Police et peuple

Le rodéo est interdit
(Photo AFP)

Une manifestation contre les violences policières devrait attirer beaucoup de monde aujourd’hui. La police française fait l’objet d’une vaste polémique qui se nourrit à la fois de ses dérapages et de son utilité.

DANS UN CAMP où il a déjà été dit que « la police tue », le procès de nos forces de l’ordre a déjà fini par une condamnation. Façon d’ignorer qu’aucune action de répression n’a lieu sans un défi, un délit ou un acte de violence. On attaque les commissariats au mortier, on passe sur le corps des policiers pour tenter de les fuir, on  organise des rodéos ultra dangereux pour les passants et on voudrait que les « gardiens de la paix » restent inertes.

On tue des policiers.

Les comportements policiers sont commentés en permanence, de sorte que les arguments se croisent à propos d’un système voué au rétablissement de l’ordre, mais avec une série de contraintes qui ne tiennent aucun compte de l’agitation des délinquants. Les uns voudraient que la répression soit encore plus implacable, les autres souhaitent la multiplication les zones de non-droit. On ne fait pas l’unité d’une société sur des bases aussi fragiles. Le temps où les flics faisaient peur est terminé. On les défie, on les attaque, on les assassine, comme le couple de policiers à Magnanville. Ils exercent désormais un métier qui ne les laisse jamais en sécurité. Ils peuvent rentrer chez eux et être exécutés.

La police ne fait plus peur.

Bien entendu, les médias s’en mêlent, qui n’ont pas un préjugé favorable aux gendarmes et policiers. Il est facile et démagogique de dire que le jeune Nahel, qui, au début de l’été, enfreignait répétitivement le code de la route en pleine ville, ne devait pas payer ses actes de sa vie. Il est moins simple de démontrer qu’il n’a pas été été la victime des flics mais celle de ses propres errements. On a fait un triomphe à sa mère sans lui demander si elle faisait parfois des recommandations de prudence à son fils. C’est le monde d’aujourd’hui : la police n’inspire aucune peur aux délinquants, les innocents se soumettent à toutes les formalités.

Les choux gras de l’extrême droite.

Il ne s’agit ni de faire une ovation à la police, ni d’ignorer les droits de chaque citoyen. Il s’agit d’empêcher des actes qui mettent en danger les passants. De leur montrer qu’ils sont protégés. Il s’agit de donner une signification à la quiétude de la vie civile, de s’opposer à la privation de liberté qu’une délinquance minoritaire produit infailliblement sur l’immense majorité de la population. C’est une affaire politique dont la prise en charge par l’État est indispensable car une police et une gendarmerie en colère est un facteur de déstabilisation de la société. Pour l’exécutif, la manœuvre est délicate. Il craint, en réprimant à tout va, de trop ressembler à l’extrême droite qui, elle, fait ses choux gras avec le sentiment d’insécurité.

Pourtant, il ne s’agit que d’appliquer la loi, qui n’est pas née aujourd’hui et régit depuis toujours la vie des collectivités. Nahel est certainement une victime, mais son épopée routière n’a pas eu lieu sans inquiéter des milliers de piétons et d’automobilistes. À ceux-là, le gouvernement doit un gage, une promesse, celle d’empêcher des violences auquelles un fatalisme prématuré nous a progressivement habitués.

RICHARD LISCIA

PS- Pas de blog lundi. Je vous retrouve mardi, si cela vous convient.

R. L.

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2 réponses à Police et peuple

  1. Jean Vilanova dit :

    Versatilité d’une société qui, il n’y a pas si longtemps, début 2015 précisément après les attentats, rendait hommage aux forces de l’ordre et à leur courage, un chanteur de cour (pas celle de récréation, l’autre) allant même « jusqu’à embrasser un flic » dans l’une de ses ritournelles… Tandis qu’aujourd’hui ces mêmes forces de l’ordre se voient parfois et même souvent vouées aux gémonies avec, à la manoeuvre, des chauffeurs d’ambiance dont un médiocre gourou vociférateur qualifié sottement de « tribun » par de nombreux commentateurs qui décidément ne connaissent en rien l’art de la rhétorique. Un temps quasi-sanctifiée, la police aujourd’hui devenue « tueuse », au moins aux yeux de certains (suivez mon regard…) ? Ce pays a-t-il définitivement perdu le sens de la mesure ou tout simplement la boule ? Je le crois en effet. Quoi qu’il en soit, non pas face, mais au sein d’une société de plus en plus violente, je me dis qu’outre le désir de servir, il faut une sacrée dose de courage pour embrasser la carrière.

  2. Doriel Pebin dit :

    Bonjour, bonnes remarques mais attention au fait que ce sont surtout des minorités via les réseaux sociaux et les médias (leur éthique a disparu au profit de l’émotion liée au « clash ») qui donnent la « la » de la dé et mésinformation. La majorité pense vraisemblablement très différemment, il suffit de voir la popularité de LFI dans tous les sondages depuis deux ans.

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