Hommage à Richard Liscia – Disparition d’un journaliste de haut vol

Richard Liscia

Richard Liscia par Sébastien Toubon
(Photo AFP)

Richard Liscia est décédé le 18 janvier dernier, entouré des siens, annonce sa famille. Celui qui fut directeur de la rédaction du Quotidien du Médecin a été emporté à 89 ans par un emphysème pulmonaire lié au tabagisme. Il aura consacré la majeure partie de son parcours à ce journal : depuis septembre 1987, à la tête de notre rédaction, puis à partir de 2007 et jusqu’au début de cette année en tant que chroniqueur d’un blog qu’il animait sur notre site internet.

Toute la rédaction lui rend hommage, à travers les mots de celui qui fut
son collègue, Christian Delahaye, ancien rédacteur en chef adjoint.

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Attal à Matignon

Gabriel Attal au poivoir
(Photo AFP)

Au terme de 24 heures d’incertitudes, Gabriel Attal a été nommé Premier ministre. C’est, comme le souligne avec fierté l’Élysée, « le plus jeune chef du gouvernement (34 ans) dans l’histoire de la Cinquième République ».

ON NE VOIT PAS pourquoi l’âge du capitaine serait son atout majeur. Pour n’importe quel chef,  la jeunesse est une carte. M. Attal a déjà démontré qu’il  savait mettre un terme à une polémique nationale en interdisant purement et simplement l’abaya à l’école. On dirait que c’est un fait d’armes si les exploits ne se raréfiaient pas.  Gabriel Attal apparaît donc comme un bébé-Macron qui a au moins appris une chose, à savoir qu’on applique un principe et qu’on continue son chemin. C’est utile sinon glorieux et de toute évidence, cela plaît à l’opinion qui a vite fait de récuser les états d’âme de la classe politique.

Les jeunots de la République.

Le choix de Gabriel Attal n’a de signification que s’il permet d’affaiblir Marine Le Pen dans sa marche triomphale vers les élections européennes.  D’un côté, on s’est demandé pourquoi Emmanuel Macron hésitait, de l’autre on voit bien que ce qui compte, c’est de reprendre au Rassemblement national une partie de son électorat. Du coup, voilà que la presse dresse un ring et y présentent les jeunots de la République, Attal et Jordan Bardella qui n’a pas trente ans ! De sorte que toute l’entreprise prend son sens complet. Bien sûr, on ne donne pas des coups de ciseaux dans l’histoire sans broyer des âmes. Mais personne n’a jamais cru que Macron  est privé de cynisme.

Une discrétion absolue.

Ce qui lui a permis de « limoger » Elisabeth Borne tout en louant ses qualités. Mais il est apparaît que le chef de l’État veut préserver les chances du macronisme. Comme si Mme Borne n’avait pas exécuté sa politique à la lettre, comme si elle n’était pas partie avec toute la discrétion requise, comme si elle allait convoquer les journalistes pour dire les sentiments que lui inspirait une collaboration qui lui laisse, à n’en pas douter, un mauvais goût dans la bouche.

Nouvelles têtes.

L’autre inquiétude, c’est la manière cavalière dont Emmanuel Macron continue à faire de la politique. Il n’y avait rien de plus urgent que de placer à l’Éducation nationale un ministre à poigne, voilà qu’une tâche est encore plus urgente, celle d’accorder au nouveau Premier ministre la baguette du chef d’orchestre. On saura dans la journée qui succède à Attal à l’Éducation. Et il y aura de nouvelles têtes au gouvernement. Mais toute cette séquence politique n’est inspirée que par les élections européennes.

Le chef de l’État ne dormira jusqu’au prochain combat électoral que d’une seule oreille et d’un seul œil. Il aime tant ces moments où l’on ne sait s’il s’agit de tout perdre ou de ramasser la mise, et s’il y a encore un peu d’énergie à ramasser dans ses viscères.  La politique fait peur tant la ligne est brouillée entre le triomphe et l’échec.

RICHARD LISCIA

PS-Je dois au lecteur une explication : il y a un mois, j’ai fait deux chutes et j’ai été hospitalisé. Ce qui a entraîné une disparition du blog. Le voici qui est de nouveau publié, pour autant que vous vous y intéresserez.

