Le RN caracole en tête

Marine dans un établissement pour les malades d’Alzheimer
(Photo AFP)

Le Rassemblement national est assuré de gagner les élections européennes avec 28 % des suffrages contre 20 % à la macronie et moins de 10 % pour chacun des partis principaux.

CE NE SERA pas la première fois que le RN s’imposera comme le premier parti de France. Et ce sera, encore une fois, à cause des divisions de la gauche. La méthode RN est si bien adaptée au paysage politique qu’on perd tout espoir d’un ressaisissement de la gauche ou d’une percée des macronistes. Il ne fait aucun doute que les européennes donneront un piédestal à Marine Le Pen, largement en tête pour l’élection à la présidence de la République de 2027. On peut même dire que les électeurs fuient le président actuel un peu comme ils fuyaient naguère le RN. De sorte que le bateau France vogue vers un désastre dont il ne pourra s’extirper que si l’opinion se vonvainc que Marine Le Pen n’est pas la solution.

Pas de danger avec Marine ?

Dans ce tableau franchement sinistre, il y a rien de neuf, rien, en tout cas que n’importe quel journaliste ait déjà prévu. Ce qui se passe depuis près de six ans, c’est la montée en puissance d’un parti autrefois marginalisé auquel on n’a plus honte d’adhérer. Certes, Marine Le Pen a fait tout  ce qu’il fallait pour rassurer un peuple qui craint les extrêmes et, de ce point de vue, elle ressemble à la Première ministre italienne qui, pour avoir gagné les élections, a su éviter les excès idéologiques voulus par une partie de ses électeurs et de ses amis. Nous pourrions dire qu’une Marine mélonisée ne représente pas un danger pour notre pays.

La pemière force politique, c’est Macron !

Ce n’est pas brillant, mais ce sera moins grave que lorsque Matteo Salviani dirigeait l’Italie.  Les premiers responsables de cette situation qui profite sans cesse au RN, c’est bien sûr le résultat de la dédiabolisation du Rassemblement national. Un parti provocateur qui a été jugé moins vulnérable que le président, cloué au pilori sans autre forme de procès  et sur lequel s’abattent en premanence les flèches et les piques de ses adversaires qui ont cru, les naïfs, qu’ils pouvaient interrompre son premier mandat, puis son second. En réalité, personne n’a secoué un président protégé par les institutions et qui n’a jamais fait l’unanimité contre lui. Il n’a pas de majorité absolue, mais, pour le moment, il représente la première force politique de France en attendant que Marine lui succède.

Faire l’expérience de Marine…

L’autre facteur du déclin de la macronie, c’est qu’elle a été combattue avec ferveur, comme su, dans l’analyse politique, on n’avait pas compris qu’en affablissant Emmanuel Macron, on favorisait Marine Le Pen. Personne n’a vu que les voix de Macron allaient au RN. Personne ne semble s’être demandé ce qu’il y avait après Macron. Or il y a Marine qui pas plus que Macron, ne peut jurer qu’elle est capable de réunir une majorité absolue. Il n’est pas impossible qu’une fois élue présidente, elle n’ait d’autre choix que de prendre un Premier ministre qui viendrait de Renaissance ou de Horizons. On peut s’attendre à tout, mais une victoire de Marine ouvrirait une phase extrêmement pénible de la Cinquième République. J’ai souvent pensé que, pour que l’électorat se détorune enfin du RN, il faut qu’il en fasse l’expérience au pouvoir et en soit enfin guéri.

Une bombe électorale.

Le pire, c’est que les partis continuent à dire quelques énormités, un peu comme s’ils n’avaient pas compris qu’une bombe électorale peut exploser en 2027. Ce sont les Républicains, dont le scrore européen se situe à 8 %, qui croient encore qu’ils vont conduire une coalition (en absorbant bien la totalité de la macronie et, poursuoi pas ? une partie de la gauche. C’est le sieur Mélenchon, ennemi numéro un des institutions, qui croit fermement à son destin présidentiel, malgré ses maigres 8 %. Nous verrons tous, en 2027, ce que nous aurons perdu, la cohésion, la réforme, le statut de puissance, la diplomatie active. Et nous ne verrons rien des bienfaits économiques et sociaux que Marine est censée nous apporter.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le RN caracole en tête

  1. Jean Vilanova dit :

    « Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. » Tirée de l’Histoire des variations des églises protestantes de Bossuet, cette citation est de notre temps. Comme de tous les autres temps d’ailleurs. C’est pourquoi, sauf accident ou déflagration mondiale d’ici là (quatre ans, c’est encore loin), Marine Le Pen n’aura même pas à prendre le pouvoir ; juste à se baisser pour le ramasser. Et j’entends déjà le choeur des artisans d’un tel désastre pousser de sa vilaine voix. Depuis des décennies, avec application, que dis-je avec acharnement, ils y auront pourtant tous oeuvré, à droite, à gauche, au centre. Depuis Mitterrand que d’aucuns osent encore qualifier de personnage romanesque alors qu’il n’était qu’une arsouille au passé trouble (là, je suis gentil), jusqu’à Chirac le menteur, le paresseux, le jouisseur, l’incompétent. Depuis Sarkozy et Hollande, pitoyables duellistes de sabres de carton, mariant, trahison de la volonté du peuple (le référendum européen), vulgarité, inconsistance, absence de vision du monde jusqu’à Macron, malheureux héritier de cet orphéon funeste. Macron certes intelligent mais tellement verbeux et qui, à quelques exceptions près, n’a pas su ou voulu s’entourer de collaborateurs à la hauteur. Jupiter sur son Olympe, heureuse solitude, blablabla ! Si l’on ajoute à cela une droite moribonde où s’agitent encore quelques marionnettistes en guenilles d’idées et une gauche déshonorée pour quelques plats de lentilles avant que d’être massacrée par un géronte furieux et odieux, il ne nous reste plus qu’à nous plonger, hagards, dans le dernier livre de Pierre-André Taguieff, « Le nouvel âge de la bêtise ». Enfin, « nouvel âge », pas tant que cela… Alors le rideau se lève pour un nouvel acte. La pièce se poursuit. Devant nous, le décor d’un Etat régalien, Education, Santé, Justice, toujours le même qui fut jadis donné en exemple au monde entier et dont il ne reste que ruines froides. Plus personne ne croît en rien. Suis-je ainsi trop pessimiste ? Le général de Gaulle était trop grand pour eux. Je garderai ma vie durant un amour profond pour l’homme, son histoire, sa pensée, son courage ainsi que pour son mensonge sublime sur « la grandeur de la France ». Grandeur , vraiment ? Y croyait-il lui-même, lui qui fut chassé par la masse informe des nains, de Giscard jusqu’aux communistes, ceux-là bien staliniens à cette époque… Alors l’Histoire suit son cours, logiquement et désormais vient le tour de Marine Le Pen dont il n’est nul besoin d’être grand clerc pour deviner qu’il conduira, ce tour, à de nouvelles calamités pour notre pauvre pays. Mais d’accord avec vous, M. Liscia, dans cette perspective absurde, puisse-t-elle se « méloniser ». Parmi l’avalanche de maux, un peut-être moindre. Et veuillez me pardonner pour ce texte certainement désespérant comme l’est le monde dans lequel nous vivons.

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