De Gaza à Paris

New York : manifestation pro-palestinienne
(Photo AFP)

Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, et  Gérard Larcher, président du Sénat convient la population à une grande marche qui aura lieu, symboliquement, dimanche entre le siège de l’Assemblée et celui du Sénat.

LE NIVEAU d’antisémitisme n’a jamais été aussi élevé depuis la Seconde Guerre mondiale, ce qui devient intolérable. L’initiative des deux présidents est donc la bienvenue. Elle participe à une prise de conscience de ce qui s’est passé le 7 octobre dernier en Israël et qui reste perçu par l’opinion publique comme un épisode de plus dans le conflit israélo-palestinien. Ce n’est pas un épisode, mais un tournant historique dans la vie d’Israël qui doit tout à la fois apporter une rétribution forte aux terroristes, changer de gouvernement, obtenir la libération des quelque 240 otages et rassurer les Israéliens sur leur sécurité, largement compromise depuis l’assaut du Hamas.

Israël n ‘a pas le choix.

L’État juif ne doit pas occuper Gaza. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, a envisagé cette hypothèse pour se faire rabrouer par les États-Unis. Tout le monde est impatient, comme le sont les Occidentaux au sujet de la guerre en Ukraine. Les deux questions, politique et militaire, marchent ensemble, mais il ne peut y avoir de retrait israélien à Gaza si le Hamas n’est pas démantelé et, surtout si les otages ne sont pas libérés au préalable. Le jeu de Netanyahu est clair. Face à ses censeurs israéliens qui réclament sa démission, il essaie de prolonger sa carrière politique en présentant des résultats militaires et humanitaires.

Abandon de souveraineté.

Mais son sort est scellé, d’autant que, pour Israël, une nouvelle stratégie géopolitique doit être trouvée et qu’est relancée durablement la solution à deux États. Il est absurde de penser que l’extrême violence du conflit contient une accélération du travail diplomatique. Les Palestiniens ne seront pas enthousiastes si on leur présente un plan de paix où ils auraient un territoire mais devront nécessairement accepter des abandons de souveraineté, par exemple, admettre de ne pas avoir d’armée et renoncer une fois pour toutes à la violence.

Souffrances palestiniennes.

Les autorités israéliennes ont diffusé auprès des journalistes une video qui raconte les horreurs commises par le Hamas. Il s’est trouvé des observateurs pour reprocher cette initiative à l’État hébreu. Mais, de même que la riposte militaire d’Israël ne s’est pas fait attendre et que le bilan humain est de plus en plus intolérable, de même Israël ne peut pas accepter que ce tournant historique soit présenté comme épisodique. Il est facile de critiquer Israël, mais lui conseiller de ne pas chercher les otages, de ne pas entrer à Gaza et de ne pas rappeler les atrocités commises par le Hamas, c’est tout simplement une façon de prendre les Israéliens pour des idiots en se contentant de dénoncer les conséquences de la guerre sur la population palestinienne, dont personne ne conteste les souffrances.

Du Bataclan à Sderot.

Cette guerre, ce n’est pas Israël qui l’a déclenchée, c’est le Hamas ; les forces de Tsahal peuvent commettre des bavures, elles ne visent jamais les civils, contrairement aux terroristes ; la prise d’otages est la saveur exquise d’un plat empoisonné ; ce n’est pas la Cisjordanie occupée qui a été attaquée, mais le territoire d’Israël dans les limites reconnues par les Nations unies.  Enfin, il ne se passe rien en Israël qui ne rappelle les attentats commis en Europe. Sderot ou le Bataclan, même combat. Les Israéliens se tuent à le répéter, il faudrait commencer à les écouter.

Appelez çà un crime.

Il est essentiel, en France, que s’unissent les forces démocratiques. Tous les partis politiques, sauf LFI, ont répondu « oui » à l’appel des deux présidents. La position inspirée par l’islamo-gauchisme est une tragédie qui inverse les principes sur lesquels notre société est organisée. LFI a déjà estimé que le Hamas est un mouvement de libération qui combat le colonialisme. Le voici qui, maintenant, veut faire bande à part pour entretenir le mensonge du siècle. Pendant que, pour un pitance honteuse (50 euros) des Moldaves ont posé des étoiles de David sur des murs parisiens (suivez mon regard jusqu’au Kremlin), nous n’avons pas pu obtenir un consensus sur le crime le plus terrifiant de ce siècle.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à De Gaza à Paris

  1. Doriel Pebin dit :

    Le problème actuel, une fois de plus hélas, est de constater une inversion des valeurs de façon répétée. G. Bronner, dans l’Express, l’illustre de manière exemplaire: ce n’est plus le « je crois ce que je vois mais je vois ce que je crois ! ». Pauvre Saint-Thomas. Il serait temps que les citoyens de notre république sortent de leur état chronique d' »adulescence » ou d' »égocène » (Cocquerel) contemporain et se souviennent qu’elle défend des valeurs humanistes universelles (Israéliens et Palestiniens inclus dans la souffrance) et non des intérêts catégoriels à visée politique (triste LFI). Merci de continuer à dénoncer cette paresse intellectuelles de nombre de nos concitoyens.

  2. Jean Vilanova dit :

    « Je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite. » Une telle énormité a été énoncée dimanche dernier sur BFM par Jordan Bardella, le jusqu’ici très en contrôle président du RN. Quant à la marche à venir contre l’antisémitisme, dans un de ses tweets récents, le géronte perdu de LFI évoque la manifestation… « de l’arc républicain du RN à la macronie de Braun-Pivet… » Comme par hasard, il cite la seule présidente de l’Assemblée nationale et non Gérard Larcher qui associe le Sénat à cette démarche. On comprend pourquoi. Entre tellement de points communs, les extrêmes ont celui de ne jamais nous surprendre. Ils sont abjects.

  3. Alan dit :

    Merci infiniment pour votre article, M. Liscia, ça console un peu.

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