 

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Macron et la laïcité

Macron est un laïc
(Photo AFP)

Le président de la République a décidé de recevoir une délégation de dignitaires juifs à l’occasion de la fête de Hanukkah. On le critique, comme d’habitude, parce qu’il aurait, de ce fait, favorisé une religion plutôt qu’une autre. Polémique absurde.

LA LAÏCITÉ n’est rien d’autre que la neutralité de l’État à l’égard de toutes les religions. La meilleure façon d’en comprendre le sens ne consiste pas à vitupérer les religions, mais à les respecter. Il est vrai que le temps politique a apporté de terribles convulsions au Proche-Orient. C’est donc le moment de montrer que, en France, il n’est pas question de tourner le dos à une tradition ou à un rite. De toute façon, Hanukkah est une fête gaie, pas un sinistre repli sur soi. C’est la partie la plus conviviale du « peuple dominateur et sûr de lui ».

Notre-Dame : un incendie qui a concerné tout le monde.

Souvenez-vous : quand Notre-Dame de Paris a failli succomber aux flammes, le désarroi a atteint toutes les communautés et pas seulement la catholique. Les gens, quelle que fût leur allégeance religieuse, déploraient un désastre qu’ils considéraient comme national, ce qui explique d’ailleurs l’émoi des nantis et leur subite charité. Ils ont contribué à la reconstruction de la cathédrale et personne ne s’est soucié de la religion des bâtisseurs.

Ferrailler constamment.

Bien sûr, c’est la bataille de Gaza qui explique le regain d’antisémitisme auquel on voudrait associer le président qui est tout ce qu’on voudra, mais n’est pas antisémite. Le chef de l’État est suffisamment occupé pour ne pas avoir à ferrailler contre ses censeurs. Il devrait y avoir, à l’entrée de l’Élysée, un panneau exigeant des critiques qu’ils aillent se faire voir ailleurs.

Une crise politique.

Je ne doute pas un instant que l’entrevue de la délégation juive apportera aux visiteurs un peu de sérénité. Parce que tout juif du monde a cent raisons de s’inquiéter du sort d’Israël et de celui de la diaspora. Israël est en train de gagner la guerre contre le Hamas mais à quel prix pour son image ? Combien de morts palestiniens ? Qu’en est-il des otages dont la Croix-Rouge ne se préoccupe guère, tout engagée qu’elle est dans la défense des civils palestiniens ?

Un question d’identité.

Trop souvent, on confond la religion avec l’identité. Pour la plupart des juifs, l’essentiel n’est pas de faire des prières, mais de se sentir juifs, donc quelque peu différents de ceux qui ne le sont pas. Un sentiment capable de donner lieu à des conversions pour échapper à un danger lié à l’antisémitisme ou au contraire à ressentir cette différence comme une force particulière. Les juifs ne sont ni plus malins ni plus efficaces que les non-juifs. Mais accablés par les persécutions depuis 3 000 ans, ils travaillent plus, afin de se donner les moyens de leur protection au sein de sociétés qui leur deviennent hostiles, parfois sans crier gare.

Le pays les protégera.

L’ironie du sort, c’est que président de la République voudrait bien rassurer la communauté juive de France, mais  les événements au Proche-Orient sont d’une telle violence que les sujets juifs sont en réalité terriblement menacés.  Cependant, dans un moment de désarroi, les juifs acceptent n’importe quelle forme de sympathie, un sourire ou un mot de connivence. Ils peuvent compter sur un pouvoir politique qui leur est totalement acquis. Ils sont plutôt inquiets, mais ils ont toutes les raisons de croire que la France les protègera en toute circonstance, et même si Marine Le Pen est élue en 2027.

RICHARD LISCIA

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Trump : le comeback

Biden : vieux mais calme
(Photo AFP)

Dans moins d’un an, les Américains choisiront un nouveau président et le monde entier participera à ce rituel électoral. Le président sortant, Joe Biden, a un bilan positif, il n’en est pas moins menacé par son rival traditionnel, Donald Trump.

