélenchon présente des arguments
(Photo AFP)

Dans cet été accablant de chaleur, l’unité de la gauche que l’on croyait implacable depuis qu’Emmanuel Macron n’a plus qu’une majorité relative, est en train de perdre sa pertinence. En effet, les sénatoriales, qui ont lieu à la fin du mois prochain et les européennes de 2024 apparaissent comme des facteurs de division pour la gauche.

IL Y A des mois que le parti communiste a pris le large et des semaines que EELV et le PS se demandent s’ils doivent continuer à accepter l’hégémonie de la France insoumise. On ne sait pas si leurs querelles affectent l’électorat et les sondages montrent que, unis ou pas, les quatre partis de la gauche feraient le même score minoritaire. Il ne s’agit pas que de rumeurs, d’intentions ou d’arrière-pensées. Un exemple : LFI n’a aucun sénateur et tout a été fait à gauche pour qu’elle ne présente aucun candidat aux élections sénatoriales qui ne se font pas au suffrage universel mais concernent seulement de grands électeurs choisis parmi des personnes déjà élues. En d’autres termes, c’est plus un système de cooptation qu’une élection classique.

La spirale de la division.

Si le sujet mérite qu’on l’examine, c’est parce que, loin de les rassembler pour étudier les conditions de l’union de la gauche, la querelle entre Mélenchon et Faure se passe sur Twitter. Le chef du PS déclare dans un tweet que le soutien apporté par Sarkozy à Darmanin montre que la campagne électorale a déjà commencé. « À la gauche et aux écologistes, poursuit M. Faure, de ne pas tomber dans la spirale mortifère de la division ». M. Mélenchon riposte en jurant que les socialistes tiennent un « double langage ». « Ils veulent faire l’union en divisant aux sénatoriales », ajoute-t-il.

Soyons plus discrets.

M. Faure n’a pas tort de rappeler au chef de LFI qu’il a son numéro de téléphone. « On se voit quand tu veux. On n’a pas beseon de s’invectiver sur Twitter. » Mélenchon n’est pas exactement le plus candide des leaders politiques, mais il n’a pas tout à fait tort quand il dit que, pour les européennes, les Verts, le PS et le PCF ont conclu un accord qui exclut LFI. C’est l’idée même d’une unité renforçant la force numérique de la Nupes qui est battue en brèche, pour toutes les raisons que nous avons signalées. Plus le temps passe, plus Mélenchon s’exprime dans son langage singulier et plus l’isolement de LFI s’accroît. LFI fait un constat sévère : zéro sénateur pour LFI, 64 sénateurs pour le PS.

Une gauche minoritaire.

Bien entendu, ce déballage de contradictions et de polémiques aura des conséquences négatives pour la gauche dont tous les sondages montrent qu’elle reste minoritaire. Et d’une manière qui semble irrémédiable. Cependant, Olivier Faure ne peut pas prétendre qu’il représente la totalité du PS. Il est vivement concurrencé par Bernard Cazeneuve, l’ancien Premier ministre, qui s’efforce de constituer un courant différent du sien.

Toile de fond.

Quand on mesure ce que la majorité relative a coûté à la macronie, on devine que les résultats électoraux à venir mettront la gauche en pièces et que ces pièces seront soumises à un mouvement centrifuge. Il faut tenir compte de la toile de fond : la gauche est structurellement minoritaire, les effectifs d’élus risquent de diminuer et une majorité présidentielle ne peut être trouvée que dans une alliance du centre et de la droite républicaine.

RICHARD LISCIA

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