Il n’y a rien de plus grotesque que cette rencontre à Vladivostok entre Vladimir Poutine et Kim Jong-Un. Elle raconte l’abaissement de la Russie qui dialogue avec l’ennemi international numéro 1.
POUTINE vient de donner au monde l’image d’un chef d’État si consterné par son isolement qu’il irait chercher un allié jusque dans les profondeurs du populisme et de l’indignité. La Grande Russie n’aurait pas l’heur de convenir aux Occidentaux ? Qu’à cela ne tienne : le maître du Kremlin a fait renaître le tiers monde, qui n’est rien d’autre qu’une vaste organisation pour faire chanter les pays et les forcer à payer les plus pauvres d’une manière coercitive. Tout à coup, il y a eu ce rendez-vous grotesque à Vladivostok où Kim, frappé de paranoïa, s’est rendu dans son train blindé, tellement lourd qu’il ne dépasse pas les soixante kilomètres à l’heure.
Le flirt de deux filous.
Poutine a attendu sagement Kim et, dès qu’ils se sont vus, ils n’ont parlé que d’ogives nucléaires, le dada de Kim, qui s’amuse à envoyer des fusées stratégiques dans le ciel du Japon et de la Corée du sud. Et voilà deux filous fiers de filer le guilledou. Poutine s’efforce de montrer la qualité de ses alliés et Kim deviendra le chef d’un État puissant. L’idéologie et la diplomatie n’ont rien à voir avec les intérêts bien compris des deux nations. Kim lâchera Poutine quand ça lui chantera.
Sans doute ces deux-là sont-ils trop absorbés par leur amitié renaissante, mais ils forment une coalition de dictateurs particulièrement dangereux. Pendant qu’ils discutent, les conseillers de Poutine répandent des éléments d’information sur la capacité de Moscou à lancer de nouvelles agressions. Et face à ce péril, les Occidentaux recommandent à Volodymyr Zelensky de ne pas pénétrer sur le territoire russe et de ne pas faire bouillir le très nerveux Poutine.
Une fiction théâtrale.
Comment le vieux roublard du Kremlin et le jeune Kim qui se balade dans son train blindé pourraient-ils être crédibles ? Tout se passe comme s’ils jouaient une pièce de théâtre complètement fictive, avec des personnages dont ils campent fort bien les caractères et l’idiotie, quitte à ce que le monde se moque d’eux. Que leur importe dès lors qu’ils se sont réciproquement renforcés, au moins en apparence. Les deux compères sont des gens très dangereux car ils ont la capacité de détruire le monde, y compris eux-mêmes. Ce qui les retient, c’est évidemment leur paranoïa, Poutine, physiquement lâche et tenant à une vie prospère, bateaux, Sotchi, Saint-Petersburg, ah ! il ne donnerait son job à personne ; et Kim qui n’osait même pas rêver de la reconnaissance de son régime et des honneurs à lui accordés par la Grande Russie.
Deux pays privés d’avenir.
Il faut donc leur faire savoir dans un murmure que le droit international existe et que s’ils l’ignorent, ils paieront pour leurs crimes. L’idée même qu’on puisse négocier avec ces gens-là est consternante. Ils n’ont que du vent à vendre. Ils ont violé le droit pendant des décennies, le droit devra les aplatir. Et ce droit, c’est nous qui le possédons, un peu comme Moïse avec ses dix commandements. Présidents-fantoches, dictateurs de pacotille, gangsters au pouvoir, ils tomberont, tôt ou tard, de leur piédestal. La Corée du nord n’a pas d’avenir tant qu’elle est dirigée par une marionnette. La Russie n’a pas d’avenir si elle ne retourne pas au pluripartisme, maintient la détention politique et n’organise pas des élections libres.
RICHARD LISCIA
Personnages en quête d’auteur – mais sévissant dans le monde réel. Bref, un sommet des gangsters.