LE BILAN économique et social de Joe Biden est relativement impressionnant, mais les électeurs sont inquiets de son âge (déjà 81 ans et donc  82 ans en novembre prochain). Mais un tel critère devrait valoir pour tout le monde : Trump n’a que trois ans de moins que Biden ! De son côté, la vice-présidente, Kamala Harris, n’a pas démérité mais elle n’a pas non plus embrasé les foules. La sagesse recommande de reconduire le couple pour quatre ans de plus, mais il n’y a pas d’électorat sage. Il n’y a pas non plus de wonder boy susceptible de chambouler la campagne chez les démocrates.

La performance de Mme Haley.

En revanche, il existe une challenger de Trump, l’ancienne diplomate Nikki Haley, certes très conservatrice, mais peu soucieuse d’épargner Trump. Toutefois, pour le moment, il la devance largement et elle ne semble pas en mesure de le rattraper. On peut dire qu’aucun des candidats en vue n’est parfait : Biden est vieux, Trump a des démêlés avec la justice, Nikki Haley n’a pas la carrière nécessaire. Pour les partenaires des États-Unis, le choix est simple : il est celui de la continuité, donc du statu quo qui permettrait à l’Ukraine et à Israël de compter sur le soutien américain.

Vote juif.

Mais l’année qui vient modifiera forcément la donne : l’Ukraine aura perdu ou gagné son émancipation, Israël aura ou non détruit le Hamas et se sera engagé ou non dans une négociation en faveur d’un État palestinien. Jamais peut-être un épisode électoral américain n’aura autant dépendu de ce qui se passe dans le reste du monde. En plus, les desseins ne sont pas toujours clairs : Trump, par exemple,  « lâcherait » l’Ukraine mais sûrement pas Israël dont le destin a toujours été lié à l’électorat juif américain, qui vote démocrate à 70 %.

Nous sommes tous concernés.

La politique étrangère a rarement influencé les décisions des électeurs américains, mais l’an prochain, les questions israélienne et ukrainienne vont peser sur le suffrage. On ne peut pas dire que le simplisme de Donald Trump l’aiderait à trouver une ligne de conduite dans la confusion et le chaos au Proche-Orient, alors que Biden traite lui-même les deux dossiers et que Nikki Haley a des connaissances respectables. On a toujours dit que le monde devrait voter dans élections américaines, parce que le sort du monde dépend un peu ou beaucoup des décisions américaines, mais cela n’a jamais été plus vrai qu’aujourd’hui.

La peau de Trump.

À défaut de voter, on a le droit d’espérer et la passion soulevée par ce rendez-vous électoral est à la mesure des enjeux exceptionnels qu’il recouvre. Mais attention : les États-Unis sont une démocratie forte qui a eu raison des affabulations, mensonges faux et usages de faux qui caractérisent Trump.  S’il reste aussi populaire, c’est parce que la liberté de vote est sacrée et qu’on a le droit de voter pour le moins attractif des candidats. Je crois déceler la perspective que la justice finira pas avoir la peau de Trump avant novembre 2024.

RICHARD LISCIA

 

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L’oracle et la journaliste

Mélenchon : stratégie suicidaire
(Photo AFP)

Jean-Luc Mélenchon a attaqué si vivement Ruth El Krief, éditorialiste à LCI, que le gouvernement a accordé une protection policière à la journaliste.

ON PEUT réagir de deux manières : soit on admet que Jean-Luc Mélenchon ne changera pas et qu’il domine les médias, soit on se dresse contre lui en toute circonstance au nom de la liberté d’expression. Mme El Krief a eu un entretien sur LCI avec Manuel Bompard, coordinateur de LFI. La façon dont elle a mené l’interview a provoqué une des ces énormes colères que Mélenchon fait au moins une fois par semaine, sans doute parce que les questions posées par la journaliste avaient mis M. Bompard dans l’embarras. Le saint oracle de LFI a traité Mme El Krief de « manipulatrice » et de « fanatique ». Les téléspectateurs qui connaissent bien Ruth El Krief auront été étonnés du portrait que le chef de file de l’extrême gauche dresse d’une journaliste qui, à l’occasion du scandale voulu par Mélenchon, a reçu le soutien de ses confrères.

Soutien national à Ruth El Krief.

