Un séisme géopolitique

Des volontaires retirent un cadavre d’un immeuble effondré
(Photo AFP)

Le tremblement de terre qui a ravagé la région de Marrakech, a tué près de 2500 personnes et en a blessé plus de 2000, a déclenché trois jours de deuil national au Maroc. Avec une soudaine irruption des bonnes volontés diplomatiques.

LE PREMIER exemple qui vient à l’esprit est celui de la France froissée il y a quelques années de ce que le Maroc eût utilisé un logiciel israélien, le Pegasus, pour esprionner le gouvernement français. L’occasion est ainsi donnée à notre gouvernement de passer outre et de renouer avec le pouvoir marocain. Mais le plus surprenant, c’est l’offre immédiate et chaleureuse de l’Algérie d’acheminer des secours et de tout faire pour alléger la souffrances de Marocains. Rabat, noyé dans les propositions d’aide étrangère, a eu du mal à leur donner une réponse claire. Il est cependant évident que le Maroc représente, aux yeux du monde entier, un pays stable et solide auquel on peut faire confiance.

L’Algérie renoncera-t-elle à la « rente mémorielle » ?

Ce qui oppose l’Algérie au Maroc n’est pas un dossier négligeable. La première refuse au second « l’occupation » du Sahara occidental qu’elle voudrait libre et indépendant. Ce conflit a donné lieu à une surenchère qui n’a pas cessé, étant entendu que les Algériens ne sauraient être exclus de ce qui concerne le Sahara. Tous les rapprochements et toutes les ruptures avec le Maroc depuis des décennies ont pour fondement le Sahara occidental et le Front Polisario. L’idée même qu’une solution devient possible à la faveur d’échanges diplomatiques entre le Maroc et l’Algérie, peut modifier l’attitude d’Alger, voué à une « rente mémorielle » et comme isolé par son passé.

Israël et le monde musulman.

Les relations entre Israël et le monde musulman vont changer forcément et des passerelles seront posées, par exemple, entre l’Algérie et Israël, et aussi entre l’Algérie et le reste du monde arabe,  dont les dirigeants souhaitent augmenter leur activité économique et échapper enfin à des conflits devenus anachroniques. La France elle-même doit battre le fer tant qu’il est chaud. Ce qui explique que, au-delà de la douleur du peuple marocain (qui doit être secouru rapidement si on veut éviter la déstabilisation du Maroc), les chancelleries travaillent nuit et jour pour que des intiatives soient prises par les principaux pays arabes.

Une occasion.

Le royaume n’ignore pas les « ouvertures » créées par le tremblement de terre. D’une part, il tente de se sortir seul du désastre ; d’autre part, il sait qu’il doit répondre à des gestes amicaux qu’il n’avait pas reçus depuis longtemps. Le contexte géologique est ignoré, non pas que les Marocains oublieront vite leur malheur, mais parce que les survivants auront de nombreuses tâches à accomplir dans toute la période post-séisme. Le tremblement de terre de Marrakech apporte donc de l’eau au moulin de la diplomatie, efface les résistances à l’apaisement et crée des occasions pour les dirigeants politiques.

RICHARD LISCIA

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