Pourquoi la guerre dure

À Tel-Aviv, une manifestation pour la libération des otages
(Photo AFP)

Je dois d’emblée aux lecteurs une explication : la publication régulière de ce blog a été brutalement interrompue pendant cinq jours par une panne d’ordinateur dont je ne suis venu à bout que grâce à l’aide de mes proches. Je vous demande donc la plus grande indulgence. Premier constat : la guerre de Gaza a fort peu évolué pendant mon absence.

IL EST courant de dire qu’Israël est en train de gagner la guerre militairement mais qu’il a perdu celle de la communication. Ce jugement est prématuré, comme beaucoup d’autres. C’est justement parce qu’elle n’a pas atteint tous ses objectifs que Tsahal doit continuer à combattre. Un consensus mondial, attisé par les ennemis d’Israël, lui octroie la responsabilité exclusive de la tragédie qui se poursuit, sans se référer à ce qui a déclenché le conflit : l’assaut du Hamas le 7 octobre dernier et la prise de quelque 240 otages, dont quatre seulement ont été libérés. Pendant que des voix s’élèvent partout dans le monde pour exiger un châtiment contre Israël, la nécessité, pour l’État juif, de remporter une victoire décisive contre le Hamas rappelle à ses détracteurs que c’est une question de survie.

Diffamation.

De ce point de vue, la position du président de la République, qui réclame un cessez-le-feu immédiat, alors que des otages français ne sont pas toujours libérés, peut surprendre. Pratiquement, les Occidentaux se sont rangés dans le camp de la raison et de la prudence, sans tenir compte de la nature irréductible de l’ennemi. En France, le débat entre ceux qui veulent punir Israël et ceux qui continuent à le défendre est très animé. Pour ma part, je note une chronique dans « le Point » de Sylvain Tesson, qui refuse de s’associer à la curée. Subtilement, il s’interroge sur les attaques contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui servent de prétexte à la diffamation d’Israël.

Le comble de l’hypocrisie.

Il ne s’agit pas ici d’exonérer l’État hébreu de ses erreurs ou de ses fautes. L’expression « dommages collatéraux » est ignoble parce qu’elle atténue la perte de vies humaines. Il n’empêche que le Hamas, qui se niche dans la population, est le principal responsable du destin tragique du peuple palestinien, lequel sert de bouclier humain aux terroristes, trop heureux de pouvoir, tous les jours, gonfler les listes des victimes innocentes. Le comble de l’hypocrisie est atteint par Vladimir Poutine, le boucher de l’Ukraine, qui n’a jamais éprouvé autant de compassion pour les Palestiniens dont il parle les larmes aux yeux, exactement de la même manière que nous quand nous apprenons, coup sur coup, que deux otages israéliennes ont été assassinées.

Un pays en danger.

La description d’un Israël dominateur et sûr de lui (confer De Gaulle) n’est pas appropriée.  Israël joue son va-tout dans une région où il n’est entouré que par des ennemis potentiels, y compris ceux qui ont signé des traités avec lui, mais font les moutons de Panurge en rejoignant le chœur des indignés.  Le consensus anti-israélien prépare autre chose  qu’un procès spectaculaire. Il ouvre la voie vers la disparition de l’État juif. Quoi ? Israël rayé de la carte ? C’est une crainte légitime, à la fois à cause de la haine qu’il inspire et des erreurs qu’il commet.

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à Pourquoi la guerre dure

  1. Nicard dit :

    Vous écrivez souvent  » État juif « . Je suis choqué par cette appellation. Il serait correct d’écrire  » État israélien » . Cet adjectif a une consonance raciste. La judéité est appartenir à une religion et non à une ethnie. Ce propos donne raison aux racistes. Ce sont les antisémites qui parlent de race juive. Les nazis disaient que l’on est juif si on a un ancêtre juif jusqu’à la quatrième ascendance. Quoi qu’en dise la tradition, qui affirme que l’on est juif si sa mère est juive, la judéité n’est pas héréditaire et imposée. Ce n’est qu’un fait culturel.

    Réponse
    État juif ou État hébreu, ces deux appellations sont extrêmement fréquentes et je m’étonne donc de votre réaction.Il n’y a aucune consonance raciste dans l’expression. Quant à vous indigner au sujet de ma sémantique « raciste », vous franchissez une ligne indéfendable. Et je n’ai aucun besoin d’un cours sur le fait d’être juif.
    R. L.
    .

    • Nicard dit :

      Loin de moi la prétention de donner une leçon à M. Liscia dont je lis les chroniques avec plaisir et intérêt depuis une quarantaine d’années. Ayant dans peu de temps presque un siècle de vie, je vous laisse imaginer ce qu’ont pu être ma vie et mes souffrances du fait de l’antisémitisme lors de la Deuxième guerre mondiale.
      Je voulais simplement éviter la confusion fréquente que l’on fait entre religion et communautarisme.

      Réponse
      Je vous comprends d’autant mieux que, né à l’aube du nazisme, je le retrouve aujourd’hui au soir de ma vie. J’ai décidé de le continuer à le combattre, même si ma voix n’est pas largement entendue.
      R. L.

  2. Alan dit :

    Etat juif, hébreu ou israélien, il n’y a aucun problème. Je ne comprends pas non plus qu’on puisse être choqué de cela, et encore moins parler de racisme.
    C’est le seul État juif au monde, juif au sens de peuple. Quant à la définition de la judéité, il y a de nombreux livres écrits à ce sujet. Je recommande à M. Nicard La conscience juive, de Jankélévitch, entre autres.
    Quant à moi, je remercie vivement M. Liscia de ses éditoriaux, et en particulier de tous ceux qui concernent Israël et l’antisémitisme, c’est une véritable consolation par les temps qui courent.

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