Ruth El Krief rappelle qu’elle est née au Maroc et qu’elle a été éduquée dans un monde rassemblant cultures et religions. Ce n’est tout de même pas sa faute si LFI a refusé de considérer l’attaque du 7 octobre comme un acte de terrorisme. Ni si la France insoumise reconnait dans le Hamas un authentique mouvement de libération. La polémique prenant de l’ampleur dimanche et lundi, c’est un soutien populaire et gouvernemental que Mme El Krief a obtenu. Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin estime que Mélenchon a « placé une cible dans le dos » de Mme El Krief : Éric Ciotti (LR) considère Mélenchon comme un « sombre et vulgaire lanceur de fatwas ».

Des mots au crime.

On ne prendra pas à la légère une disposition qui va bouleverser la vie quotidienne de la journaliste. Il est peut-être temps de légiférer sur des excès de langage qui se traduisent par des crimes dont il est aisé de suivre la litanie dans la presse. On a certes compris que, loin de bouillir de colère, Mélenchon tente de rafler le vote musulman en France. C’est d’abord supposer que les Français musulmans votent tous par antisémitisme, ce qui n’est pas sûr. Et ceux d’entre eux qui ont compris la basse stratégie de LFI devraient être furieux de ce qu’on puisse croire qu’il est tellement facile de les manipuler.

Bilan négatif.

Le bilan de ce nouvel épisode de la bataille donquichottesque de Mélenchon est entièrement négatif. Il l’est parce que la liberté d’expression vient de rendre un coup sévère ; il l’est parce qu’il met en danger une innocente ; il l’est parce que la stratégie électorale de Jean-Luc Mélenchon a touché le fond : son attitude à l’égard d’Israël a achevé la Nupes, grand mais vain espoir d’union de la gauche. À mettre chaque jour le pays en tension comme il le fait, il a lassé plus d’un de ses anciens fans. Il y a chez lui un côté suicidaire : il a créé la Nupes (Nouvelle union politique, écologique et sociale), c’est lui qui l’a détruite. Il a probablement  enterré les espoirs de la gauche pour les élections européennes et pour la présidentielle de 2027. On ne peut pas s’approcher de lui sans s’en méfier.

RICHARD LISCIA

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La France et Israël

Macron et Netanyahu à Jérusalem
(Photo AFP)

Un différend plutôt grave oppose, depuis quelques semaines, les gouvernements français et israélien. L’État juif, trêve ou pas trêve, veut éradiquer le Hamas ; la France, elle, veut un échange exhaustif de prisonniers et d’otages à la faveur d’une prolongation illimitée de la trêve.

LE SOUCI d’épargner des vies de civils palestiniens habite la diplomatie française tandis que, pour Israël, ce qui compte, c’est l’élimination définitive du Hamas, laquelle, affirme Macron, pourrait prendre dix ans. D’où le président de la République sort-il ce chiffre ? Il semble bien que le Hamas a souffert et souffre encore des bombardements, même s’il demeure capable de balancer des centaines de roquettes sur le sol israélien. Ce n’est pas Israël qui a rompu la trêve, c’est le Hamas. Autrement dit, c’est la première fois que l’on demande à un pays  de ne pas riposter à une invasion et de capituler avant la fin des combats. Il n’y a pas d’option idéale : trop de civils palestiniens meurent, mais 75 jeunes soldats israéliens ont déjà péri dans des combats dont nul ne peut dire quand ils seront terminés.

Frictions franco-israéliennes.

Bien sûr, la friction entre Macron et Netanyahu est accompagnée de quelques murmures ignobles : M. Macron ferait de l’humanitaire pendant que M. Netanyahu sacrifierait les otages. Il n’en est rien et personne ne peut dire quelle est la meilleure méthode, forte ou faible, pour persuader le Hamas de rendre les otages et  pour nous faire le plaisir de disparaitre dans les sables du désert.

Lassitude.

