Un malaise mondial

Macron parle ce soir
(Photo AFP)

Les massacres commis par le Hamas s’étendent à diverses nationalités : Israël est un pays touristique prisé par les visiteurs étrangers. Les États-Unis, l’Égypte et Israël s’efforcent de mettre au point une évacuation des civils de Gaza, une solution infiniment compliquée dont le Hamas recherchera l’échec car les civils palestiniens lui servent de bouclier. Benjamin Netanyahu a rassemblé un gouvernement de coalition, ce qui laisse espérer des décisions plus modérées. 

IL N’A PAS FALLU plus de quatre jours pour que le consensus favorable à Israël commence à  se déliter. Une furie antisémite a gagné les réseaux sociaux, une tendance à transformer les victimes en bourreaux se dégage, le malaise général est amplifié par les prises d’otages. Il faudra des mois pour établir les raisons du fiasco israélien, le remodelage de la politique israélienne et les orientations qu’adopteront les amis et les ennemis d’Israël. L’effet de surprise obtenu par le Hamas ne sera pas reproduit : l’État juif est maintenant en mesure d’attaquer ses multiples ennemis avec toute la puissance militaire dont il est capable.

Le chagrin et la modération.

La sidération qui a saisi l’opinion mondiale laisse peu à peu la place à la crainte de la dimension des représailles d’Israël. Le président des États-Unis, Joe Biden, a rappelé à Jérusalem qu’il existe des crimes de guerre à ne pas commettre. Le gouvernement israélien enrage : à lui les règles, au Hamas la liberté de détruire et d’assassiner. Une invasion de Gaza par les troupes de l’État hébreu entraînerait un bain de sang, la mort des otages, un scandale international. Voilà un pays livré à un chagrin immense qui est sommé de réagir avec modération. Si Israël cède à la pression des Occidentaux, le Hamas, lui, restera intact.

L’appel à… l’indulgence.

Or les Israéliens ne peuvent pas ignorer la reconstruction toujours possible du Hamas. Si l’assaut contre Israël est d’une gravité insigne, c’est parce que, même lors de la guerre du Kippour en 1973, le territoire israélien est resté inviolé. Cette fois, l’État hébreu a payé ses erreurs d’un prix insupportable. Certes, le Hamas attend que son ennemi se livre, une fois de plus, à des exactions indicibles, mais, comme je l’ai déjà écrit, Israël ne se soucie guère de la réputation que lui fait le monde, surtout quand les médisants sont des satrapes comme Poutine ou Erdogan. La façon de se débarrasser du Hamas est complexe mais il ne faudrait pas qu’après avoir baissé la garde, l’État juif s’en tienne à l’indulgence.

Crise à LFI.

Emmanuel Macron s’exprime ce soir, probablement pour demander à la nation de faire corps et d’ignorer les tentatives pour la diviser. Autre tâche de Sisyphe. Mais, en allant au bout de sa férocité, le Hamas a réveillé l’opinion, en France comme ailleurs : il y a, dans les sociétés occidentales, des corps étrangers auxquels elles sont allergiques. L’attitude de la France insoumise, qui refuse d’accoler le terme de terroriste au Hamas, contient une indécence et une indignité qui a mis en colère nombre de ses adhérents et de Français en général. Ce qui choque, c’est que Jean-Luc Mélenchon et Mathilde Panot, contrairement à MM. Ruffin et Corbière, sont incapables d’éprouver la moindre émotion devant la nature des crimes contre l’humanité commis par le Hamas, mais prompts, par ailleurs à vitupérer contre Israël à cause des bombardements sur Gaza.

Marine ramasse les billes.

Misérabilisme électoral (il faut faire le plein des voix de la Seine-Saint-Denis), quitte à se distinguer d’un effroi partagé par tous les autres Français. Et qui en profite ? Le Rassemblement national, pardi, qui est devenu le parti le plus philosémite de France. Chacun trouve ses électeurs où il peut. Cependant, rassurez-vous, ce n’est ni LFI ni le RN qui contribueront à la paix au Proche-Orient et, si Marine jette par la fenêtre son bonnet lepéniste, cela ne veut pas dire qu’elle convaincra les Français juifs. Ce qui est tout à fait nouveau, c’est l’impact d’une guerre au Proche-Orient sur le vie politique en France. Voilà que LFI montre les crocs, que Marine Le Pen tente d’effacer son passé et que les démocrates et républicains de France ne savent même plus s’ils doivent prendre la défense d’Israël, vaincu par son inattention, ou le mettre en garde contre le recours aux armes.

Nuance exquise.

Nous ne sommes pas certains que l’enchaînement logique de ce que nous pensons d’Israël est démontré. Hier, sur les plateaux de la télévision, c’était le triomphe de la rhétorique française, le maniement exquis de la nuance, le choix des mots pour dire que notre émotion est prête à voyager et d’aller de Sderot à Gaza. Sommes-nous sûrs d’avoir, avec notre sémantique, gardé notre pouvoir de persuasion ? Le sang des morts hurle encore dans le désert. S’il est bon de recommander la modération aux victimes, il ne faudra jamais oublier qui a commis le crime.

RICHARD LISCIA

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