Ukraine : l’Occident essoufflé

Zelensky doite de ses alliés
(Photo AFP)

La guerre est-elle trop violente, trop ensanglantée, trop coûteuse pour les Ukrainiens ? Non, ce sont leurs alliés qui souffrent, doutent, donnent des conseils stratégiques, fixent un calendrier pour la victoire finale ou soulignent les sautes de caractère de Volodymyr Zelensky. 

IL NE FAUT PAS minimiser la dérive des pays qui se sont rangés du côté ukrainien dès le début de la guerre. Elle obère les livraisons d’armes, elle crée entre alliés un climat plus querelleur  qu’efficace, elle fait le bonheur de Poutine. C’est un jeu dangereux, celui qui consiste à décortiquer l’action des Ukrainiens à chaque minute. Ils avancent, non, ils reculent ! Ils doivent gagner cette guerre, mais c’est impossible quand on pense aux moyens humains et matériels mis en œuvre par Poutine.

La nature même de l’ennemi.

Nous devrions mieux connaître notre catéchisme ukrainien. Ne pas oublier, jamais, que ces malheureux se battent pour nous et à quel prix. Qu’ils se contentent de revendiquer leur droit inaliéniable à la liberté. Qu’ils ont affaire à un ennemi d’une sauvagerie inouïe. Qu’à chacun de ses revers militaires, Poutine parle de lancer une attaque nucléaire. Qu’il est donc un danger pour nous tous et pas seulement pour les Ukrainiens. Que face à un homme qui ne respecte aucune règle, auteur de crimes de guerre et contre l’humanité, nos audaces ne sont pas téméraires, elles sont simplement adaptées à la nature même de l’ennemi, à sa cruauté, son cynisme, ses menaces.

Bousculer Poutine.

« Ils auront la guerre et l’indignité », s’ils signent un traité de paix avec Hitler, disait Churchill en 1938 après que les alliés eurent conclu un accord très accommodant pour l’Allemagne nazie. C’est ce qui nous guette aujourd’hui. La subtilité diplomatique n’a rien à voir avec la monstruosité russe. Nous devons bousculer Poutine, lui rappeler que nous pouvons vitrifier Moscou ou Saint-Petersbourg, car c’est un langage qu’il comprend très bien. À sauvage, sauvage et demi.

Le cas de l’Inde et du Brésil.

Notre résistance à l’agression russe nous coûte infiniment moins cher que celle des Ukrainiens. Elle nous coûte en armes et en munitions, pas en vies humaines, mas en insécurité. Nous voyons parfaitement que Poutine ne met pas ses menaces à exécution. Pas fou, le maître du Kremlin. Il crée une géographie du crime qui interdirait aux juges d’examiner le dossier, de lui dire le droit international, de le mettre au défi. L’autre idée ravageuse serait qu’en soutenant Zelensky, nous nous fâcherions avec de grands pays, comme l’Inde ou le Brésil. Honte à eux. Ils ont choisi le diable et lui accordent une aura divine. Ils porteront cette responsabilité longtemps après la guerre.

Rien à perdre.

Le choix de la décence, le réflexe de l’indignation, celui de la détermination nous sont imposés par nos consciences. Dans un accès de faiblesse, nous savons que le courage nous lâche, et pourtant, ce que nous avons à perdre est dérisoire par rapport à ce qu’ont à perdre les Ukrainiens. L’Ukraine n’est pas Taïwan, elle est proche, elle au cœur de l’Europe, avec nous, et ils sont admirables, jeunes français ou européens, qui répondent à l’appel ukrainien, sans même réfléchir, en se précipitant vers l’Ukraine pour y combattre le mal historique, l’inhumanité, l’expression de la plus abominable des sauvageries.

RICHARD LISCIA

 

 

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2 réponses à Ukraine : l’Occident essoufflé

  1. Jean Vilanova dit :

    Ah oui, elle est belle la « Grande Russie » de Poutine ! Et tellement faible, obligée de frayer avec des pays comme l’Iran ou la Corée du Nord dans le cadre de marchandages entre brigands, des brigands qui ne sont que des couards isolés, hier apeurés face à un virus, aujourd’hui n’osant même pas voyager en avion. Face à de telles évidences, certains parmi les occidentaux sont-il aveugles ? En appui à des ukrainiens qui se battent aussi pour nos libertés, ne comprennent-ils pas qu’il n’existe aucun autre chemin pour faire reculer la tyrannie qu’une fermeté d’airain ? Car ce que partagent tous les tyrans, le tyran russe comme les autres, c’est la peur de la mort, de leur mort. C’est pourquoi, sans même évoquer les poutinophiles d’extrême-droite et d’extrême-gauche jamais en retard d’une vilenie, j’enrage à entendre, chez nous, un ancien président de la République, ou encore ce philosophe fat, insupportable crampon des médias et quelques autres parler de « négocier ». Un énième renoncement mortifère après tant d’autres, en somme. Mais avec qui donc ces gens-là parlent-ils de négocier ? Parlent-ils de négocier avec un dictateur faisant fi du droit international, obsédé par l’idée d’effacer de la carte un peuple libre en le tuant jusque sur ses marchés, dans ses écoles, ses hôpitaux, ses théâtres, ses églises ? Parlent-ils de négocier avec un dictateur qui déporte on ne sait où des dizaines de milliers d’enfants ukrainiens ? Cet orphéon de benêts ou de munichois, j’avoue hésiter entre les deux qualificatifs, ne comprend-il pas qu’il n’est de cuillère assez longue lorsque l’on dîne avec le diable ? Ils se feront déchiqueter et nous entraînerons avec eux. Et si le pire était encore à venir ? Je pense à la possible élection de Donald Trump à la prochaine présidentielle américaine. Pauvres Ukrainiens, pauvres de nous, pauvre démocratie !

    • Laurent Liscia dit :

      Bravo Richard. Bravo M. Vilanova. Et maintenant, espérons qu’avec un peu de chance, Trump ne soit pas élu, et que le soutien à l’Ukraine ne se démente pas. Cela n’est pas impossible.

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