Il demeure que le président s’identifie à une tendance qui s’est déjà manifestée en Europe : la lassitude. Elle est apparue récemment en Ukraine, mais pas au détriment de Volodymyr Zelensky. Après le sursaut du 7 octobre, qui a valu à Israël le soutien des deux tiers de la planète, les représailles à Gaza ont déplu à l’opinion mondiale, notamment informée par la propagande du monde arabo-musulman. C’est très précisément ce que craint le chef de l’État : que les pays du Golfe prennent leurs distances avec la France. Après tout, Macron est le premier garant de la bonne santé commerciale de notre pays.

La dérive de Villepin.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le différend franco-israélien tombe mal. Les bombardements contre le Hamas ont ranimé la flamme jamais éteinte de l’antisémitisme mondial. Le 7 octobre dernier nous a permis de découvrir que l’antisémitisme n’était pas limité à l’extrême droite et à la France insoumise. Et voilà que le monde entier a déjà oublié le pogrom atroce auquel le Hamas s’est livré et pense qu’Israël tue des civils palestiniens pour son plaisir ! Dans ce contexte, les subites volte-faces des ténors de la politique aggravent le cas d’Israël, comme l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui juge sévèrement l’État hébreu sans rappeler qu’il dirige un cabinet spécialisé dans le lobbying auprès des pays arabes.

Le droit de se défendre.

Je propose que chacun d’entre nous s’en tienne à ce qu’il a toujours dit car, dans tout ce qui concerne Israël, tout manquement de la part de ses partenaires habituels constitue une trahison. Pour ma part, je me suis prononcé depuis quelques décennies en faveur de la création d’un État palestinien, avec Jérusalem-Est pour capitale. Ce n’est pas parce qu’il existe des extrémistes en Israël qu’il faut condamner ce pays globalement et sans nuances. Avant de juger qui que ce soit, balayons devant notre porte : que fait Israël que la France n’ait pas fait à plus grande échelle ? Et ce n’est pas parce que la France éternelle a enfin trouvé la sérénité en renonçant au colonialisme et à la guerre qu’Israël, confronté à des attaques d’une violence inouïe, doit copier le comportement de notre pays.

Netanyahu devra partir.

Enfin, on voit dans la gestuelle des grands du monde occidental un fort agacement causé par Benjamin Netanyahu. N’en venons pas à nous ingérer dans les affaires intérieures d’Israël. M. Netanyahu devra partir tôt ou tard. Sa carrière est terminée. Un nouveau gouvernement de coalition tracera le chemin de la paix grâce à des négociations pour créer un État palestinien. Le Premier ministre actuel est totalement hostile à cette éventualité, mais cela n’a plus aucune importance. Il est responsable de ce qui s’est produit le 7 octobre, responsable de ce que l’on ait redécouvert la solution à deux États et responsable de la fin de sa propre carrière.

RICHARD LISCIA

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La trêve est terminée

Fuir les combats
(Photo AFP)

Le Hamas a reçu sans fléchir toutes les pressions pour prolonger la trêve, que d’aucuns voulaient transformer en cessez-le-feu.  Déjà, l’attentat qui a fait deux morts et plusieurs blessés hier matin à Jérusalem était de mauvais augure. Il a brisé la dynamique de la paix.

ISRAËL n’a pas d’autre choix que de reprendre les bombardements, qui font rage depuis ce matin. La rupture de la trêve est d’autant plus prématurée qu’il y a encore quelque 150 otages et plus à libérer. Il manque aussi la volonté du gouvernement israélien de procéder à un échange complet de détenus. Il est vrai qu’une fois libérés, les prisonniers palestiniens s’engageraient aussitôt dans la bataille contre Israël. Il faut faire une offre au Hamas pour qu’il sorte du cycle où il s’est installé.

La méthode Hamas.

La recherche d’une solution négociée au problème palestinien se fait, plus que jamais, cruellement sentir.  Elle est de facto retardée. Le Hamas, en effet, fait exactement ce qu’il veut : il accepte, puis rompt une trêve ; il annonce son retour dans les combats en lançant un attentat à Jérusalem contre des civils israéliens qui attendaient le bus ; il confirme sa cruauté et que sa politique repose exclusivement sur la violence ; ses soutiens, du Qatar à l’Iran, le soutiennent activement ou préfèrent ignorer ses actions délétères. Il se livre à un spectacle superficiel en feignant d’avoir, pour ses victimes, mortes ou vivantes, la plus grande considération.

