La frustration des maires


David Lisnard au meilleur de sa forme
(Photo AFP)

Le cent-cinquième Congrès des maires de France est ouvert depuis ce matin à Paris sous la présidence de David Lisnard, maire LR de Cannes, qui brigue un deuxième mandat. Dix mille élus se sont donc retrouvés pour se plaindre de ce que, malgré leur immense popularité, ils soient le lieu géométrique de tous les abus et de toutes les violences. 

BIEN qu’ils soient dotés d’une incontestable autorité grâce à la proximité avec leurs électeurs, les maires de France sont contestés, parfois menacés, souvent frappés pour diverses raisons liées à la montée de la violence dans la société française et au besoin des administrés de trouver un bouc émissaire. Le comportement des gilets jaunes n’est pas étranger à l’agressivité des attitudes, de même que les intercommunalités, qui ont pour effet de réduire le respect que les maires inspiraient naguère.

« Vous êtes flic ? »

Les exemples de violence anti-maire sont nombreux : pour une question de tapage nocturne ou de vol dans un magasin, on appelle le maire, qui n’est pas un policier. Un maire, récemment, qui tançait un ivrogne sur la voie publique, a répondu à la question : « Vous êtes flic ? » et, comme il disait qu’il était maire, il a été tabassé.  Une flambée de violence causée par la mort d’un jeune homme a valu l’incendie de sa maison à un maire. Des centaines d’édiles ont démissionné, et le Congrès fera la somme des difficultés qui ont déclenché le mécontentement général.

Absence de Macron.

Emmanuel Macron a décidé de ne pas se rendre au Congrès, ce qui augmente le désarroi des maires, convaincus que son absence sera comprise comme une preuve d’indifférence de la magistrature suprême à l’égard de leur travail. C’est d’autant plus regrettable que, lors des manifestations de gilets jaunes, les grandes réunions organisées par l’Élysée autour du président de la République ont été beaucoup plus prisées par les maires que par le public en général.

Le maire, c’est le tissu social.

Le maire, aujourd’hui, marche sur une corde raide. Il est aimé par ses électeurs mais blâmé et méprisé par les spécialistes du désordre. Il sait qu’il ne mérite pas d’être ainsi brimé, et il cherche des soutiens institutionnels qui le mettraient à l’abri des violences. Il est vrai que dans le domaine de la décentralisation, le chef de l’État a beaucoup donné et que crises et guerres dans le monde retiennent davantage son attention. Mais le maire, c’est le tissu social. S’il ne va pas bien, c’est sa commune qui en souffrira.

Évitons de croire à des solutions miracles, du genre mettre des policiers partout. C’est impossible. La seule chose qui soit utile, c’est l’amélioration du financement des communes. Autre cercle vicieux : le déficit budgétaire et le montant de la dette publique ne favorisent guère les largesses.

RICHARD LISCIA

 

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2 réponses à La frustration des maires

  1. Jean Vilanova dit :

    Après sa scandaleuse absence lors de la récente marche contre l’antisémitisme, absence dont on dit qu’elle lui aurait été suggérée par un personnage louche, repris de justice faisant apparemment partie de ses « visiteurs du soir », M. Macron aggrave encore son cas en snobant – c’est le mot juste – le Congrès des maires de France dont nombre d’entre ces derniers est plongé dans le désarroi, les menaces et les violences. Cet homme à la pensée molle exerce-t-il encore la fonction suprême ou se contente-t-il de l’occuper ?

    • Atassi Dumont dit :

      Quelle est la relation entre la manifestation « contre l’antisémitisme » et l’absence de Macron au congrès des maires ?
      Vous semblez faire un amalgame.
      Par ailleurs cette manifestation était en réalité un soutien à Israël et à ses actions militaires actuelles.

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