Zelensky et son épouse Olena au Parlement danois ce matin
(Photo AFP)
Pendant le week end, Volodymyr Zelensky s’est rendu en Hollande et au Danemark pour visiter les sites où se trouvent les avions américains F-16 qui lui ont été promis, avec l’aval des États-Unis.
C’EST une nouvelle dont le président ukrainien a fait grand cas, mais les promesses hollandaise et danoise ne seront tenues que dans quelques mois quand les pilotes ukrainiens seront formés et qu’ils participeront utilement à la guerre. Le tableau conjoncturel n’en est pas moins pessimiste. Il s’agit d’une guerre d’usure où la Russie sacrifie des milliers d’hommes avec la plus parfaite indifférence alors que l’Ukraine de son côté s’efforce d’épargner ses combattants.
Une asymétrie inquiétante.
Ce tableau général ne peut changer, effectivement, que si l’Ukraine dispose en quantités suffisantes d’armes sophistiquées. Elle doit, parallèlement, mettre à l’abri ses civils, constamment bombardés, et harcelés dans un pays où le seul fait de sortir de chez soi est risqué. On ne peut pas constater cette asymétrie sans crier au scandale. La guerre a fait exploser les principes censés la régler et c’est pourquoi Zelensky s’efforce, sans grand succès, de bombarder le territoire russe. Moscou dénonce à grands cris une tactique ukrainienne qu’il a pourtant inventée en attaquant les civils, restaurants, cinémas, théâtres, maternités, hôpitaux et j’en passe.
Une égalité dans la souffrance…
Mais le président ukrainien espère moins remporter une victoire qu’infliger aux Russes des pertes qui, en quelque sorte, établissent une égalité des souffrances dans les deux camps. Les drones ou missiles largués par l’Ukraine contre Moscou ont une portée plus politique que militaire. Il s’agit de montrer au peuple russe, qui ne finira jamais de payer sa culpabilité dans l’affaire, qu’il doit demander des comptes à Vladimir Poutine. Le rapport de forces finira par s’inverser, sans doute dans deux ou trois mois, au détriment de la Russie. Et les soutiens occidentaux au gouvernement de Kiev se renforceront.
Notre responsabilité.
Rien, dans les perspectives diverses et parfois contradictoires que l’on peut tirer de la conjoncture militaire ne permet d’envisager une solution qui ne soit pas, pour Zelensky, une reddition, pure et simple. Ce n’est donc pas le moment, pour les Occidentaux, d’exprimer leurs états d’âme et de se poser des questions sur la suite des événements. L’enjeu, ce n’est pas l’Ukraine, c’est le sort de l’Europe. Nous devons tout à ces malheureux qui meurent certes pour leur liberté mais aussi pour la nôtre. Et si la guerre est intolérable pour les Ukrainiens à cause du sang versé, cela ne signifie qu’une chose : nous devons concourir à l’abréger.
Une Russie bientôt exsangue.
Vladimir Poutine a déjà perdu cette guerre, il faut le répéter sans cesse non dans un effort de propagande de type totalitaire mais parce que c’est la vérité absolue. Quelles que soient les pertes qu’il inflige aux Ukrainiens, il a été pris de court par leur résistance et, du coup, le voilà qui ruine son pays pour les battre. Non seulement il ne les battra pas mais il va se retrouver avec une Russie exsangue dont les peuple finira pas lui poser des questions.
Pieds-nickelés.
De la même manière, Poutine est engagé dans une sorte d’affrontement qui ne dit pas son nom dans ses rapports avec la Biélorussie et avec Wagner. On ne sait pas trop où en sont ces trois pieds-nickelés que sont Poutine, Loukatchenko et Prigojine, mais on apprend que les miliciens de Wagner refusent de rester en Biélorussie et retournent en Russie. Qu’est-ce qui a empêché Poutine de faire abatttre Prigojine, sinon quelque secret au moyen duquel le second fait chanter le premier ? On voit bien que cette guerre est une affaire de voyous, de mafia et de gangsters qui font le mal pour avoir de l’argent, et même beaucoup d’argent. Ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas assez féroces qu’ils perdent la bataille, c’est parce qu’ils représentent la lie de la société.
RICHARD LISCIA