Une marche réussie

Paris, hier
(Photo AFP)

Ce n’était pas un soulèvement populaire, mas une série de défilés rassemblant juifs et  non-juifs, 182000 en ajoutant quelques grandes villes à la capitale. Interrogés, les manifestants sont tous convenus qu’ils voulaient protéger les institutions républicaines et empêcher « l’importation en France du conflit israélo-palestinien ».

LANCÉ PAR les présidents de la Chambre et du Sénat, le projet a résisté en vain à la décision de LFI de ne pas y participer et à la volonté de Marine Le Pen d’en être. Il était aussi stupide de refouler les manifestatnts du Rassemblement national que de supplier la France insoumise, arc-boutée sur son analyse, selon  laquelle le Hamas n’est pas un  mouvement terroriste mais d’émancipation. En tout cas, pour la première fois les juifs d’Israël et de France ne se sont pas sentis seuls. Le défilé s’est déroulé à Paris dans un ordre parfait et quand les premiers manifestants sont arrivés à destination, les derniers prenaient le départ aux Invalides.

L’absence de Macron.

On le dit fréquemment, l’antisémitisme n’est pas le problème des juifs mais celui des antisémites. Façon de dire que les juifs ne savent jamais de quoi ils seront victimes la prochaine fois. Une bonne thérapie consisterait à bavarder avec un antisémite pour le guérir de ses fantasmes, tâche interminable et fastidieuse s’il en est. Bref, l’affaire aura été très politique : pourquoi le RN y assistait-il et pourquoi LFI n’y était pas?

Des civils, boucliers humains.

Mais le débat le plus lancinant aura été l’abence du président de la République, trop occupé ans doute à obtenir un cessez-le-feu de Netanyahu, qui s’est mis en colère. Des pauses humanitaires, oui, un cessez-le-feu, non. Ce n’est pourtant pas difficile de se mettre dans la peau des Israéliens. Nous aussi avons connu le terrorisme. Nous aussi sommes émus par le sort des Palestiniens. Mais il faut en finir avec la propagande de Hamas.  Il a fait un bouclier humain des civils. Il se sert des hôpitaux pour stocker des armes et lancer des roquettes.

Le sort des otages.

On ne cesse pas de demander à Netanyahu son projet politique. Il est aisé de vous donner la réponse : récupérer les otages et quitter Gaza, non sans avoir privé Hmas de tous ses moyens militaires.  Le Premier ministre israélien affirme qu’il contribue à une négociation pour obtenir la libération d’une partie des otages. Il n’est pas impossible non plus que Macron participe à cet effort diplomatique, ce qui expliquerait son refus de se rendre au défilé.

Vengeance, oui.

Nous souhaiterions tous nous réveiller demain et assister à une paix durable. Mais le Hamas a déclenché une guerre si dure qu’il va falloir du temps pour trouver des accords. On a sous-estimé (mais on s’est racheté hier) le traumatisme subi par les Israéliens. Les termes diplomatiques expriment une « réaction disproportionnée » quand il ne s’agit pas de crimes de guerre. Et il est établi que Tsahal est allée à Gaza pour venger Israël. Venger ? Quel mot immonde ! Que n’ont-ils, les Israéliens, tendu l’autre joue et expié leurs propres crimes coloniaux ? Bref, on a fait de la vengeance le mot cardinal de la discussion.

Si c’était en France…

Le 7 octobre, a eu lieu un pogrom qui correspond à un tournant historique. L’affaire dépasse, et de loin, l’épisode d’une guerre jamais vraiment interrompue entre le Hamas et Israël. Mais si en France, un attentat avait fait 2 300 morts, il y aurait eu un consensus pour éliminer les agresseurs. On ne parlerait ni de vengeance, ni de projet politique ni de considérations humanitaires. Le peuple exigerait l’extermination des terroristes. De la même manière, s’il est normal qu’à terme Benjamin Netanyahu démissionne et qu’enfin Israël soit dirigé par une coalition du centre et de la gauche, il sera temps de parler d’une négociation sur le fond, la répartition des territoires et la création d’un État palestinien. Il faut forcer la main des Israéliens, mais ne vous faites pas d’illusions : les Palestieniens seront encore plus durs à persuader.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Une marche réussie

  1. Jean Vilanova dit :

    La marche civique parisienne, par son ampleur et son déroulement marque un sursaut. Et les cortèges dans d’autres grandes villes de France ont été tout aussi dignes. Pour autant, même si 180000 manifestants, c’est bien, j’espérais plus de monde encore. Nous étions quatre millions en 2015 après les attentats, Charlie, l’Hyper Casher et le meurtre de la jeune policière à Montrouge. Et puis j’ai trouvé le cortège par trop homogène. Nos compatriotes musulmans auraient dû se déplacer en plus grand nombre. Il n’était pas question du conflit à Gaza mais de marquer le rejet de l’antisémitisme dans notre pays. Un des maux parmi les pires qui nous concerne tous en tant qu’humains. Pour le reste, j’ai profondément regretté l’absence de M. Macron. Président, François Mitterrand que je n’appréciais guère avait manifesté après la profanation du cimetière de Carpentras en 1990. Et François Hollande fit de même après les attentats de janvier 2015. Ils étaient à leur place. Alors pourquoi cette absence ? Relève-t-elle de sa pensée pour le moins confuse à propos du conflit à Gaza, pensée qui lui fait dire une chose un jour et une autre, différente, le lendemain ce qui fait que finalement il se met tout le monde à dos ? Et, je tiens à le préciser, une pensée qui, à ce titre n’a rien, mais vraiment rien de gaullien, contrairement à ce qu’a affirmé le ministre des Armées dans les médias. Quant à l’approbation du géronte perdu à propos d’une telle absence du président, mieux vaut se taire car cela ne grandit ni l’un ni l’autre… Ce même géronte qui, fidèle à lui-même n’a évidemment pu se retenir (l’âge sans doute) de salir une fois encore cette belle marche, civique et populaire. Les pensées avilies sont tellement prévisibles !

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