L’abaya, la foi et le sexe

Les abayas ont même leurs défilés de mode
(Photo AFP)

Le port de l’abaya, longue robe qui recouvre tout le corps féminin, se répand en France. Le nouveau ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, l’a interdit à l’école.

LES VÊTEMENTS à usage protestataire sont depuis des décennies les instruments auxquels les islamistes ont recours non pour obéir à un précepte religieux mais pour tenter, chaque fois, de remettre en cause la laïcité qui est le fondement de la République. L’abaya n’a pas surgi du néant. Les tentatives pour enterrer les musulmanes de France dans la burqa ont été multiples et insistantes. Il a fallu des mois et même des années de discussions pour convaincre des minorités agissantes qu’elles ne pouvaient pas imposer leur point de vue au reste de la société française.

Non à l’abaya.

Gabriel Attal a fait ce que son prédécesseur, Pap N’Diaye, n’a pas osé faire. Car chaque fois que les islamistes reviennent sur la mode féminine, éclate une polémique interminable. Cette fois, la prise de position du gouvernement est claire : c’est non à l’abaya à l’école. Ce qui est regrettable, ce n’est pas tant que des islamistes irréductibles testent la fermeté du gouvernement en la matière. C’est que beaucoup de Français, surtout à gauche, sont favorables à l’abaya, comme ils l’étaient aux diverses dispositions destinées à isoler et infantiliser la femme musulmane.

Les amis de Dieu.

Il est facile de reprocher aux défenseurs de la laîcité leur intrusion dans la vie des familles. Leur attitude n’est dictée que par leur soutien à l’épanouissement de la femme qui, aux yeux d’exégètes malhonnêtes, serait contraire au Coran et, bien sûr, à la volonté de Dieu. Le nombre de gens qui fréquentent Dieu et recueillent ses instructions est très élevé dans toutes les religions. Et dans toutes les religions, ils s’opposent aux libertés de la femme, ou plus exactement ils ne veulent pas d’un statut égal pour les femmes et pour les hommes.

Une jalousie féroce.

Si, en outre, ils évoquent des vêtements recouvrant la totalité du corps féminin, c’est par crainte de voir les femmes exercer en public leur pouvoir de séduction. Cette crainte s’est transformée en pathologie, comme si, eux-mêmes étant susceptibles de céder à la tentation, ils voulaient que la sexualité disparaisse du champ public. Autrement dit, le problème qu’ils soulèvent est le leur et ils devraient commencer par se soigner avec un médicament capable d’apaiser leurs pulsions.

De la chair à consommer.

Abaya ou burqa sont les deux aspects identiques de la crise des sociétés musulmanes. Elles entraînent la sujétion de la femme : elles créent un décalage entre une sexualité masculine en train d’exploser et une sexualité féminine qui ne peut s’exprimer que grâce à la patience et à la douceur de l’homme. Cependant, la femme cachée n’a besoin ni d’être aimée, ni d’être séduite. C’est de la chair à consommer sans attendre. Il se peut que des hommes, malgré le système, finissent par aimer leur épouse (s’ils n’en ont pas plusieurs), mais les cas sont rares là où le mot d’ordre est la haine de l’Occident.

Une refoulement collectif.

Cette volonté insistante d’envelopper le corps féminin dans un grand voile informe est donc liée à un sérieux phénomène de refoulement collectif. C’est parce qu’un certain nombre de musulmans voient leurs femmes comme une possession et qu’ils en sont jaloux qu’ils trouvent dans le Coran de quoi justifier leur comportement maladif. La grande politique déterminée par le sexe ? Pourquoi pas ?

Le mystère.

Enfin, persiste un mystère que je ne parviens guère à élucider. Les musulmanes de France ont le choix : elles ont la possibilité d’accompagner la modernité laïque ou celle de rejoindre le destin des Iraniennes  ou des Saoudites. N’ont-elles pas constaté que des Iraniennes meurent pour ne pas porter le voile ? Comment ne pas décider de  leur montrer un minimum de solidarité ? Comment leur refuser une manière de vivre qui les affranchirait des maîtres à penser de leur communauté qui sont les pires Tartuffe que l’on puisse citer ?

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à L’abaya, la foi et le sexe

  1. Jean Vilanova dit :

    L’annonce par Gabriel Attal d’une interdiction de l’abaya dans les écoles suscite comme cela était prévisible débats et polémiques. Nourri dès l’adolescence aux Lumières, à ce titre j’ai rapidement préféré le scepticisme de Diderot au pré-romantisme balourd de Rousseau. Puis j’ai continué de grandir auprès de mes maîtres en littérature et en philosophie. Et Camus reste le premier d’entre eux ; Camus dont chaque jour je continue de chérir la pensée et le souvenir. Suis-je hors sujet, M. Liscia par rapport à votre sujet du jour sur l’abaya et sa symbolique ? Je ne le crois pas. En effet, désormais au seuil de la vieillesse, citoyen viscéralement attaché aux valeurs républicaines j’ai une opinion bien tranchée. Ceci n’exclut ni le débat ni la confrontation des arguments sauf quand je lis dans la presse que la députée LFI Clémentine Autain et son collègue Thomas Porte fustigent une mesure relevant de « la police du vêtement ». Je croyais qu’une telle police sévissait – jusqu’à en emprisonner et tuer des femmes – plutôt en Iran, en Afghanistan et ailleurs. Qu’affichent donc ici cette députée et son collègue ? Leur aveuglement militant, leur indécence, leur inculture ou tout simplement leur bêtise ? Sans aucun doute, les quatre à la fois.

  2. Lefrançois dit :

    Bravo, Richard Liscia, magnifiquement dit et tout y est. Pourvu que le ministre Gabriel Attal vous lise, et que M. Macron, par démagogie et faiblesse ne l’oblige pas à reculer sur ce sujet.
    Dr Jérôme Lefrançois

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