Personne n’influence le Hamas.

Israël doit s’en tenir à la ligne qu’il a adoptée dès le 7 octobre : chacun des attentats, chacune des provocations du Hamas doivent être traités par l’intolérance. Aucun processus politique, par exemple sur la création d’un État palestinien, ne peut être engagé sans l’élimination préalable du Hamas. Ce qui est sûr, c’est que les terroristes ont peur de la reprise des combats. Le temps ne joue pas pour eux, ils risquent de disparaître tous avant de dresser leur bilan abject. On n’a cessé de tenter d’évaluer l’influence du Qatar, des États-Unis ou de l’Iran. Le Hamas s’en moque, c’est un électron libre avec une durée de vie courte et cela lui semble normal puisqu’il croit à une seconde vie au paradis.

Des initiatives plus efficaces. 

Le Hamas est-il approuvé ou détesté par les Gazaouis ? Personne ne se fiera aux résultats des sondages faits sur place, même s’ils semblent indiquer que les Palestiniens prennent leurs distances avec le Hamas. Il faudra du temps pour retourner à la diplomatie. Il faut d’abord anéantir le Hamas, donner des responsabilités au Fatah (Cisjordanie), négocier, sans doute avec un autre gouvernement israélien, la création d’un État palestinien. La tâche semble se situer en dehors de toutes les compétences connues, mais la souffrance vécue par tous les civils, juifs et palestiniens, servira de tremplin à des initiatives diplomatiques plus audacieuses que celles qui ont cours en ce moment.

RICHARD LISCIA

 

 

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Dupont-Moretti relaxé

Dupond-Moretti les yeux au ciel
(Photo AFP)

Le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti, a été relaxé par la Cour de Justice de la République (CJR). Il y était jugé pour « prise illégale d’intérêts ».

POUR le garde des sceaux, pour la majorité et pour l’exécutif, la relaxe de M. Dupond-Moretti est un soulagement. S’il avait été condamné, il aurait fallu procéder à un remaniement ministériel alors que le ministre en exercice est embarqué dans une réforme et a obtenu pour son ministère un financement abondant. La CJR est composé de magistrats et d’élus et on voit mal pourquoi il n’y aurait pas de frictions entre les uns et les autres quand il s’agit de trancher entre la magistrature et le suffrage universel.

Une justice indulgente.

La CJR a été très critiquée, elle l’est encore plus depuis hier. Son action ne convient à personne parce que ses membres sont soupçonnés, à tort ou à raison, d’être proches de ceux qu’ils jugent. On a proposé de supprimer la CJR, Macron s’y est engagé sans l’avoir jamais fait. Elle a de beaux jours devant elle, mais elle se contente d’une justice indulgente: l’institution n’a jamais condamné un suspect autrement qu’avec le sursis.

Une vague suspicion.

Cependant, si la CJR sort toutes ses griffes, elle sera en mesure de déstabiliser le gouvernement. Cela en ferait une cellule inspirée par la Terreur à la façon de Robespierre. Cela dit, Éric Dupond-Moretti, l’homme qui terrorisait ls prétoires, est devenu tout doux. « Je veux tourner la page », a-t-il affirmé hier, comme s’il avait senti passer le vent du boulet. Il y aura toujours une vague suspicion de la population à propos d’une CJR qui, quoi qu’elle décide, ne satisfait vraiment personne.

L’affaire Dussopt.

Le gouvernement a passé ce cap et il en aura d’autres à franchir. La prochaine affaire est celle d’Olivier Dussopt, actuel ministre du Travail et ancien maire d’Annecy, accusé de favoritisme. L’affaire remonte à 2009 et il a fallu 14 ans pour que le tribunal correctionnel de Paris oblige le maire devenu ministre à comparaître. Les débats sont terminés, le verdict sera rendu plus tard. On peut s’interroger sur une démarche judiciaire qui a pris un temps aussi long, se demander s’il n’y a pas prescription et si cette guérilla interminable entre juges et citoyens a encore une signification.

Un tribunal pour les corrompus.

