L’âge du capitaine

Biden n’a que l’âge de ses artères
(Photo AFP)

Un débat permanent agite le monde des observateurs au sujet de tous les candidats à la présidence de leur pays quand ils franchissent l’âge de départ à la retraite. Un homme (ou une femme) qui est septuagénaire ou octogénaire peut-il se présenter?

C’EST un débat qui ignore la situation politique dans chacun des pays concernés. Pour commencer, il implique la distinction entre les régimes autoritaires, où la discussion est limitée, et les régimes parlementaires où elle persiste. Ensuite, l’expérience du candidat, son programme, sa capacité à gérer les crises comptent nécessairement. Dans le cas des États-Unis, Joe Biden demande à rempiler à 80 ans, mais Trump, capable de battre le président sortant l’année prochaine, en aura déjà 77. Les Américains n’ont pas d’autre choix que d’évaluer le programme des deux candidats et de choisir celui qui leur convient le mieux, indépendamment de l’âge.

L’avenir est imprévisible.

Le  destin d’un président est impossible à imaginer : même jeune, il peut être victime d’un accident, d’une maladie ou d’un attentat. Personne ne croyait que John F. Kennedy était vulnérable jusqu’au jour où il a été assassiné par un tireur isolé. En d’autres termes, il n’y a rien de vraiment dangereux dans le choix d’un géronte. La constitution des États-Unis prévoit un vice-président capable de prêter serment dès la mort du président. Ce qui ne permet pas de préjuger de ce qui se passera ensuite : Lyndon B. Johnson s’est hâté d’appliquer à la lettre, notamment au sujet de l’émancipation des Noirs, le programme de Kennedy.

Des amendements à la constitution.

La seule façon de maintenir un parti au pouvoir et de rester sur la ligne définie par le président mort en exercice, c’est d’associer à la gestion du pays l’homme qui lui était le plus proche. Nous n’avons pas en France cette garantie constitutionnelle. Quand Georges Pompidou est mort en 1974, il y a eu des élections générales gagnées par Valéry Giscard d’Estaing,  centriste qui avait eu des démêlés avec les gaullistes mais maintenait le pays à droite. Parmi les nombeux amendements qu’il est souhaitable de négocier, figure ce point particulier, une nouvelle durée pour le mandat présidentiel et peut-être des précisions sur le renouvellement du mandat.

Une succession démocratique.

Mais la critique de notre système à ses limites : la succession d’un président décédé dans l’exercice de ses fonctions est assurée en France par le suffrage universel, ce qui la rend parfaitement démocratique. Il est rare que les électeurs américains, en effet, songent au vice-président quand ils élisent un président. Toujours est-il que seules les âmes sensibles sont hostiles à la candidature d’un vieillard. La seule question qui vaille, c’est l’orientation de son programme et la certitude que son successeur éventuel accomplira sa tâche selon des normes fixées à l’avance.

RICHARD LISCIA

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