Arménie martyre

Erdogan et Poutine complices
(Photo AFP)

La querelle entre l’Azerbaidjian et l’Arménie sur l’enclave du Haut-Karabakh s’est transformée en guerre, avec un assaut des forces azerbaidjianaises soutenues par la Turquie et dans l’indifférence de Poutine, qui continue à tenir un discours hypocrite, contre une Arménie plutôt pacifiste.

LE SORT de ces deux pays en guerre est lié, mais l’Azerbaidjian a une supériorité militaire considérable et il en use pour déloger les Arméniens du Haut-Karabach. L’ONU a montré son impuissance quand son secrétaire général a exigé la fin des combats. Les dés sont pipés. Nous n’assistons pas à un conflit bilatéral, mais à une guerre régionale dominée par la soif de contrôle des Azeris et l’incapacité des Arméniens à se défendre alors qu’ils s’étaient placés sous le parapluie russe, à leur grand détriment.

Une autre carte du monde.

La Turquie est la puissance qui agite les marionnettes que sont les Azeris et reproduit le scénario qui a conduit au génocide des Arméniens au siècle dernier. Bien entendu, en foulant aux pieds du géant russe le respect des frontières, l’invasion de l’Ukraine par les forces de Poutine a créé un  contexte qui favorise les pays agresseurs. La stratégie reposant sur la force seule est partagée par quelques États qui, loin de reconnaître les vices de la méthode, cherchent à redessiner la carte du monde.

Un second génocide ?

De sorte que nous sommes, là encore concernés, par ce qui se passe en Arménie, qui n’est pas loin de subir le même sort que l’Ukraine et qui, ayant accepté la protection russe, se trouve maintenant totalement isolée et à la merci de féroces combattants. On mesure la difficulté, pour les Occidentaux en général et pour les Européens en particulier, à mettre l’Arménie à l’abri de conquérants cruels qui n’ont jamais reconnu le génocide et s’apprêtent à en commettre un autre, dans les mêmes conditions, contre le même peuple et avec la même indifférence pour les principes de droit international.

Hégémonie turque.

On constate la complexité de cette crise : le Turc Erdogan défend une démocratie illibérale mais aide les Ukrainiens à exporter leurs céréales. De sorte qu’il est devenu un pivot entre le Kremlin et les Occidentaux. Il en profite pour renforcer son hégémonie ; le Kremlin joue les généreux défenseurs de la paix en Arménie, mais ne lève pas un doigt pour contenir l’agressivité azérie. Le tout dans un contexte où l’argumentation azérie est un record de mauvaise foi. Le vrai problème réside aux Nations unies qui, face au veto russe et chinois, a perdu toute capacité à protéger les petits États en danger. Nous avons besoin d’une réforme d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, mais bien entendu Moscou et Pékin freinent des quatre fers et ainsi le sort des États est-il décidé par la guerre.

Guerres de voisinage.

L’idée que le partage du monde à Yalta a apporté la paix internationale a volé en éclats. Poutine, Kim, Xi, les mollahs et d’autres font cohabiter la paix en général avec des guerres de voisinage. On savait déjà à quel point l’invasion de l’Ukraine a apporté de souffrances aux Ukrainiens et d’inquiétude à l’humanité. On s’aperçoit maintenant que les fauteurs de guerre, munis de l’arme nucléaire, déclenchent des conflits artificiels uniquement conçus pour installer un nouvel ordre mondial fondé sur le crime.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Arménie martyre

  1. Laurent Liscia dit :

    Erdogan est un fieffé roublard, mais n’est-il pas dans la lignée historique turque? Un pays qui a inventé le génocide moderne, allié de l’Allemagne pendant la Première guerre mondiale, puis des nazis, et maintenant perche sur le barycentre entre islamistes et laics, Ouest et Est, démocraties et tyrannies.
    Comme tout bon péagiste, Erdogan prélève sa dime tout en poussant ses pions aussi loin qu’il le peut. La vraie question est pour l’Occident: la Turquie est-elle un passage obligé pour nos politiques étrangères? Il n’est pas impossible d’encercler la Turquie : en renforcant activement l’Arménie, l’Ukraine, la Grèce et les Balkans.

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