Il ressort de tout cela que, si nous sommes tous égaux devant la justice, elle omet trop souvent d’examiner le contexte du procès. Il n’est pas dit qu’un scandale ou une polémique représentent un désordre voulu par ceux qui souhaitent contourner la loi. La justice française doit être plus accessible et écouter les vecteurs de l’opinion (presse et médias).  Certes, la corruption étant partout, il faut bien avoir une institution pour juger ceux qui en profitent. Les juges doivent participer à la réforme. Sinon, ils en seront les victimes.

RICHARD LISCIA

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Le piège du cessez-le-feu

Otages israéliens libérés hier soir
(Photo AFP)

La trêve à Gaza a été prolongée et, de toutes parts, fusent des appels à de nouvelles prolongations. Israël doit  donc résoudre un dilemme : soit il reprend les combats, soit il les arrête sine die.

DEPUIS le déclenchement du conflit, le 7 octobre dernier, la tentation est grande, pour le gouvernement israélien, d’obtenir du Hamas le plus grand nombre de libérations, sinon toutes. La rançon, c’est la capacité offerte au Hamas de reconstruire ses forces dans la perspective d’une nouvelle guerre. La pression en faveur d’un cessez-le-feu ne vient pas seulement de l’allié américain, elle vient aussi des familles des victimes.

Maltraitance.

Les otages n’ont pas été bien traités par leurs geôliers. Ils ont été soumis, notamment les enfants, à une torture psychique, mal nourris, contraints de voir les horribles video de l’enlèvement massif, considérés avec mépris. La libération des hommes, puis des soldats, prendra des semaines de trêve, car d’autres factions palestiniennes en détiennent. Plus on s’informe sur ce qui s’est passé depuis le 7 octobre, plus on constate que les otages ont vécu un enfer, notamment les enfants, terrorisés, perdus et pour lesquels la détention n’a pas duré quelques semaines mais plus d’un an.

Deux tâches contradictoires.

Le gouvernement a promis non seulement de libérer les quelque 240 otages, mais de détruire le Hamas. Pour le moment, les deux tâches sont contradictoires. Poursuivre la libération, c’est renforcer le Hamas. Y mettre un terme, c’est trahir la promesse faite aux familles. Joe Biden, Emmanuel Macron, les pays arabo-musulmans sont unanimes à réclamer un processus qui, dans leur conception, doit aboutir à un accord de paix. Ils se situent sur un plan plus politique qu’humanitaire, la compassion pour les civils palestiniens, qui, pourtant, n’ont pas manqué de frapper les otages à mesure qu’ils arrivaient à Gaza, avec une perspective de règlement global.

Le Hamas gagnerait des élections.

Cela pourrait s’appeler mettre la charrue devant les bœufs. Israël a déjà payé un prix très lourd avec les exactions indescriptibles du Hamas et du Djihad islamique. Il ne peut ni oublier les otages ni renoncer à terminer sa riposte. Il en est ainsi pour une raison simple : tout se sait dans l’État juif et les dirigeants ne peuvent agir que dans un totale transparence. Du point de vue des hommes de bonne volonté, la perspective se limite à la création d’un État palestinien, avec Jérusalem-Est comme capitale. Les mêmes croient qu’il est possible de ranimer Mahmoud Abbas, de tenir des élections et de créer un État. Malheureusement, c’est le Hamas qui est le plus populaire et qui emporterait des élections.

Biden embarrassé.

L’alternative est de continuer à bombarder des victimes innocentes, ce qui ruine l’image d’Israël dans le monde. On notera d’ailleurs que les chiffres du nombre de victimes palestiniennes gonflés par le Hamas ne sont désormais plus sourcés et sont présentés comme une réalité indiscutable. Mais, même si en vérité le nombre des victimes est moitié moindre, c’est trop et ce sera toujours trop. Ce qui explique la réaction de Biden, contraint de présenter, à un an des élections présidentielles, un programme de gauche.  On revient sur la présence de Netanyahu au pouvoir, mais il n’existe aucune friction au sein du gouvernement israélien sur la question du cessez-le-feu. Même l’opposition israélienne n’y est pas favorable.

Plat périmé.

