Immigration : loi sur mesures

Olivier Marleix
(Photo AFP)

Le gouvernement ne risque pas d’encourir une motion de censure au sujet du projet de loi sur l’immigration. Il y a une majorité pour l’adopter, grâce au Sénat et à la brusque adhésion, dimanche dernier, de 17 députés les Républicains.

DANS LE CHAOS international, la grâce semble enfin avoir touché les élus français, prêts au consensus sur l’immigration. L’exécutif cache son enthousiasme, tant l’équilibre trouvé avec la droite est fragile. Mais les chiffres sont rassurants. D’abord le Sénat a adopté un texte qui ne s’écarte pas trop de son contenu initial. Ensuite la prise de position de 17 députés LR ruine tout projet de motion de censure. Il faut 58 voix pour en déposer une. LR dispose de 62 suffrages, moins les 17 qui souhaitent voter le texte adopté par le Sénat. Des écologistes et des socialistes voteront pour également.

Un échec pour Marleix.

Le gouvernement ne peut que se réjouir face à une situation qui s’est améliorée spontanément et sans qu’il eût recours à l’article 49/3 de la Constitution. Non seulement le travail des deux Chambres a ramené le calme à l’Assemblée, mais le spectre d’une nouvelle bronca s’éloigne. C’est en outre un échec pour le chef des députés LR à l’Assemblée, Olivier Marleix, qui s’était engagé à faire en sorte que le projet de loi ne passe pas et qui, d’un seul coup, est privé des moyens habituellement utilisés par l’opposition.

Un parti divisé. 

La déchirure au sein de LR s’élargit. Le parti va divisé vers les européennes. M. Marleix espérait en faire le fer de lance  contre la politique de Macron, il n’en est rien. Il n’est pas suivi par les élus LR qui veulent rester dans une mouvance susceptible d’empêcher Marine Le Pen  de faire des scores très élevés aux prochains rendez-vous électoraux. Le bilan de LR est sinistre et présage des résultats plus qu’insuffisants aux européennes et, plus tard, à la présidentielle.

Une coalition est possible.

En tout cas, une stratégie (dire toujours non pour humilier l’exécutif) n’a pas fonctionné. Il dépend de LR  qu’il s’engage dans une voie constructive telle qu’elle est exigée par ses électeurs ou au contraire qu’il continue à pourfendre Emmanuel Macron, ce qui contribue à réduire les effectifs de la droite dite classique. M. Marleix est convaincu que ses postures véhémentes sont applaudies par l’électorat. Le fait est pourtant que les électeurs de LR sont de plus en plus nombreux à voter pour le Rassemblement national. Le tableau du rapport de forces entre les partis politiques est présenté comme une fatalité. Ce n’est pas vrai : il est encore possible de renverser la tendance et de créer une coalition des droites et du centre qui meublera les dernières années du macronisme.

Détricotage ?

Toutefois, le risque existe que, sous pression de l’aile gauche de Renaissance, incarnée par Sacha Houlié, la majorité décide de détricoter les changements apportés par le Sénat afin de revenir au texte tel qu’il a été proposé par le gouvernement. L’intérêt de l’exécutif et celui de l’Élysée ne sont pas identiques. Ce qui fait craindre un retour à la case zéro, avec une nouvelle crise parlementaire et l’indispensable mais honni 49/3. On n’en est pas là. Pour M. Houlié, LR n’a pas d’autre ambition que d’imprimer ses idées dans un texte très important qui constitue la première préoccupation des Français.  Il n’y aura de loi sur l’immigration que si elle correspond à un compromis, qu’on se le dise clairement. Et au terme de l’examen de la loi par l’Assemblée et par le Sénat, on pourra compter les « busybodies et les crybabies », c’est-à-dire ceux qui préfèrent se plaindre au lieu de construire.

RICHARD LISCIA

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