Des otages introuvables

Manifestation pour la libération des otages
(Photo AFP)

Il est inquiétant que, malgré la progression des forces israéliennes au cœur de Gaza et des contacts discrets avec le Qatar, seulement quatre otages sur 240 aient été libérés.

LES PESSIMISTES les croient morts, les optimistes estiment qu’ils vont bien et attendent l’arrivée de leurs libérateurs. Il y a plus d’un mois qu’ils sont aux mains du Hamas et le poursuite du conflit soulève la question de leur sort dans la violence des combats. On n’apprend pas que des centaines de kilomètres de tunnel ont été obturés ou détruits sans se demander s’il n’y avait pas des otages dans ces caches. Le gouvernement israélien a la patience que n’ont pas ses ressortissants, soumis à un régime précaire et de constants bombardements. Un peu comme si sa revanche avait plus d’importance que le sort de ses concitoyens.

Le seul espoir.

La libération des otages ou, au contraire, leur disparition , déterminera le cours des événements politiques pour l’après-guerre. Benjamin Netanyahu est le seul responsable de la prise d’otages et leur mort alourdirait le contentieux qu’il a avec le peuple israélien. Il espère retrouver les otages mais, comme le temps passe, il risque de se retrouver dans une double impasse, militaire et humanitaire. Le seul espoir, c’est la diplomatie. Il y a autant de suivis de l’affaire qu’il y a de ressortissants étrangers parmi les détenus du Hamas.

Humanitaire à deux vitesses.

Il est également étonnant que le Hamas ne libère pas ses prisonniers, ce qui rendrait crédible l’exigence d’un cessez-le-feu. Il a été réclamé à plusieurs reprises et par plusieurs parties concernées, mais Israël a refusé en excipant de raisons humanitaires : libérez les otages, et on retiendra l’idée d’un cessez-le-feu. On navigue entre deux extrêmes, le pire, l’exécution de ses prisonniers par le Hamas avant qu’il ne déguerpisse et le meilleur, une libération suivie d’un cessz-le-feu. Dans tous les cas, on aura une évaluation sceptique du rôle joué par des organisations comme la Croix-Rouge et par Amnesty International, incapables qu’elles sont de dire que le Hamas est une organisation terroriste mais qui n’ont pas hésité à accoler le mot génocide aux actions israéliennes.

Une Shoah tous les 80 ans.

Nihil novi sub sole. Depuis des siècles, tout a été fait pour décrire le peuple juif comme marqué par une ou plusieurs tares et qui est puni par les sociétés où il vit pour les crimes qu’il aurait commis. Des siècles que l’on s’en prend à lui quand il est bafoué, battu, assassiné, au lieu de punir ses agresseurs. Cet état d’esprit, constamment nourri par de nouvelles crises, ne cesse de croître et devenir, en quelque sorte, l’instrument qui déterminera l’attitude des non-juifs à l’égard des juifs. La Shoah a été l’occasion, pour le monde, d’une effroyable prise de conscience. Mais on ne peut pas faire une Shoah tous les 80 ans, un peu comme on ferait une injection de rappel, pour réveiller les consciences.

Il est impératif que le Hamas libère ses prisonniers. Il est vrai que, dans leur attente désespérée, les familles finissent par voir le Hamas comme une organisation alliée qui aurait au moins le mérite d’avoir gardé les otages en vie. Quand tout s’effondre, on se raccroche aux branches.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.