Il s’agit, de fait, d’une question de timing. Même une paix fragile ne saurait être conclue pendant une guerre. Simplement, en durant plusieurs semaines, le processus de libération peut conduire à un apaisement qui serait alors présenté comme un cheminement amorcé vers la paix et la création d’un État palestinien au côté d’Israël. La vengeance est un plat qui se mange froid sauf si, avec le temps, le mets n’est plus comestible.

RICHARD LISCIA

 

 

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Immigration : loi sur mesures

Olivier Marleix
(Photo AFP)

Le gouvernement ne risque pas d’encourir une motion de censure au sujet du projet de loi sur l’immigration. Il y a une majorité pour l’adopter, grâce au Sénat et à la brusque adhésion, dimanche dernier, de 17 députés les Républicains.

DANS LE CHAOS international, la grâce semble enfin avoir touché les élus français, prêts au consensus sur l’immigration. L’exécutif cache son enthousiasme, tant l’équilibre trouvé avec la droite est fragile. Mais les chiffres sont rassurants. D’abord le Sénat a adopté un texte qui ne s’écarte pas trop de son contenu initial. Ensuite la prise de position de 17 députés LR ruine tout projet de motion de censure. Il faut 58 voix pour en déposer une. LR dispose de 62 suffrages, moins les 17 qui souhaitent voter le texte adopté par le Sénat. Des écologistes et des socialistes voteront pour également.

Un échec pour Marleix.

Le gouvernement ne peut que se réjouir face à une situation qui s’est améliorée spontanément et sans qu’il eût recours à l’article 49/3 de la Constitution. Non seulement le travail des deux Chambres a ramené le calme à l’Assemblée, mais le spectre d’une nouvelle bronca s’éloigne. C’est en outre un échec pour le chef des députés LR à l’Assemblée, Olivier Marleix, qui s’était engagé à faire en sorte que le projet de loi ne passe pas et qui, d’un seul coup, est privé des moyens habituellement utilisés par l’opposition.

Un parti divisé. 

La déchirure au sein de LR s’élargit. Le parti va divisé vers les européennes. M. Marleix espérait en faire le fer de lance  contre la politique de Macron, il n’en est rien. Il n’est pas suivi par les élus LR qui veulent rester dans une mouvance susceptible d’empêcher Marine Le Pen  de faire des scores très élevés aux prochains rendez-vous électoraux. Le bilan de LR est sinistre et présage des résultats plus qu’insuffisants aux européennes et, plus tard, à la présidentielle.

Une coalition est possible.

En tout cas, une stratégie (dire toujours non pour humilier l’exécutif) n’a pas fonctionné. Il dépend de LR  qu’il s’engage dans une voie constructive telle qu’elle est exigée par ses électeurs ou au contraire qu’il continue à pourfendre Emmanuel Macron, ce qui contribue à réduire les effectifs de la droite dite classique. M. Marleix est convaincu que ses postures véhémentes sont applaudies par l’électorat. Le fait est pourtant que les électeurs de LR sont de plus en plus nombreux à voter pour le Rassemblement national. Le tableau du rapport de forces entre les partis politiques est présenté comme une fatalité. Ce n’est pas vrai : il est encore possible de renverser la tendance et de créer une coalition des droites et du centre qui meublera les dernières années du macronisme.

Détricotage ?

Toutefois, le risque existe que, sous pression de l’aile gauche de Renaissance, incarnée par Sacha Houlié, la majorité décide de détricoter les changements apportés par le Sénat afin de revenir au texte tel qu’il a été proposé par le gouvernement. L’intérêt de l’exécutif et celui de l’Élysée ne sont pas identiques. Ce qui fait craindre un retour à la case zéro, avec une nouvelle crise parlementaire et l’indispensable mais honni 49/3. On n’en est pas là. Pour M. Houlié, LR n’a pas d’autre ambition que d’imprimer ses idées dans un texte très important qui constitue la première préoccupation des Français.  Il n’y aura de loi sur l’immigration que si elle correspond à un compromis, qu’on se le dise clairement. Et au terme de l’examen de la loi par l’Assemblée et par le Sénat, on pourra compter les « busybodies et les crybabies », c’est-à-dire ceux qui préfèrent se plaindre au lieu de construire.

RICHARD LISCIA

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