Abbas : retour aux sources

Mahmoud Abbas
(Photo AFP)

À la fin du mois d’août, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a prononcé un discours antisémite qui a été dénoncé par l’Union européenne et plus particulièrement par le gouvernement allemand.

LA LENTEUR des réactions en Europe et ailleurs témoignent de l’indifférence mondiale à l’égard du sort des Palestiniens. Mahmoud Abbas ne surprend aucun des observateurs des événements au Proche-Orient. Dans sa jeunesse, il a publié sciemment une thèse universitaire faisant l’apologie du négationnisme. En 2021, il s’est lancé, à Berlin, dans une vaste analyse accusant les Israéliens de génocide. La surprise ne vient donc pas de la teneur de ses propos mais de sa volonté farouche d’entrenir la flamme de l’intolérance chez les Palestiniens.

Un lourd contentieux.

Bien entendu, le « président » de l’Autorité palestinienne (il a été élu il y a des lustres à ce poste mais s’est bien gardé de se soumettre une seconde fois aux urnes) a, avec Jérusalem, un contentieux extrêmement lourd. Usé par le temps, il a perdu son aura de leader charismatique. Mais il a toujours été le joker d’une éventuelle négociation. On pouvait donc nourrir l’illusion qu’il protègerait ce statut. Il n’en est rien. Il craint le Hamas autant
qu’Israël et préfère dilapider son capital de modération pour doubler les extrémistes de Palestine.

Chercher un interlocuteur en prison.

Il ne faut pas être politologue pour constater que sa stratégie diplomatique, si on peut appeler ainsi son action personnelle, ne va nulle part. Abbas, âgé de 88 ans, a clairement perdu la main et ne représente que lui-même, un homme naguère respecté par tous mais humilié aujourd’hui alternativement par Israël et par le Hamas. Les têtes politiques ne manquent pas dans le camp palestinien et c’est là que le gouvernement israélien devrait chercher de meilleurs interlocuteurs. Ce ne serait pas la première fois qu’un État trouverait un bon porte-parole parmi les détenus politiques. Âgé de 61 ans, détenu depuis 19 ans, Marwan Barghouti, qui a participé à toutes les intifadas, saurait tenir publiquement un langage susceptible de faire table rase d’un passé très douloureux.

État de droit.

En attendant ce moment historique, les Israéliens sont dressés depuis plus d’un an contre le projet de Benjamin Netanyahu d’accorder l’immunité judiciaire aux élus de la Knesset (Assemblée), ce qui constitue une atteinte insupportable à l’État de droit. D’un côté, on se réjouit de cette formidable bataille pour le maintien de la démocratie en Israël ; de l’autre, on ne voit pas Netanyahu céder, en dépit de ce que ses méthodes inspirent au peuple israélien.

Illusions.

Le paysage politique israélien dément toutes les illusions que, sous le coup de l’émotion, nourrissent partisans et détracteurs du gouvernement. Non, Israël n’est pas le pays de l’apartheid. Oui, il exerce une violence parfois énorme pour se défendre contre ce qui est du terrorisme pur et simple. Traiter ce problème, qui date de 75 ans, avec des œillères idéologiques, c’est alimenter une guerre interminable. C’est même aller à l’encontre de l’objectif recherché. Traiter les Israéliens de nazis retarde la paix. Croire qu’il est possible de vaincre militairement, fût-ce avec des moyens nucléaires, c’est s’assurer du retour de tout le Proche-Orient à l’âge de pierre.

Un conflit anachronique.

Les Palestiniens méritent mieux que cette perspective suicidaire. Israël a besoin de dire où est sa frontière, de confirmer qu’elle longe la Cisjordanie. Il est simplement logique, sinon exaltant, de donner un État aux Palestiniens, quand on sait combien de peuples moins industrieux sont représentés aux Nations unies. Le pire, dans cette affaire qui remonte à 1948, c’est que personne ne voit combien Israéliens et Palestiniens sont complémentaires, combien leur rapprochement accélèrerait la reconstruction de la Cisjordanie et de Gaza. D’autant que les succès de la diplomatie arabe de Netanyahu ne sont pas négligeables. La guerre, la haine, le songe de la victoire sont obsolètes, anachroniques. Encore faut-il que les deux camps s’en rendent compte.

RICHARD LISCIA 

 

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2 réponses à Abbas : retour aux sources

  1. Alan dit :

    Puissiez-vous être entendu…

  2. Laurent Liscia dit :

    100%: Marwan Barghouti

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