Accord sur les otages

De la farine pour les civils palestiniens
(Photo AFP)

Le Hamas annonce un accord avec Israël sur la libération d’une quarantaine d’otages en échange de quelques centaines de détenus palestiniens. Le gouvernement israélien ne dit mot, mais Joe Biden, président des États-Unis, confirme l’existence de l’accord. 

L’ÉCHANGE de prisonniers aurait lieu à la faveur d’une pause dans la bataille de Gaza. Il montrerait que la libération des otages demeure l’objectif principal de l’État hébreu. L’application  de cette mesure entraînerait une forme de détente, avec un cessez-le-feu très provisoire et le rappel de la nécessité de trouver une solution politique. Les réactions seront variées. Les Israéliens seront soulagés mais poursuivront leur campagne pour la libération de tous les otages. Les « durs » du gouvernement à Jérusalem exigeront que la campagne se termine par une victoire de leur pays.

Un mélange de guerre et de diplomatie.

On n’en est pas là. S’il semble que l’apurement du contentieux Israël-Hamas peut être liquidé, la présence de Benjamin Netanyahu à son poste de Premier ministre deviendra de plus en plus fragile. Il est trop tôt pour ce genre de spéculations, mais il paraît clair que les instruments de la guerre et de la diplomatie sont étroitement mêlés. Le Hamas a bien sûr intérêt à présenter comme une victoire la libération de détenus palestiniens. En revanche, M. Netanyahu ne pourrait se prévaloir d’aucune avancée majeure, étant entendu que, pour les familles israéliennes, ce qui compte, c’est le rapatriement de tous les otages.

Un Hamas sauvage mais politique.

Il est temps d’admettre que la sauvagerie du Hamas repose aussi son rôle politique. Il a remis sur la scène politique mondiale le sort des Palestiniens de Cisjordanie, il a infligé à l’État juif des dommages de nature historique et il sait que, pour Israël, rien ne sera plus comme avant. Cependant, le Hamas ne sortira pas de l’affrontement sans dommages considérables. Le conflit lui a coûté très cher, la défiance des Palestiniens commence à croître, de sorte qu’il aura œuvré à son insu à la remise en scène de Mahmoud Abbas et du Fatah. Les relations entre Hamas et Fatah sont mauvaises depuis au moins deux décennies et des affrontements entre les deux groupes se sont soldés par la mort de nombreux combattants palestiniens. Or le projet qui fait consensus, c’est une entité Cisjordanie-Gaza dirigé par Mahmoud Abbas après des élections.

Le Hezbollah neutralisé.

En dehors d’une violence exceptionnelle et d’un nombre très élevé de victimes, la géopolitique a fortement évolué : Israël, l’Iran, les États musulmans s’inscrivent dans un rapport de forces qui non seulement peut déclencher un nouveau conflit mais risque d’aller, du côté iranien, à la menace du recours à l’arme atomique. Des systèmes militaires ont été en place par les États-Unis pour contrecarrer l’agitation en Iran et au Yémen, de sorte que, pour le moment, le Hezbollah libanais, qui prend ses ordres à Téhéran, est neutralisé.

L’effacement du droit.

2023 a modifié les rapports de force, renforcé les régimes autoritaires et les dictatures et plus rien ne se produit dans le monde qui ne résulte d’une guerre ou d’une bataille. Laboratoire de l’avenir immédiat, Israël se défend contre l’adversité en s’inspirant du cynisme et de l’indifférence de ses ennemis ou adversaires. Nous sommes tous prévenus : nous avons affaire, depuis l’invasion de l’Ukraine, inséparable de la guerre de Gaza, à un effacement complet du droit international. De ce point de vue, il n’est pas logique de ne blâmer qu’Israël, État qui se voit contraint et forcé de s’adapter à un contexte particulièrement violent.

RICHARD LISCIA

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