La paix enterrée

Victimes de l’explosion à l’hôpital
(Photo AFP)

L’attaque contre un hôpital de Gaza, qui a fait au moins 200 morts, a provoqué l’annulation d’un sommet que Joe Biden devait avoir avec la Jordanie et l’Égypte. La tension est extrême au Proche-Orient et pourrait déboucher sur un conflit généralisé.

ON NE s’étonnerait pas de ce que, dans le flux incessant des fusées envoyées contre Gaza par Isaraël, l’une d’elles se soit  écartée de son chemin et a détruit l’hôpital. L’État hébreu affirme que l’explosion est due à une fusée tirée par le Djihad islamique,  qui en aurait perdu le contrôle. Cela ne serait pas surprenant non plus. Mais le mal est fait. Israël a apporté les preuves de son innocence aujourd’hui, personne ne veut l’écouter dans le monde arabe. L’attaque du Hamas ne serait donc que le début d’un conflit tous azimuts capable de durer plusieurs mois.

Diffamer Israël ?

On imagine mal les conséquences négatives de cette crise à la fois singulière et extrême. Les gouvernements arabes estiment n’avoir pas d’autre choix que de soutenir les Palestiniens jusqu’au bout et, du coup, ils ignorent les pertes infligées à Israël. Alors que l’État juif se croit obligé, à tort ou à raison, d’aller chercher le Hamas à Gaza, opération difficile qui coûtera cher en vies humaines. Il ne faut pas non plus se leurrer : tout le monde aura compris qu’en diffamant Israël, le Hamas cherche à l’empêcher d’envahir l’enclave.

Les efforts de Blinken.

La plus élémentaire des prudences nous contraint à attendre des explications plis complètes d’Israël, mais la destruction de l’hôpital a de toute façon supprimé brutalement l’option diplomatique. Elle avait au moins un avantage, celui, peut-être, de ranimer les cendres de la paix et de transformer l’assaut ignoble du Hamas en point de départ de la recherche d’une solution négociée. Les efforts immenses d’Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, pour préparer la visite en Israël du président Joe Biden ont donc été réduits à néant. De là à imaginer que l’explosion de l’hôpital a simplement servi l’intérêt du Hamas, il n’y a qu’un pas que nous nous garderons de franchir.

Deux forces prêtes à se battre.

Mais au-delà de l’émotion qu’inspire la mort de si nombreux civils dans les deux camps, les raisons de s’inquiéter se sont multipliées. À voir comment la rue arabe, manipulée dans certains cas par les gouvernements, réagit en exigeant la destruction d’Israël, on comprend que le moment, loin d’encourager la paix, l’écarte durablement. De sorte qu’on est en présence de deux forces, Israël et le monde musulman, qui estiment tous les deux avoir besoin d’une nouvelle bataille historique pour éponger la haine dont ils sont imbibés.

Démonter le piège.

Le vide diplomatique va favoriser une explication militaire et l’invasion de Gaza aura lieu. C’est d’autant plus regrettable que, déjà, le nombre des victimes est excessif. Il est toujours difficile de faire des prédictions sur l’évolution d’un conflit mais il est probable qu’Israël devra se battre sur trois fronts, celui de Gaza, celui du nord et celui de la Cisjordanie. Pour démonter le piège, il suffit que les Israéliens renoncent à envahir Gaza. Mais cela signifierait que le Hamas peut assassiner des civils, massacrer des enfants et leurs mères, emmener des otages sans avoir à en payer le prix.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.