La subversion par l’abaya

Mathilde Panot en acrion à l’Assemblée
(Photo AFP)

Les signaux convergents émis par l’action anti-laïque à l’école se multiplient. Le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a interdit l’abaya, et on verra en ce jour de rentrée combien d’établissements respectent la consigne. M. Attal estime à 513 le nombre des écoles qui seraient concernées.

LES MOTIVATIONS de celles qui veulent porter l’abaya sont nombreuses et variées : il y a les filles musulmanes qui cèdent à la pression du foyer, dominé par le père et les fils. Mais il y a aussi celles qui estiment faire leur devoir, c’est-à-dire défier la République et en finir avec l’unité laïque à l’école. Ce n’est pas anecdotique ; ce qui est en jeu, c’est l’unité de la République au sein de laquelle seraient créées des enclaves où les convictions religieuses l’emporteraient sur le principe de laïcité.

Abaya interdite.

Succédant à Pap N’Diaye, qui n’a pas réagi au port de l’abaya, M. Attal l’a interdite purement et simplement, ce qui a pour effet de clarifier le débat. Il est combattu par un concert de critiques, de la France insoumise et d’EELV, qui retournent contre lui sa propre argumentation. L’abaya serait en conséquence un signe, certes religieux, mais qui démontrerait l’aspiration à la liberté des jeunes musulmanes. L’interdire reviendrait à supprimer la liberté de cacher leur corps.

L’ascension de l’antisémitisme.

Il s’agit d’une action concertée qui se développe dans un climat d’autant plus croissant que des manifestations de l’antisémitisme se multiplient dans le pays. Les antisémites ne craignent pas de s’attaquer « aux juifs » en général sous couvert d’antisionisme. La profession de foi de la neutralité des Français juifs dans le conflit israélo-palestinien ne convainc pas grand-monde dans la communauté musulmane. Comme dans les années quarante, il s’agit de décrire les juifs en tant que monstres non-assimilés à la société laïque. Là encore, on observe un retournement de l’argumentation susceptible de prouver que l’antisémitisme est un chemin sûr vers la liberté et la fraternité.

Dialogue avec un rappeur.

Les pouvoirs publics combattent ces dérives en s’appuyant sur la loi. En revanche, la cheffe des Insoumis à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot a tenu à recevoir et à dialoguer avec la rappeur Médine lors des Journées d’été de LFI. De leur côté, la plupart des Verts n’ont rien trouvé à redire aux chansons antijuives de Médine. Il ne peut y avoir de l’antisémitisme là où il n’est question que de culture et de liberté d’expression. On songe à ces vernissages où de vieux barbus vous expliquent dans un langage incompréhensible la grandeur de l’artiste. Le plus remarquable est qu’une forte partie de la gauche adhère à cette analyse et fait le lit d’un antisémitisme fabriqué avec des mensonges, de mauvaises intentions et de la malhonnêteté.

Une valeur de remplacement.

Le pire, dans cette affaire, c’est la vitesse cinétique de l’intolérance qui court sans frein dans les foules et a adopté le visage de la bonne et honnête bourgeoisie. L’antisémitisme sous couvert d’antisionisme est devenu la valeur républicaine de remplacement. La religion, affaire privée, devient publique et prosélyte. On chasse à la fois les juifs de France, ceux qui le défendent et les promoteurs de la laïcité. On met en péril l’éducation des enfants. Ces facteurs de division doivent être détruits de manière impitoyable avec les moyens qu’offrent les institutions.

RICHARD LISCIA

 

 

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Une réponse à La subversion par l’abaya

  1. Jean Vilanova dit :

    La survie des démocraties passe par la fermeté contre tous ceux qui les haïssent. Si les Ukrainiens ne s’étaient pas levés, si l’Occident ne les avait pas soutenus (à mon sens, avec trop de pusillanimité néanmoins), ce pays serait aujourd’hui sous la coupe du tyran russe et de sa mafia qui lorgneraient déjà sur la Géorgie, la Moldavie en attendant la suite car « la Russie n’a pas de frontières » selon les dires de Poutine lui- même. La fermeté doit partout s’exercer, dans le respect de lois qui protègent. C’est l’honneur de la démocratie. Chez nous, cette histoire d’abaya ne trompe personne. Il s’agit d’une nouvelle et grossière provocation de l’islam politique. Celui-ci teste sans répit la résistance de la République. Réellement, cette histoire ne trompe personne, pas même Mme Panot et sa bande tellement occupées à draguer « le vote musulman ». Malheureux musulmans pris ainsi en otage et qui méritent bien mieux que ces vociférateurs dont certains ne cachent même plus leur antisémitisme ! Je trouve tout cela écoeurant. C’est pourquoi je salue Gabriel Attal, un ministre courageux, ce qui nous change de son prédécesseur, wokiste de salon aux convictions laïques en carton-pâte. Partout et depuis toujours, les accommodements, les compromissions, en d’autres termes les lâchetés conduisent au désastre. Dans un monde qui semble perdre la mémoire, le danger est grand d’un bégaiement de l’histoire.

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