L’après-Macron

Macron à Samarcande
(Photo AFP)

Il serait prétentieux et très superficiel d’imaginer pour le président de la République en exercice jusqu’en 2027 un métier, une vocation ou un choix ferme dans la lignée de ses combats réformistes. Il en est quelques-uns, pourtant, qui ont commencé cet exercice.

L’INTÉRÊT, pour les commentateurs, est de dresser un bilan avant l’heure. Et cependant, le chef de l’État nous a déjà prouvé qu’il reste très actif pendant son second mandat, au point où on ne sait plus où il est, à Jérusalem, au  Caire ou à Astana. Ce n’est pas lui faire injure que de le dire plus à l’aise dans les grands projets que dans le remaillage forcené d’un tissu social dévasté. On sait l’ambition qui l’anime, la foi qu’il a dans un pays qu’il estime fort, l’attitude qu’il a adoptée en pilotant le navire au sein de l’Europe. Plus tard, mais sous une forme apolitique, il devrait logiquement poursuivre cette recherche haletante.

Il plie mais ne se rompt pas.

L’histoire retiendra de lui moins son caractère et sa méthode que sa manière de gérer les crises. Il a bien failli être évincé par les gilets jaunes ou la réforme des retraites. Mais il a su plier sans rompre. La cohérence de ses projets n’a pas échappé à une forme de contestation permanente qui en a modifié l’aspect. Macron aura été un survivant, un homme, par ailleurs inlassable, qui consacre du temps à inventer l’avenir et encore plus de temps à réparer ses erreurs. Objectivement, il n’a pas été gâté. Le Covid, les gilets jaunes, le recours au 49/3 ont fait de ses deux mandats une longue période de détresse et de divisions.

Une soupape.

D’aucuns répondront, non sans raison, qu’on ne demande pas à un président de se contenter de survivre. Mais il ne s’en est pas contenté. Au terme de chaque bataille, une réforme est passée et le paysage politique a énormément changé. 2017, qu’on le  croie ou pas, aura été une sorte de second 1968. Il fallait que le pays bougeât, qu’il protestât, qu’il sortît dans la rue. Cela aurait pu arriver avec n’importe quel président. Il fallait une soupape, un récipient pour tous les débordements, un appel à un supplément d’âme. Pourquoi ne pas dire la vérité et rappeler que les grands marathons oratoires auxquels Macron s’est livré au lendemain des gilets jaunes ont fini par apaiser les colères, et reconnaître en même temps que l’accalmie était très provisoire ?

Le Pen portée par l’anti-macronisme.

L’après-Macron dépendra complètement de son successeur qui, en bonne logique sondagière, devrait être Marine Le Pen ; laquelle, sans détruire les atouts de la France, s’efforcera par principe de présenter un programme différent de celui de son prédécesseur.  On reprochera à Macron, à n’en pas douter, de n’avoir pas pu empêcher l’avènement du Rassemblement national. Mais la France entière s’est coalisée pour vitupérer le moindre de ses gestes ou de ses mots, sans se soucier du fait qu’il était, contre Le Pen, le seul obstacle qu’elle ne pût franchir.

La fin du gaullisme.

Il fallait, pour éviter le désastre lepéniste, des femmes et des hommes courageux formés au macronisme dont on a ridiculisé les ambitions et les formules. On sera tellement content de son départ, puis tellement déçu par une femme incapable de se couler dans la social-démocratie !  Peut-être mon estimation est-elle présomptueuse, mais il a été le moins mauvais président depuis Charles de Gaulle. Il a tenté de s’accaparer son inspiration historique et même cosmique, sans jamais lui ressembler. Néanmoins, ceux qui se targuent d’être les descendants et les gardiens du gaullisme ne nous ont guère convaincus. Ils en sont à lui compter leurs voix comme s’ils avaient aujourd’hui la même influence qu’autrefois.

Heureusement, la macronie peut encore renaître de ses cendres et faire émerger un homme ou une femme capable de poursuivre les réformes dans un climat que l’on souhaite plus calme. Si, pour chacun d’entre nous ne comptait que l’intérêt général, nous n’aurions aucune raison de douter de nous-mêmes.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à L’après-Macron

  1. Jean Vilanova dit :

    La fin du gaullisme date de ce triste après-midi de novembre 1970 lorsque le général s’est éteint. Tous ses successeurs jusqu’à aujourd’hui ne m’évoquent qu’un sordide carnaval où se mêlent histrions, imposteurs, parjures, incultes et gouapes en cravate. Il est aisé d’associer des noms et des visages à chacun de ces qualificatifs et, en l’espèce, certains sont des cumulards ! Le gaullisme est l’incarnation d’un homme d’exception. Il est une attitude, presque une philosophie. Impossible dès lors de l’abaisser à quelque tambouille politique. A de nombreux étages en dessous quand même, Macron à un point commun avec le grand homme. Le macronisme ne lui survivra pas comme le gaullisme n’a pas survécu à Charles de Gaulle.

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