49/3 : la routine

Attal candidat ?
(Photo AFP)

Le gouvernement vient d’utiliser l’article 49/3 de la Constitution pour faire adopter la loi de finances. C’est la dix-huitième fois depuis le début du second mandat d’Emmanuel Macron qu’il recourt à cette méthode.

LE TITRE de cette chronique peut passer pour provocateur, mais il reflète un constat : les oppositions dénoncent l’usage d’un article constitutionnel pour une seule raison, parce que c’est le pouvoir qui s’y résigne. Mais une fois au pouvoir, les mêmes imiteraient le gouvernement actuel. Le 49/3 n’est pas une monstruosité inscrite par un juriste  fou dans la loi fondamentale. C’est une nécessité quand les circonstances l’exigent, par exemple une majorité relative. La priorité budgétaire est plus grande que des discussions interminables pour convaincre une poignée de parlementaires. Il faut bien que la France ait un budget.

Les Républicains ne sont pas fous.

La macronie compte plus d’adversaires que d’amis, mais ceux-ci, à leur tour, sont incapables de former une majorité absolue. La motion de censure déposée par la gauche a été balayée par un vote hostile. Autrement dit : l’opposition veut bien s’opposer mais elle ne veut pas déstabiliser le pouvoir. Si les élus  LR, emmenés par l’implacable Olivier Marleix, disent pis que pendre de M. Macron, leur hostilité ne va pas jusqu’à commettre uen faute qu’ils ne sauraient pas expliquer aux électeurs.

Le retour de Wauquiez.

Laurent Wauquiez le sait, qui a fait sa rentrée politique en parlant le moins possible. Car il se méfie de lui-même. Il a eu déjà l’occasion de critiquer sévèrement la gestion de Nicolas Sarkozy devant les étudiants d’une école de commerce, il s’en mord encore les doigts. Wauquiez ne sait pas vraiment s’il sera candidat à la présidence. Ses amis LR l’attendent impatiemment, croyant déceler en lui l’étoffe présidentielle, mais, pour le moment, les sondages sont peu convaincants. Une récente étude donne Édouard Philippe en tête, suivi par Marine Le Pen et… Gabriel Attal, ministre actuel de l’Éducation, 34 ans, l’homme qui monte en quelque sorte. Attal est un bébé Macron et tout, chez lui, rappelle le président. Encore cinq ans de macronie ?

Faire barrage au RN.

Le président de la République doit veiller à ce que le nombre élevé de candidats plus ou moins macronistes ne nuise pas à son camp. On ne peut pas choisir entre Philippe et Attal. Un seul candidat peut succéder à Macron et le mieux placé pour le moment est le maire du Havre (et ancien Premier ministre). Motion de censure à la poubelle, ascension de Gabriel Attal, résistance admirable d’Élisabeth Borne, activisme ahurissant de Macron, les macronistes couverts de plaies et de bosses n’en sont pas moins la grande formation qui fera barrage au Rassemblement national.

Charybde et Scylla.

Sûr et certain, ce gouvernement n’est pas idéal, a commis beaucoup d’erreurs, et ne parvient pas à élargir sa majorité. Mais la macronie possède des hommes et des femmes qui, contrairement à l’opinion publique, connaissent bien leur sujet. On peut toujours critiquer un camp et on ne s’en prive pas. Mais on ne doit pas le critiquer jusqu’à le remplacer par une force nuisible pour le pays. Les médias bombardent le pouvoir tous les jours. Ce faisant, ils hâtent l’arrivée de Marine Le Pen à l’Élysée. Ou bien préfèrent-ils Jean-Luc Mélenchon ?

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Une réponse à 49/3 : la routine

  1. Jean Vilanova dit :

    La limitation à deux mandats consécutifs de l’exercice de la présidence de la République fut probablement une erreur. Après tout, n’est-ce pas au peuple de décider par lui-même de qui doit poursuivre où se retirer et quand ? Certes, il est facile de porter un jugement négatif a posteriori sur cette révision de la Constitution d’autant que l’interminable et quasiment funèbre fin de second mandat de François Mitterrand puis de Jacques Chirac poussait à changer les choses. Et puis, pour qui a un peu de mémoire, chacun a pu constater l’usure du président quel qu’il soit (Mitterrand, Chirac… et même le général de Gaulle pour le gaulliste amoureux que je suis !) après trop d’années d’une responsabilité écrasante. Alors, peut-être un septennat unique, non reconductible ? Je ne sais pas. En revanche, ce que je vois, c’est qu’Emmanuel Macron se bat comme un beau diable pour donner sens et densité à son dernier mandat alors que le bal des prétendants bat son plein, ce qui paraît donc logique dans le contexte actuel. C’est aussi cela la démocratie, tant mieux ! Mais qu’ils veillent donc, ces prétendants, dans leur danse frénétique à ne pas briser trop de vaisselle car on en connaît qui se chargerait bien volontiers de ramasser les morceaux et nous laisser avec une terrible gueule de bois ! Vous voyez à qui je fais ici allusion… Pour le reste, tout à leurs entrechats, tangos, rocks acrobatiques et tutti quanti, ils s’essoufflent nos frétillants danseurs, au point d’en oublier l’essentiel ; nous présenter UN PROJET, ambitieux, fédérateur, généreux, un projet qui nous surprenne et nous emporte, qui nous ouvre des chemins. Or, que nous a dit il y a deux jours Laurent Wauquiez, lui que se prétend « prêt » mais à quoi ? Rien. Que nous a dit Gérald Darmanin lors de sa rentrée ratée il y a quelques semaines ? Rien. Que nous dit Edouard Philippe, le maître des désastres passés ? Rien. Que nous dit François Bayrou, l’éternel et somnolent prétendant ? Rien. Et que nous dit la gauche en état de sidération après sa mise à sac pour un vieux trotskyste haineux et sa bande ?…

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