Immigration : le fardeau partagé

Jordan Bardella veut refouler les migrants
(Photo AFP)

Face au nombre excessif de migrants qui viennent d’arriver à Lampedusa, Italie, Emmanuel Macron a admis que la gestion de ce flux de malheureux devrait être partagé par la France.

IL NE FAUT pas accepter un seul immigré de plus, a déclaré Jordan Bardella,  prince consort du Rassemblement national, donnant ainsi de son pays une image mesquine, égoïste et lâche. Bien sûr, on aura tôt fait de dire que le président français essuie les plâtres laissés par un gouvernement italien néo-fasciste. C’est faux. Cela fait des années que l’Italie reçoit des vagues de migrants, que la France refoule ceux qui veulent venir par le train à Vintimille ou en passant par les Alpes. Il faut que l’Union européenne adopte une charte de l’immigration et que les conditions d’accueil soient les mêmes pour tous, tous les immigrants et tous les pays européens.

La question du siècle.

La réflexion de M. Bardella ne manque pas de saveur quand on sait qu’il a des affinités avec Giorgia Meloni, présidente du conseil italien, et qu’il retourne contre elle la question du siècle : le traitement à réserver aux foules en hardes et échevelées qui s’échouent sur les plages de Lampedusa. Le problème est européen et l’on se souvient peut-être de Charles Pasqua qui disait que, pour retenir les candidats à l’immigration (à un prix pour eux faramineux), il était vital d’investir sur le continent africain et créer des emplois durables. Comme pour les gaz à effet de serre, on a vu venir la crise migratoire. Elle est composée de misère absolue et de volonté des immigrés de survivre. Nous ne pouvons pas l’ignorer et nous ne pouvons plus, comme c’était le cas dans le passé, abandonner l’Italie, membre fondateur de la Communauté économique européenne, à son sort.

Aller vite.

Un peu de pédagogie populaire est essentiel dans cette affaire. Les immigrés ne vivent pas aux crochets de la générosité des cotisations sociales. Ils ne demandent qu’à travailler et à avoir un revenu. Il y a bien cinq cent mille emplois non pourvus en France et il n’est pas stupide de former des étrangers pour qu’ils accomplissent des tâches que les Français rejettent. On peut être irrité par les déclarations du président de la République qui se lance dans une politique sans avertir son entourage ou ses ministres. Mais, dans cette affaire comme dans tant d’autres, il faut aller vite. L’automne arrive et déjà il faut trouver un toit et de la nourriture pour des dizaines de milliers de nouveaux venus.

Il n’est pas vrai de dire que l’immigration est forcément impopulaire. Un restaurant sera heureux de trouver un plongeur, un garage un mécanicien, un médecin une assistante. M. Bardella se moque à la fois de Mme Meloni et de nous. Rira bien qui rira le dernier. L’avenir, ce n’est pas le cynisme ou l’indifférence, c’est l’humanisme.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Immigration : le fardeau partagé

  1. CHARPENTIER dit :

    Mettre aussi en perspective la démarche de Viktor Orban qui réunit ces jours-ci d’autres Européens pour envisager des mesures pro-famille et pro-natalité quand débarquent en Italie des milliers de jeunes hommes et femmes qui vont travailler et contribuer à notre richesse et, après s’être installés en Europe, auront des enfants qui à leur tour nous assureront croissance durable et financement de nos retraites et de nos dépendances.

  2. Jean Vilanova dit :

    Il n’y a pas si longtemps encore, aux temps passionnants où j’enseignais à des élèves brillants, je leur expliquais que la question actuelle des migrants – plutôt le drame des migrants – ceux qui, au péril de leur vie cherchent à rejoindre une Europe idéale à leurs yeux n’était que le premier signe de mouvements bien plus massifs au cours des décennies à venir. Que faire ? On ne peut empêcher des gens de fuir la guerre, la misère, la dictature, des terres devenus invivables. On ne peut leur reprocher leur aspiration à un peu de paix, d’espoir. Faire croire aux Européens qu’il suffit de s’enfermer derrière des frontières hermétiquement closes est la pire des impostures. Qui pour croire de telles fadaises ? Le monde vit une mutation en profondeur et multiforme comme il y en a une tous les deux siècles (la dernière fut la révolution industrielle du XIXème siècle) et nous en avons encore pour plusieurs décennies avec l’actuelle. C’est pourquoi face à un tel phénomène, il est normal que la crainte voire la peur s’installent. Mais une fois encore, en se tenant à la seule partie « migration » de cette mutation, que faire ? Rejeter ces malheureux avec leurs enfants qui n’ont rien demandé à la mer ? Se regarder en chiens de faïence avant un affrontement qui ne conduira qu’au désastre général ? Tout à leur regard fixé en permanence sur la ligne bleue de la prochaine élection à ne pas perdre, nos politiques n’ont rien anticipé. C’était pourtant leur travail. Et ici la tâche s’avère ô combien urgente et ardue alors que, pardonnez-moi cette image, ils me font l’effet d’un poulailler devant un saxophone… Quant à nos intellectuels, par charité, ne parlons pas d’eux, il y aurait tant à en dire… ou peut-être si peu ! Je ne verse pas dans l’angélisme, sentiment que je trouve assez détestable et totalement contre-productif. Je veux juste être un homme utile et lucide. On ne peut aller contre des mouvements d’une ampleur aussi colossale. Alors bon gré, mal gré il faut les accompagner au mieux. Organiser, accueillir, expliquer, protéger, se respecter, se parler, enseigner, et qui sait, s’aimer un peu peut-être ? Il faut, il faut, il faut…
    Enfin, M. Liscia, merci de m’ouvrir si largement votre blog alors même que j’ai conscience de la longueur de mes interventions.

    Réponse
    Je souhaiterais que d’autres lecteurs imitent votre exemple.
    R. L.

  3. Nicard dit :

    C’est entièrement exact.
    La difficulté est que beaucoup d’immigrés ne veulent pas s’intégrer et restent des étrangers en France. De même les générations ultérieures ne se veulent pas  » français à part entière ». On ne peut rester étranger dans un pays où on veut vivre. Cela s’appelle l’intégration voire l’assimilation.
    Je suis fils d’immigrés et j’ai choisi d’être français. Je pense que les religions bloquent les possibilités d’intégration.

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