Un cas d’antisémitisme

Médine en action
(Photo AFP)

La rentrée des Verts et de La France insoumise est empoisonnée par une polémique qui vaut par l’éclairage qu’elle apporte sur les affres de la gauche, si torturée par les idées de l’extrême droite qu’elle finit parfois par la rejoindre.

RIEN n’est plus difficile, en France, que d’appeler un chat par son nom. Médine est un rappeur, fonction qui ne le met pas à l’abri de quelques dérapages antisémites. Il s’en est pris à Rachel Kahn, écrivain et essayiste dont les aieux périrent dans les camps de la mort et il s’est amusé un jour à faire une quenelle en compagnie de Dieudonné. Ce qui s’appelle antisémitisme, et ce pourquoi il a demandé qu’on veuille bien lui pardonner. Le pardon est réservé non pas à ceux qu’il a choqués mais à des gens, comme Mme Kahn, dont il s’est si injustement moqué.

Les exaltés dominent.

L’affaire se complique avec le fait que Les Verts lancent le week end prochain le lancement de leur campagne des élections européennes et qu’ils se querellent aujourd’hui sur le maintien de l’invitation à Médine ou son expulsion polie des festivités vertes. C’est un moment politique important, car les écologistes ont le vent en poupe pour les européennes et que, s’ils veulent arriver en tête, ils doivent présenter un bilan impeccable. Tous les Verts ne sont pas de la même eau, mais le courant exalté, favorable à Médine en fonction de cette dérive qui pousse la gauche jusqu’à épouser les idées antisémites, domine la situation pour son plus grand malheur.

Voter ailleurs.

Mais quoi ? se demandera-t-on. Si les Verts sont de gauche, ils ne peuvent pas accepter la présence d’un rappeur antisémite, qu’il se soit excusé ou pas. Et on peut en dire autant à chef de LFI, Jean-Luc Mélenchon, encore et toujours adorateur de Poutine et de Chavez. Ce que l’affaire Médine révèle, c’est d’abord que la confusion n’a jamais été aussi grande dans les partis ; que l’extrême gauche empoisonne les choix de la gauche ; que les extrêmes se rejoignent pas les deux bouts, et que, pour éviter les sables mouvants du mélange des genres, il vaut sans doute mieux voter pour d’autres.

Un délit.

Ce n’est pas pour autant que les Verts n’aient pas une légitimité  politique dans une période où l’on suffoque de ne ps les avoir écoutés plus tôt. Dans leur domaine, ils sont excellents et c’est au moment de faire de la politique qu’ils deviennent exécrables. Il est temps de dire que des hommes comme Médine doivent être boycottés, qu’ils n’ont pas leur place dans notre société , que l’antisémitisme ne relève plus de la liberté d’expression et qu’il s’agit d’un délit puni de prison.

« Plus jamais ça ! »

Tout le pays scrute l’horizon pour chercher les signes de son avenir. Commençons plutôt à balayer devant notre porte. Cherchons déjà une majorité contre l’antisémitisme, elle est à portée de la main. Mais n’allons pas soutenir  des personnages qui pourraient être élus malgré leur antisémitisme, ce qui banaliserait celui-ci. Faisons nôtre le slogan « plus jamais ça ! ». Il n’existe pas de stratégie miracle qui nous donnerait des élus irréprochables mais dont la parole est teintée d’antisémitisme ou de racisme. Les forces rétrogrades sont assez nombreuses pour que nous choisissions des représentants déjà purs. Il n’est d’ailleurs pas impossible d’en faire une condition de l’égibilité. Ne peut être élu que celui dont on est certain qu’il n’a pas de tendance raciste ou xénophobe. S’il est moins bon pour le reste, c’est moins grave.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Un cas d’antisémitisme

  1. Laurent Liscia dit :

    Les écologistes jouent un jeu très dangereux. Ils sont porteurs du message le plus important pour l’avenir de la planète ; et leur discours compte parmi les plus risibles, parfois – et si maintenant on frôle le racisme et l’antisemitisme … Il va falloir réparer cette dichotomie.
    Le cas Médine: je viens d’entendre une émission sur la radio publique américaine au sujet des rappeurs. En majorité noirs et latinos aux États-Unis ; et en majorité misogynes et homophobes, souvent antisémites; et maintenant on trouve même des rappeurs pour soutenir Trump. Cette derive n’est pas propre aux Etats-Unis. Le rap véhicule trop souvent une ideologie intolérante sous couvert de message politique sur l’oppression. Il est temps de dénoncer cette dérive à gauche.

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